" Les agissements occidentaux, jugés illégaux et immoraux par beaucoup, suscitèrent de très nombreuses réactions internationales, comme celle, particulièrement acerbe, de M. Mbeki : « Nous pensions avoir définitivement mis un terme à cinq cents ans d’esclavage, d’impérialisme, de colonialisme et de néocolonialisme. (...) Or les puissances occidentales se sont arrogé de manière unilatérale et éhontée le droit de décider de l’avenir de la Libye (5). » Ce coup de sang illustrait un sentiment d’humiliation largement partagé.
Pour nous, de toute évidence, le spectre de la guerre civile, de la partition, de la « somalisation », du terrorisme et du narcotrafic planait sur la Libye. Pourquoi étions-nous alors les seuls à le voir ? Allait-on se battre là-bas pour la défense de la démocratie, pour le contrôle du pétrole, en fonction de sordides considérations électoralistes (M. Nicolas Sarkozy était déjà en précampagne pour l’élection présidentielle de l’année suivante), ou encore pour tout cela à la fois ? N’y avait-il pas, à ce stade, d’autres voies possibles que les bombardements massifs ?
L’Union africaine en était persuadée. C’est pourquoi elle opta pour une réponse plus politique que militaire et concentra ses efforts sur l’élaboration d’une feuille de route, adoptée le 10 mars. Ce document comportait essentiellement trois points : une « cessation immédiate des hostilités » ; un dialogue en vue d’une « transition consensuelle » — c’est-à-dire excluant le maintien au pouvoir de Kadhafi — ; et l’objectif ultime : l’instauration d’un « système démocratique ». L’Occident voulait supprimer un homme ; l’Union africaine entendait changer un système ".
Source: Monde diplomatique
Pour nous, de toute évidence, le spectre de la guerre civile, de la partition, de la « somalisation », du terrorisme et du narcotrafic planait sur la Libye. Pourquoi étions-nous alors les seuls à le voir ? Allait-on se battre là-bas pour la défense de la démocratie, pour le contrôle du pétrole, en fonction de sordides considérations électoralistes (M. Nicolas Sarkozy était déjà en précampagne pour l’élection présidentielle de l’année suivante), ou encore pour tout cela à la fois ? N’y avait-il pas, à ce stade, d’autres voies possibles que les bombardements massifs ?
L’Union africaine en était persuadée. C’est pourquoi elle opta pour une réponse plus politique que militaire et concentra ses efforts sur l’élaboration d’une feuille de route, adoptée le 10 mars. Ce document comportait essentiellement trois points : une « cessation immédiate des hostilités » ; un dialogue en vue d’une « transition consensuelle » — c’est-à-dire excluant le maintien au pouvoir de Kadhafi — ; et l’objectif ultime : l’instauration d’un « système démocratique ». L’Occident voulait supprimer un homme ; l’Union africaine entendait changer un système ".
Source: Monde diplomatique
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