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Que peut faire la Russie pour enrayer la crise ?

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  • Que peut faire la Russie pour enrayer la crise ?

    Le rouble a dévissé de près de 30% en deux jours, du jamais vu depuis la crise financière de 1998. Pour enrayer la chute de sa monnaie, le pays a encore vendu des devises étrangères…mais en vain.

    La Russie emploie les grands moyens pour remettre son pays sur pied mais rien n'y fait. Ainsi, après deux jours de chute historique qui ont plongé le pays dans une crise monétaire sans précédent depuis la crise financière de 1998, le rouble peine à rebondir. Il fallait encore jusqu'à 73 roubles pour obtenir un dollar mercredi. La veille, la devise russe a atteint les seuils symboliques de 80 roubles pour un dollar et 100 roubles pour un euro. Comment le pays peut-il sortir de cette crise?

    ● Puiser dans ses réserves de changes

    Le gouvernement russe a procédé à de nouvelles ventes de devises étrangères ce mercredi. Les montants mis en jeu n'ont pas encore été dévoilés. Le ministère russe des Finances a annoncé la vente de devises étrangères pour soutenir le rouble, qu'il juge «extrêmement sous-évalué». Le but est en effet d'échanger des devises étrangères contre le rouble pour provoquer une réévaluation de la devise russe.

    Mais cette mesure n'est pas durable. La Russie a déjà eu recours à cette solution ce qui a pour conséquence d'assécher ses réserves de change: elles sont revenues de 510 milliards de dollars en début d'année à 410 milliards début décembre. «C'est un problème car les grandes entreprises russes n'ont plus accès au financement extérieur alors qu'elles ont 130 milliards de dollars de dette extérieure à rembourser d'ici fin 2015», souligne Ekaterina Molodova, économiste pour BNP Paribas.

    ● Jouer sur les taux d'intérêt

    La banque centrale russe avait relevé en début de semaine son principal taux d'intérêt de 650 points de base (pbs), à 17%, soit la hausse la plus importante depuis 1998, dans le but de stabiliser le rouble et limiter l'inflation. Mais l'effet s'est révélé dévastateur, cette intervention a même précipité la chute de la monnaie: le rouble a perdu 30% en deux jours. De nombreux économistes estiment que la spéculation explique ces mouvements.

    ● Restreindre les mouvements de capitaux

    Le gouvernement pourrait décider de limiter les mouvements de capitaux. Il pourrait ainsi fixer un seuil en-dessous duquel les Russes ne pourraient pas effectuer de retrait de change ou de liquidité par exemple. Il pourrait également plafonner les sommes convertibles en devises étrangères. Les députés russes ont proposé de leur côté de contraindre les grands groupes exportateurs à convertir en roubles la moitié de leurs revenus en devises.

    Mais pour l'heure, les autorités, le président en tête, rejettent ces solutions. De fait, si une telle mesure peut permettre d'éviter temporairement une fuite des capitaux, elle a un coût politique. Au plus fort de la crise chypriote, le pays avait temporairement fixé des plafonds en-dessous desquels les particuliers et les entrepreneurs ne pouvaient pas effectuer de virements. Une telle mesure avait également été prise en Argentine au plus fort de la crise.

    ● Faire intervenir d'autres banques centrales

    D'autres économistes ont évoqué la possibilité que la Chine vole au secours de son allié russe. La Banque centrale chinoise pourrait injecter des milliards de dollars dans l'économie russe et ainsi surprendre les spéculateurs. «La Banque centrale chinoise pourrait offrir une possibilité d'échange de monnaie en devise russe», indique encore Marnik Hinnekens, économiste pour Tullett Prebon. Mais la Chine doit déjà gérer ses propres problèmes», tempère le spécialiste.

    ● Négocier la fin des sanctions économiques

    Les problèmes rencontrés aujourd'hui par la Russie sont liés aux sanctions économiques occidentales en réponse à sa politique en Ukraine. «Les sanctions frappent le cœur de l'économie russe et le pays devient ‘ininvestissable'. De fait, les banques savent que si elles ne respectent pas les sanctions, elles encourent le risque d'écoper de lourdes amendes. Ainsi, les établissements et les contreparties ne peuvent investir dans le pays.

    Le moyen le plus simple pour la Russie de sortir de la crise est de négocier une levée des sanctions», indique Marnik Hinnekens Tullett Prebon. «La seule chose que Vladimir Poutine peut faire est de se retirer de l'Ukraine afin de stopper les sanctions financières», ajoute Anders Aslund, analyste pour l'institut Peterson. «En l'absence de réponse politique [...], tous les efforts de la banque centrale pour inverser la chute libre semblent infructueux», a commenté Inna Moufteeva, économiste chez Natixis. John Kerry, secrétaire d'Etat américain, a d'ailleurs répété qu'en cas de retrait de troupes russes de l'Ukraine, les sanctions occidentales prendront rapidement fin.

    Mais, lors d'une réunion d'urgence avec ses ministres du secteur économique, le premier ministre Dmitri Medvedev a déclaré que «le pays dispose des ressources monétaires nécessaires pour atteindre ses objectifs économiques. Il a aussi les instruments de marché indispensables pour garantir la demande correspondante». L'heure ne semble pas encore à l'apaisement.

    Mathilde Golla
    Le Figaro
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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