Je voudrais me lover entre tes bras quand l'horreur du monde étend ses
tentacules jusqu'aux rivages de mon lit
Je voudrais plonger mon visage dans le creux tendre de ton épaule quand les
loups hurlent à ma fenêtre leurs mots impitoyables
Je voudrais, je voudrais tant ce réconfort d'une histoire sans histoire
entre nos coeurs mêlés, entre nos doigts noués
Il y aurait tes yeux chargés de lumière tout près de mon visage
Il y aurait tes lèvres gonflées de baisers tout contre mon visage
Il y aurait toi, ces trois petites lettres capables de transmuer l'horreur
d'ici-bas en espoir fou, de rendre les cauchemars supportables, un peu
Nous serions comme les amants des légendes, deux êtres éternellement
disponibles l'un pour l'autre
Nous serions comme les époux à la fin des contes, armés par le bonheur pour
résister au pire
Nous serions les deux pôles d'une même sphère, le globe translucide et
insécable des philosophes d'antan
Tu aurais les mains chargées de caresses pour me dire encore et encore que
la nuit n'est pas que ténèbres
Tu aurais des paroles feutrées comme le pas silencieux des chats pour
préserver ma peau si blême de la brûlure du temps
Tu aurais ce regard qui jamais ne se voile quand sur mes joues déboulent les
larmes du désespoir
Oh, nous aurions tant à nous dire ! Tous les langages seraient nôtres,
faisceau de signes trouant le brouillard de la mort silencieuse
Nous aurions, nous serions, nous ferions tant et tant de choses que la vie
pourrait nous paraître belle et douce
Il y aurait envers et contre tout cet amour, cet irréductible amour
Mais
Tu t'enfuis
Mais tu te laisses glisser sans parole sur les pentes de mon désir et ma
voix se perd dans l'inutilité de l'attente
Tu me veux autre, plus forte, plus faible, tout autre et je ne puis
Tu me veux tienne, miroir inerte de ton âme qui se fige et je ne puis
Tu me veux dans le désir du corps sans ces élans de l'âme, sans la violence
pourpre de la vie qui pulse et je ne puis
Me veux-tu ?
Tu passes trop loin pour m'atteindre et nos voix se dissolvent dans
l'étendue sans acoustique de l'éloignement
Seul, je te vois et ta silhouette attise encore la fièvre d'une attente
nourrie seulement de demains
Seul, tu es à ma porte, tu ne souris plus et ton visage s'étire sur un
rictus devenu cruel
Seul, tu te tiens là et je reconnais dans tes yeux froids les lueurs d'une
trahison bien au-delà de la confusion des chairs
Ma voix saigne dans l'annonce du crépuscule et le chant d'un ultime espoir
ne fait qu'endeuiller d'un rouge amer la mort du jour
Ma voix s'abîme dans une solitude qui ne trouve plus d'écho
Un murmure tremble à mes lèvres saisies d'effroi
Et je me tais
Abandonnée à l'horreur rampante du monde
Livrée à des meutes hurlantes où, figée de terreur, je crois parfois
reconnaître ton visage
inconnu
stranger
tentacules jusqu'aux rivages de mon lit
Je voudrais plonger mon visage dans le creux tendre de ton épaule quand les
loups hurlent à ma fenêtre leurs mots impitoyables
Je voudrais, je voudrais tant ce réconfort d'une histoire sans histoire
entre nos coeurs mêlés, entre nos doigts noués
Il y aurait tes yeux chargés de lumière tout près de mon visage
Il y aurait tes lèvres gonflées de baisers tout contre mon visage
Il y aurait toi, ces trois petites lettres capables de transmuer l'horreur
d'ici-bas en espoir fou, de rendre les cauchemars supportables, un peu
Nous serions comme les amants des légendes, deux êtres éternellement
disponibles l'un pour l'autre
Nous serions comme les époux à la fin des contes, armés par le bonheur pour
résister au pire
Nous serions les deux pôles d'une même sphère, le globe translucide et
insécable des philosophes d'antan
Tu aurais les mains chargées de caresses pour me dire encore et encore que
la nuit n'est pas que ténèbres
Tu aurais des paroles feutrées comme le pas silencieux des chats pour
préserver ma peau si blême de la brûlure du temps
Tu aurais ce regard qui jamais ne se voile quand sur mes joues déboulent les
larmes du désespoir
Oh, nous aurions tant à nous dire ! Tous les langages seraient nôtres,
faisceau de signes trouant le brouillard de la mort silencieuse
Nous aurions, nous serions, nous ferions tant et tant de choses que la vie
pourrait nous paraître belle et douce
Il y aurait envers et contre tout cet amour, cet irréductible amour
Mais
Tu t'enfuis
Mais tu te laisses glisser sans parole sur les pentes de mon désir et ma
voix se perd dans l'inutilité de l'attente
Tu me veux autre, plus forte, plus faible, tout autre et je ne puis
Tu me veux tienne, miroir inerte de ton âme qui se fige et je ne puis
Tu me veux dans le désir du corps sans ces élans de l'âme, sans la violence
pourpre de la vie qui pulse et je ne puis
Me veux-tu ?
Tu passes trop loin pour m'atteindre et nos voix se dissolvent dans
l'étendue sans acoustique de l'éloignement
Seul, je te vois et ta silhouette attise encore la fièvre d'une attente
nourrie seulement de demains
Seul, tu es à ma porte, tu ne souris plus et ton visage s'étire sur un
rictus devenu cruel
Seul, tu te tiens là et je reconnais dans tes yeux froids les lueurs d'une
trahison bien au-delà de la confusion des chairs
Ma voix saigne dans l'annonce du crépuscule et le chant d'un ultime espoir
ne fait qu'endeuiller d'un rouge amer la mort du jour
Ma voix s'abîme dans une solitude qui ne trouve plus d'écho
Un murmure tremble à mes lèvres saisies d'effroi
Et je me tais
Abandonnée à l'horreur rampante du monde
Livrée à des meutes hurlantes où, figée de terreur, je crois parfois
reconnaître ton visage
inconnu
stranger
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