"Le Maroc et sa monarchie restent une exception dans le jeu diplomatique français. La richesse de l’axe Paris-Rabat est protéiforme : économique, diplomatique, bien sûr, mais aussi humaine, culturelle et presque familiale.
Quand il était le locataire de l’Élysée, Jacques Chirac, thuriféraire de l’amitié franco-marocaine, aimait souligner la « capillarité » des relations entre la République et le royaume chérifien. Son successeur, Nicolas Sarkozy, l’avait promis : sous son mandat, une « nouvelle ère » entre la France et l’Afrique allait commencer. Mais le Maroc et sa monarchie restent une exception dans le jeu diplomatique français. La richesse de l’axe Paris-Rabat est protéiforme : économique, diplomatique, bien sûr, mais aussi humaine, culturelle et presque familiale ".
"Au plus haut niveau de l’État, cette proximité, qui, vue d’Alger, de Madrid ou de Washington, frise la complicité, ne se dément pas. Nicolas Sarkozy et Mohammed VI entretiennent des relations privilégiées qui dépassent le cadre protocolaire. Des rendez-vous privés à Marrakech, New York où Neuilly, parfois en présence des premières dames et des enfants, jalonnent cette intimité récente, mais profonde. Loin des projecteurs de la vie parisienne, le président français a, comme son prédécesseur, succombé aux charmes du sanctuaire médiatique marocain. L’ambassade de France à Rabat (surnommée « l’agence de voyages » par un diplomate espagnol) veille aux incessants allers-retours des politiques français, qui viennent se ressourcer dans le royaume et réactiver leurs discrets mais puissants réseaux financiers et électoraux.
Histoire intime
Dominique Strauss-Kahn (qui a grandi à Agadir et qui possède un riad à Marrakech), Dominique de Villepin (né à Rabat), Éric Besson, Élisabeth Guigou (tous deux nés à Marrakech), Rachida Dati (dont le père est marocain), Ségolène Royal (dont le compagnon est né à Casablanca), François Hollande, Jean-Louis Borloo : presque tous les grands acteurs de la vie politique française ont une histoire intime avec le royaume et franchissent régulièrement le détroit de Gibraltar.
Le parti présidentiel, l’UMP, dispose d’une demi-douzaine d’antennes régionales, placées sous la direction du délégué national, Jean-Luc Martinet, un industriel natif de Casablanca, propriétaire du fonds d’investissement Aixor et qui supervise la collecte des dons. Le Parti socialiste est également solidement implanté et a mené une campagne active en 2007 pour l’élection de Ségolène Royal auprès d’une communauté française estimée officiellement à 32 000 personnes, à plus du double officieusement. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, effectue de fréquentes visites dans le royaume et entretient de solides relations avec les camarades de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).
Conséquence de ces liens personnels entre décideurs français et marocains : l’actuel ambassadeur de France, Bruno Joubert, ancien Monsieur Afrique de Nicolas Sarkozy et collaborateur de Jean-David Levitte, le sherpa diplomatique du chef de l’État, doit composer, sous la tutelle théorique du Quai d’Orsay, avec un incessant ballet de rendez-vous discrets et souvent frappés du sceau de la « visite privée ». À charge pour les services de l’ambassade de réparer les couacs que ce genre de déplacements a pu susciter (comme le saccage en 2006 d’une chambre d’un palace de Marrakech par la compagne d’un ministre…)".
Source: Jeune Afrique
Quand il était le locataire de l’Élysée, Jacques Chirac, thuriféraire de l’amitié franco-marocaine, aimait souligner la « capillarité » des relations entre la République et le royaume chérifien. Son successeur, Nicolas Sarkozy, l’avait promis : sous son mandat, une « nouvelle ère » entre la France et l’Afrique allait commencer. Mais le Maroc et sa monarchie restent une exception dans le jeu diplomatique français. La richesse de l’axe Paris-Rabat est protéiforme : économique, diplomatique, bien sûr, mais aussi humaine, culturelle et presque familiale ".
"Au plus haut niveau de l’État, cette proximité, qui, vue d’Alger, de Madrid ou de Washington, frise la complicité, ne se dément pas. Nicolas Sarkozy et Mohammed VI entretiennent des relations privilégiées qui dépassent le cadre protocolaire. Des rendez-vous privés à Marrakech, New York où Neuilly, parfois en présence des premières dames et des enfants, jalonnent cette intimité récente, mais profonde. Loin des projecteurs de la vie parisienne, le président français a, comme son prédécesseur, succombé aux charmes du sanctuaire médiatique marocain. L’ambassade de France à Rabat (surnommée « l’agence de voyages » par un diplomate espagnol) veille aux incessants allers-retours des politiques français, qui viennent se ressourcer dans le royaume et réactiver leurs discrets mais puissants réseaux financiers et électoraux.
Histoire intime
Dominique Strauss-Kahn (qui a grandi à Agadir et qui possède un riad à Marrakech), Dominique de Villepin (né à Rabat), Éric Besson, Élisabeth Guigou (tous deux nés à Marrakech), Rachida Dati (dont le père est marocain), Ségolène Royal (dont le compagnon est né à Casablanca), François Hollande, Jean-Louis Borloo : presque tous les grands acteurs de la vie politique française ont une histoire intime avec le royaume et franchissent régulièrement le détroit de Gibraltar.
Le parti présidentiel, l’UMP, dispose d’une demi-douzaine d’antennes régionales, placées sous la direction du délégué national, Jean-Luc Martinet, un industriel natif de Casablanca, propriétaire du fonds d’investissement Aixor et qui supervise la collecte des dons. Le Parti socialiste est également solidement implanté et a mené une campagne active en 2007 pour l’élection de Ségolène Royal auprès d’une communauté française estimée officiellement à 32 000 personnes, à plus du double officieusement. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, effectue de fréquentes visites dans le royaume et entretient de solides relations avec les camarades de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).
Conséquence de ces liens personnels entre décideurs français et marocains : l’actuel ambassadeur de France, Bruno Joubert, ancien Monsieur Afrique de Nicolas Sarkozy et collaborateur de Jean-David Levitte, le sherpa diplomatique du chef de l’État, doit composer, sous la tutelle théorique du Quai d’Orsay, avec un incessant ballet de rendez-vous discrets et souvent frappés du sceau de la « visite privée ». À charge pour les services de l’ambassade de réparer les couacs que ce genre de déplacements a pu susciter (comme le saccage en 2006 d’une chambre d’un palace de Marrakech par la compagne d’un ministre…)".
Source: Jeune Afrique
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