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Concernant l’individualisme

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  • Concernant l’individualisme

    par maQiavel
    lundi 5 janvier 2015

    Les discussions sur l’individualisme sont courantes, pourtant, ceux qui en débattent, souvent ne parlent pas de la même chose. Voici un article qui synthétise mon opinion sur cette question.

    Je décrirai dans cet article non pas LA Vérité comme une chose absolue mais MA vérité, celle que je perçois intuitivement en toute subjectivité, une subjectivité qui se fonde sur ma représentation de l’univers et de ses constituants.

    Certains se reconnaîtront plus ou moins dans ma description, d’autres ne s’y retrouveront pas du tout. Peu importe, nous avons tous des subjectivités différentes, il est normal que nous ayons des opinions divergentes, si j’expose ainsi mon opinion personnelle, c’est beaucoup moins pour convaincre que pour confronter ma perception à celle des autres.

    Je distingue deux types d’individualisme, l’un que je nommerai positif et l’autre que je nommerai négatif. Les mots sont des instruments que chacun est libre d’appliquer à l’usage qu’il souhaite à condition qu’il s’explique sur le sens qu’il leur donne. J’expliquerai donc le long de cet article le sens que je donne à ces deux types d’individualisme et leurs corollaires.

    Individualisme positif

    Je définirai cet individualisme comme le sentiment naturel qui porte à veiller à sa propre conservation, celle de son existence physique, de sa singularité psychique, de son identité propre.

    L’individualisme positif est un VOULOIR VIVRE.

    Il se caractérise par une éthique qui tempère l’ardeur pour son bien être par la répugnance à voir souffrir l’Autre.

    Selon le principe suivant lequel toute chose contient son contraire, parler de l’individu, c’est aussi parler de communauté. L’individualiste positif est un Être social membre d’un ensemble organique indissociable du tout qu’est la communauté.

    La communauté qui fonde et sur laquelle se fonde l’individualisme positif n’est pas une cage répressive mais un libre choix qui se base sur la reconnaissance de la différence, seule fondatrice de la réciprocité dans le cadre de la relation non marchande, ce que Marcel Mauss appelait l’anthropologie du don.

    Les individus de la communauté coopèrent sans contrainte à la réglementation de l’ensemble et sont désireux d’exister sur la base de leurs différences propre tout en étant capable de reconnaitre celle des autres.

    L’homme étant nature prenant conscience d’elle-même, il se perçoit alors comme irréductible à tout ce qui l’entoure. Cet individualisme positif correspond donc lui-même à un holisme positif, la communauté respecte le principe naturel d’unité dans la diversité.




    La conflictualité existe mais d’un coté, elle n’est pas au centre des relations sociales, elle n’est que conjoncturelle et accidentelle et de l’autre, elle est tempérée par une éthique de réciprocité que le christ a exprimée ainsi selon les évangiles :

    « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ou encore « Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur, vous aussi, de même ».

    Pour se tourner vers autrui, il faut s’aimer soi même, l’amour des Autres en découlant de façon implicite. Ce qu’affirme cet individualisme positif, c’est que tout Homme est un individu et quiconque cesse de l’être est une chose.

    L’abnégation, comprise comme le sacrifice de son individualité, doit nécessairement profiter à quelque uns, ces derniers sont alors les possesseurs de tous. Il faut que l’individu s’appartienne ou il faut qu’il tombe en la possession de quelqu’un.

    C’est ce qu’exprime Anselme Bellegarrigue dans son « Manifeste de l’anarchie » :

    « L’ abnégation , c’ est l’ esclavage , c’ est l’ avilissement , c’ est l’ abjection ,c’est le gouvernement, c’est le roi, la Tyrannie, le gouvernement, la guerre civile. L’individualisme au contraire, c’est l affranchissement, c’ est la grandeur , c’ est la noblesse , c’ est l’ homme ,c’ est la liberté , c’ est la fraternité , c’ est l’ ordre ».

    L’individualisme positif est donc l’amour de Soi et celui des Autres, l’appropriation de soi à soi même, un appel à son identité, une protestation contre toute suprématie, et l’holisme positif qui lui correspond, le pouvoir d’unification organique résidant dans le respect des diversités individuelles et la quête d’harmonie.

    L’individualisme négatif

    Il est l’héritier dépravé de l’amour de soi-même, c’est le sentiment qui porte chaque individu à faire plus cas de soi que de tout autre.

    La nature n’est plus un cosmos ordonné, mais un matériau brut dénué de sens que l’Homme envisagé hors de la totalité (car se pensant comme distinct du reste de l’univers), peut s’approprier à sa guise, tout est subordonné à sa volonté.

    L’individualisme négatif est VOLONTÉ DE PUISSANCE.




    La Puissance doit nécessairement s’exercer au profit de ceux qui l’ont au préjudice de ceux qui ne l’ont pas, il n’est pas possible de la mettre en mouvement sans nuire d’une part et favoriser de l’autre, c’est ainsi que l’individualisme négatif est ce qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement.

    La communauté fondée sur les Êtres n’existe plus, la société est vue comme un gâteau à se partager. L’espace social étant fini, l’appropriation du gâteau social porte en lui une logique de saturation, le grand partage est donc source de conflit, tous n’y ont pas la même part, certains n’ayant même aucune part.

    Les exclus du grand partage n’ont pas d’autres choix que la servitude et/ou la violence. La conflictualité est donc au centre des relations sociales, elle devient structurelle.

    Il en résulte des réactions en chaîne se manifestant en une course effrénée et une lutte pour la survie des individus contraint de s’organiser pour augmenter leur Puissance, à se disposer à la guerre de tous contre tous ne serait-ce que pour résister à l’absorption par les plus Puissants.

    Le désir ne se satisfait plus d’un bien être fini mais d’une comparaison entre sa satisfaction et celle d’autrui, ce qui lui donne un caractère insatiable : il s’agit premièrement de pourvoir au nécessaire, puis au superflu, ensuite viennent les délices, les immenses richesses, les sujets, les esclaves. Moins les besoins sont naturels et pressant, plus les passions augmentent, après de longues prospérités et avoir engloutis bien des trésors et désolé bien des hommes, notre individualiste finira par tout égorger jusqu’ à ce qu’il soit l’unique Maître de l’Univers ... tout en restant insatisfait.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

  • #2
    Concernant l’individualisme (suite)

    Inégalités VS différences

    On peut parler de différence pour des individus que l’on compare sans qu’ils aient de rapport dans notre esprit. Pour parler au sens strict d’inégalité, il faut que les rapports qu’ils ont entre eux fassent de leurs différences des avantages pour les uns et des handicaps pour les autres.

    Hors, c’est précisément à ce contexte structurel qu’amène la rivalité pour le partage du gâteau social : le statut de différences naturelles change en inégalités sociales.

    Inégalité est toujours un rapport inégal et il faut en considérer les modalités dans ce contexte structurel : la conflictualité et la servitude. Elle implique donc une relation de domination et de servitude sociale entre des individus différents : c’est la hiérarchie, que l’on peut comprendre non comme « ordre sacral » mais comme « désordre sacré ».

    En effet, les différences de force et d’ingéniosité qui existent naturellement entre les individus restent ce qu’elles sont dans un état caractérisé par sa fixité, dans un ordre sacral. C’est l’état régit par une logique expansive et cumulative, constitué de conflits, de rivalités et de changements permanents, en d’ autres termes le désordre, qui donne naissance à la pyramide hiérarchique que les hommes finissent par accepter, institutionnaliser et sacraliser.

    On peut tirer de cette inspiration une maxime d’une importance capitale, que peu prennent en compte dans les débats sur l’égalité/inégalité : il y a des différences naturelles entre individus, il n’existe d’inégalités que sociales.

    Voilà donc l’Homme assujetti à ses semblables dont il devient l’esclave même en devenant ses maîtres : Puissant, il a besoin de leurs services, il faut qu’ il cherche sans cesse à les intéresser à son sort et à leur faire trouver en effet ou en apparence leur profit à travailler pour le sien, ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres et le met dans la nécessité d’abuser tous ceux dont il a besoin quand il ne peut s’en faire craindre.

    L’ambition dévorante, l’ardeur d’élever sa Puissance moins par véritable besoin que pour se mettre au dessus des autres inspirent aux hommes un penchant à se nuire mutuellement, une jalousie d’autant plus dangereuse que pour faire son coup plus en sureté, elle prend souvent des masques pour dissimuler le désir caché de faire son profit au détriment des autres.

    Concurrence, rivalité, intérêts divergents et rapports de force : voilà la politique telle qu’elle existe.




    « Je vis ce qu’ils appellent maintenant gouverner : trafiquer et marchander le pouvoir avec la canaille ». Ainsi parlait Zarathoustra

    Ceux qui ont le plus de talent dans ce jeu sont appelés par le monde « grands hommes », ce sont ceux qui sont capables de faire venir les Puissances tierce pour les faire entrer dans la réalisation de leurs propres désirs, ceux qui sont le mieux capable d’actionner le levier du rapport d’enrôlement.




    Lorsque la Puissance d’enrôlement décrit par Lordon dans la vidéo ci-dessus est maximale, les sujets n’ont plus d’autres lois que la volonté du Maître et le Maître n’a plus d’autres règles que ses passions.

    « La plus aveugle obéissance est la seule vertu qu’il reste aux esclaves »

    « Qui ne peut se commander à lui-même doit obéir. Mais celui qui obéit ne s’entend plus lui-même ».

    De la servitude volontaire

    Voici donc l’homme devenu le meilleur animal domestique de l’homme.

    Cette description n’est pas seulement celle de la domination qui soumet la volonté de certains Hommes (les gentilles victimes) à celle d’autres Hommes (les méchants bourreaux), elle est l’histoire de leur commune soumission à un ordre des choses qui les contraint. La dynamique collective fait le reste.

    L’appétit de domination ne peut s’assouvir qu’en obtenant le consentement de ceux que l’on veut dominer. Il est très difficile de réduire à l’obéissance celui qui ne cherche point à dominer, le politique le plus adroit ne parviendrait pas à assujettir des hommes qui ne voudraient qu’être libre, mais la domination s’étend sans peine parmi les âmes ambitieuses et lâches.

    « Quiconque veut être libre ne doit pas vouloir être un conquérant »

    Ces mots que Nietzche met dans la bouche de son personnage Zarathoustra sont évocateurs :

    « Où j’ai trouvé du vivant, j’ai trouvé de la volonté de puissance. Et même dans la volonté du servant, je trouvais la volonté de devenir maître. Que ce qui est plus faible serve ce qui est plus fort, ce qui l’en persuade, c’est sa volonté d’être à son tour le maître de ce qui est plus faible encore , c’est le seul plaisir auquel il ne veuille pas renoncer ».

    Les hommes ne se laissent dominer qu’autant entraîné par une aveugle ambition et regardant plus au-dessous d’eux qu’au-dessus, la domination devient plus chère que la liberté et ils consentent à porter des fers pour pouvoir en donner à leur tour.


    Dernière modification par Gandhi, 06 janvier 2015, 10h04.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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    • #3
      Concernant l’individualisme (suite)

      Quand le faible est abject, on peut oublier sa faiblesse pour ne se souvenir que de son abjection. Or l’abjection est une chose irritante comme ce qui rampe et que l’on broie sous le pied comme on écrase un ver de terre.

      Le Maître quant à lui, porte le poids de tous ceux qui obéissent et ce poids facilement l’écrase. Il devient l’esclave de sa propre domination, le possédant est aussi le possédé.




      Il ne saurait exercer un pouvoir sans se faire des créatures auxquelles il est forcé de céder quelques parties, dont il devient dépendant et qui le forcent à accroitre indéfiniment la taille des miettes qui tombent de sa table. Il n’est que le pantin du plus haut étage de la structure de domination. Il se crée donc des créatures capables de menacer sa position, ce qui l’inquiète à un tel point qu’il tremble en permanence et vit dans la hantise de perdre sa place.

      On se retrouve ainsi avec d’un coté des Maitres sans noblesse qui tremblent de devenir des valets et des valets sans fierté qui guettent le moment de se faire maitre.

      L’homme se coupe de l’Être de l’homme et on retrouve là la théorie fondamentale de l’anarchisme qui veut que la richesse et le pouvoir nous coupe des Autres et de nous-mêmes.

      « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ».

      Mais la dépossession ne s’arrête pas là, car l’individualisme négatif donne naissance à une Puissance collective, un holisme négatif.

      Totalitarisme et uniformisation

      L’individualisme négatif a donc cassé la communauté des hommes pour reconstituer une société d’individus déliés pris dans une dynamique collective qui enferme chaque ego dans l’illusion de sa séparation avec le reste de l’univers. L’homme se place donc hors de la nature et de l’univers alors qu’il est censé en être une partie. C’est la division.

      Il se produit alors un phénomène étonnant : la communauté organique liquidée, l’in -humanisation généralisée va naitre sur ses décombres pour devenir la nouvelle unité d’artifice du monde. C’est l’inversion.

      C’est-à-dire que la disparition du lien qui unit les individus les uns aux autres dans la communauté organique laisse un vide que va venir combler la nouvelle organisation sociale hiérarchique et mécanique née de la conflictualité sociale : l’Etat.

      Ainsi l’individu est lié à l’Etat, totalité de substitution sur laquelle il est sans prise. La négation de l’individu par cet Etat omnipotent qui le resocialise avec les Autres est une conséquence de l’individualisme négatif, ce processus totalitaire est arrivé au sommet dans certains régimes au XXème siècle qui ont poussé cette logique à son paroxysme grâce aux innovations techniques.

      L’uniformisation est une des premières conséquences du pouvoir hiérarchique dans les organisations sociales : puisqu’ elles réunissent un très grand nombre d’acteurs et de paramètres, il naît la nécessité pour les oligarques de se doter d’une capacité de prédiction, ceux qui travaillent dans les chaines de commandement doivent devenir prévisibles. Le système ne fonctionne que si ceux qui y participent apprennent à devenir conforme pour qu’il soit stable, car les sociétés complexes ont des problèmes d’adaptation face à l’instabilité.

      Dans cette organisation sociale, les individus doivent se dépersonnaliser, renier leurs diversités natives pour se conformer à des normes standardisés, ils ne sont plus que des rouages d’une mécanique à laquelle ils doivent s’insérer, s’adapter s’intégrer. Les différences sont immolées sur l’autel de l’uniformisation.




      Il ne reste plus que des classes sociales inégales, chaque classe correspondant à un modèle standard et à la position hiérarchique occupée dans la gestion de l’appareil Étatique. Les individus doivent se conformer à ce modèle, la violence et la répression guettant le moment ou l’on sort des limites prescrites.

      Cependant, ce mode de gouvernement patriarcal qui a existé pendant des millénaires se voit supplanter dans les sociétés modernes par des dictatures notablement moins brutales.

      Les modernes ont compris que le contrôle par répression des attitudes non conforme est moins efficace que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisantes au moyen de récompense. C’est la société de consommation moderne.

      La terreur en tant que procédé de gouvernement rend moins bien que la manipulation non violente des pensées et des sentiments de l’individu. Hier, il fallait le fouet pour lui mettre des chaines, aujourd’hui, il court de lui-même au devant elles et se plaint amèrement lorsqu’ elles ne l’entravent pas suffisamment. Habile.

      Etat et marché renvoient à un même type de resocialisation : patriarcal et violent pour l’Etat, matriarcal et séduisant pour le marché, mais les deux s’inscrivent dans le processus de négation de l’individu et signent le retournement de l’individualisme contre l’Humain.

      Ainsi l’individualisme négatif enfermant l’Humain dans son ego mène à la dissolution de son Être, à la dépossession de lui-même.

      Le principe naturel d’unité dans la coexistence des diversités n’existe plus, l’unité se fonde à présent sur la réduction pratique de la diversité individuelle à l’uniformité dans l’intérêt de l’efficacité systémique. Le processus d’inversion est achevé, il ne reste plus qu’à le légitimer.

      Religions de la servitude, philosophies de la résignation, idéologies de l’égalitarisme et psychanalyses de l’incarcération

      La folie tyrannique s’emmitoufle de paroles de vertu servant à la justification de systèmes sociaux despotiques, insensés et inhumains.Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir. En somme un pouvoir légitime est celui qui a appris à s’appuyer sur le consentement, et à réduire en proportion l’emploi de la contrainte.

      Ainsi au cours des âges ont émergés les religions et prédicateurs de la servitude : « tout pouvoir est un dérivé de celui de Dieu sur ses créatures, nous disent-ils, analogue à celui d’un Père sur ses enfants et confirme dans l’ordre des rapports humains par l’exemple, ce pouvoir paternel par nature inégalitaire. La souffrance que vous endurez en ce bas monde au service de vos maîtres sera récompensé dans l’au-delà ». L’invention théocratique a servi de fortune à tous les clergés et des valeurs prétendument transcendantes servent et cautionnent un état de société inique. Imposture cléricale faisant du Divin l’Autre dominateur du monde.

      Viennent ensuite les philosophes de la résignation : « les Hommes sont destinés à l’obéissance, certains hommes seraient esclave en raison d’une imperfection de nature et la domination est justifiée si elle est le fait d’hommes supérieurs approchant plus que d’autre de l’excellence de la nature humaine. L’individu doit accepter l’autorité sans ressentiment et vénérer ses supérieurs ». Le dogme de la soumission, de la résignation, de la renonciation de soi a ainsi été prêché aux populations. « Nature » est le nom dont on baptise ce à quoi on suppose une légitimité, une nécessité (comme à tout hasard faire perdurer un système de domination), ce qui dispense d’en établir les fondements véritables.

      Voici à présent venu le temps des prophètes de l’égalitarisme : volonté d’égalité, tel devra être désormais la vertu au nom de laquelle les différences devront être aplanies. Et c’est en ce nom que nos sociétés sont de plus en plus hiérarchiques, les inégalités économiques que nous connaissons aujourd’hui sont les plus grandes qui n’aient jamais existé. Si les masses doivent être égales en tout, c’est qu’elles sont réduites à l’unité totalisante du marché et de l’Etat.

      « Liberté » hurle-t-on. Oui libre nous le sommes …d’être des consommateurs serviles vivant en l’adoration des galeries marchandes.


      Rebbi yerrahmek ya djamel.
      "Tu es, donc je suis"
      Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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      • #4
        Concernant l’individualisme (suite)

        Mensonge. Dès que la domination descendue de ses antiques et charlatanesques hauteur est restituée à ce qu’elle est, c.à.d. un vulgaire rapport de force, la fiction disparaît et la réalité humaine se dégage de tous les malentendus qui ont jusqu’ à ce jour engendré la lutte et les déplorables événements qui en ont été la suite.

        DIVISION, INVERSION, MENSONGE, trois ingrédients du satanisme sont réunit, puissance occulte qui attend l’humanité au berceau pour la faire dévorer l’humanité.

        Nos sociétés malgré leurs progrès sont impropres à assurer la santé mentale de l’individu et tendent à faire de lui un automate, les maladies mentales sont toujours plus fréquentes. Les Hommes s’accrochent encore à l’illusion de leur individualité alors qu’ils ont été dans une large mesure dépersonnalisés, leur existence cesse d’avoir le moindre sens.

        La généralisation d’une angoisse débouchant sur une dépression douce de moins en moins supportable est un signe de cette fuite en avant de l’homme hors de l’homme. Le quotidien n’est plus désormais que le rencontré commun des hommes coupés d’eux-mêmes.

        Enfermer le malaise dans les barbelés de la réinsertion valorisante ou chacun pourra retrouver une image positive de son être incarcéré, tel est le rôle assigné à présent à la psychanalyse, la psychologie et la psychiatrie.

        Cependant, les symptômes de mal être ne sont pas nos ennemis mais nos amis, car derrière le mal-Etre des Êtres à l’Etre perdu, il y’ a prioritairement l’Etre qui se cherche.

        Les victimes sans espoir se trouvent peut être parmi ceux qui sont les plus normaux. Ils sont normaux mais seulement par rapport à une société anormale et c’est la perfection de leur adaptation à celle-ci qui donne la mesure de leur déséquilibre.

        De la dissidence

        Voici une petite vidéo de Jean Michel Wizenne qui parle du concept de dissidence et avec laquelle je suis en phase.




        La contre domestication de l’Homme n’est point une domestication contraire mais le contraire de toute domestication. Si le terme « dissidence » avait un sens, il serait en ce qui me concerne celui là : c’est l’ermite laissant les Hommes à leurs folies préférant vivre dans une grotte à se nourrir de racines, celui qui aime la liberté et la terre fraîche et qui préfère dormir sur les peaux de bêtes plutôt que sur la dignité et la respectabilité du monde. Celui qui compte pour peu de chose l’opinion du monde sur sa personne, et qui exige des puissants qu’ils ne leur fassent pas de l’ombre.



        Celui qui est capable de suspendre sa volonté au dessus de lui, qui se surmonte continuellement et sans cesse et radicalement récuse le carcan des lois et obligations des devoirs qui dès le berceau on lui a imposé.

        Celui qui essaie les chemins par lui-même et qui par bien des chemins et de bien des manières parvient à sa Sagesse et qui sait que le pire ennemi qu’il puisse rencontrer sera toujours lui-même. Celui qui sait seule voie vers l’évolution est l’expérience réelle et profonde des choses.

        Celui qui n’attend pas la liberté comme un présent des Hommes mais qui sait qu’elle est en lui, que la liberté, c’est lui et qui veut devenir le glorieux conquérant de lui-même. Celui qui se brise lui-même pour se reconstruire, qui parcours la route vers lui-même et se perd pour mieux se retrouver.

        Celui qui oublie d’être orgueilleux, narcissique et égoïste pour rester fier, humble et altruiste.

        Celui qui prend conscience du sacré en lui, qui sait que le royaume de cieux est en lui, qui ouvre les portes de l’infini par delà les conditions de son existence individuelle et fusionne tous ses sens dans l’énergie incarnant l’unité parfaite, dans cette jouissance éternelle et sans limite, à un niveau de conscience élevé, celui de l’esprit.

        Si le terme « dissident » avait un sens, le dissident n’existerait pas, toujours futur, il serait celui qui remettrait toujours en question ses certitudes et serait perpétuellement hérétique à lui-même. La volonté de dissidence se raconterait pas, elle se vivrait, se respirerait, se rêverait, la dissidence serait une sorte d’intuition impossible à figurer verbalement.
        Rebbi yerrahmek ya djamel.
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        Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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        • #5
          Concernant l’individualisme (suite et fin)

          Solution politique ?

          L’Homme a crée son enfer sur terre, il n’aime pas ce qu’il vit mais n’imagine rien d’autre qui pourrait être vivable. Les Hommes une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s’en passer, la longue dépendance ayant imprimé aux caractères une docilité craintive.




          Cet article n’est pas une invitation à un retour vers un état regretté, l’idée d’un retour en arrière est dépourvue de sens, ce qui est fait est fait.

          La politique comprise comme la gestion de rapport de domination c.à.d. dans la forme dans laquelle elle existe concrètement, n’apportera aucune solution en termes de transformation et de transmutation de l’Humanité, on ne peut livrer combat à l’aliénation sous des formes aliénées, cela ne conduirait qu’à une recomposition mystificatrice du système.

          La politique ne doit pourtant pas être rejetée, personne de sensé ne reprocherait à un homme encerclé par des individus en ayant après sa vie de se défendre comme il peut avec les moyens dont il dispose dans les circonstances dans lesquelles il se trouve pour conserver sa vie. C’est là le rôle positif que peut jouer la politique dans notre contexte : combattre avec acharnement pour la survie.

          Car c’est justement cet acharnement qui constitue le dernier rempart derrière lequel la vie elle-même peut s’abriter.




          Cet article n’est donc pas non plus une invitation au défaitisme, il s’agirait là d’une énième prédication de la servitude et de la résignation.

          Survivre, c’est se donner la possibilité d’évaluer l’état présent et de dégager les principes d’un ordre civil légitime. Survivre c’est se donner la possibilité de penser que ce qui est peut devenir autre.




          Sources :
          « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes », Rousseau
          « Manifeste de l’anarchie », Anselme Bellegarrigue
          « Ainsi parlait Zarathoustra », Nietzche


          AgoraVox TV

          Vous pouvez voir le file de la discussion qui est tout aussi intéressant sur ce lien : http://www.agoravox.tv/actualites/so...dualisme-48282
          Dernière modification par Gandhi, 06 janvier 2015, 10h11.
          Rebbi yerrahmek ya djamel.
          "Tu es, donc je suis"
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