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Il y a 56 ans, la bataille du 6 janvier d’Aït Yahia Moussa

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  • Il y a 56 ans, la bataille du 6 janvier d’Aït Yahia Moussa

    6 Janvier 1959 - 6 Janvier 2015, cinquante-six ans jour pour jour, avait eu lieu la bataille de Bougarfène dans la région d’Aït Yahia Moussa, berceau de la glorieuse révolution algérienne où est né le colonel Krim Belkacem et de milliers d’autres martyrs qui se sont sacrifiés corps et âme pour, qu’aujourd’hui, notre pays vive pleinement sa souveraineté et son indépendance.

    D’ailleurs, au sujet de Krim Belkacem, celui qui paraphera le 19 mars les accords d’Evian qui ont mis fin à cent trente deux ans de colonisation et de domination française, il avait déjà inscrit son nom sur les listes des premiers maquisards le 25 décembre 1947, alors, qu’avec d’autres militants, il avait tenté d’assassiner le Caïd Dahmoune, un proche de sa famille, sur la RN25 entre Draâ El-Mizan et l’actuelle Aït Yahia Moussa. C’est, d’ailleurs, depuis ce premier acte de bravoure que toute la région était dans l’œil du cyclone colonial. C’est l’une des plus grandes batailles que connaîtra l’Algérie durant cette période. A l’origine, raconteront tous les moudjahidines rescapés de cette géhenne, une réunion qui devrait avoir lieu à l’ex Oued Ksari entre les responsables de la wilaya III et ceux de la wilaya IV. Une réunion, diront-ils, « décisive » pour la poursuite de la guerre, car celle-ci commençait quelque peu à souffrir durant cette période où l’ALN manquait d’hommes et d’armes. Nombreux parmi les acteurs de la révolution reconnaîtront que cette bataille était un événement de taille dans cette lutte armée. «A cette période, j’étais lieutenant de la zone 4. Le 4 Janvier, le colonel Si M’hamed et le commandant Si Ahcène Mahiouz accompagnés de plusieurs officiers de la wilaya 3 revenaient d’une réunion importante tenue à Taher dans la région de Jijel avec des responsables des wilayas 2, 4 et 6. Ils devaient alors rencontrer à la limite des deux wilayas 3 et 4 les commandants Azeddine et Omar Oussedik qui allaient partir à Tunis. Le lendemain, ils devaient rallier la maison des Krim où les attendait Krim Rabah, le frère de Krim Belkacem », nous avait raconté feu El Hadj Si Moh Nachid de son vrai nom Oudni Aomar. Selon des témoignages que nous avons eu à ce propos, c’est cet événement qui déclencha cette grande bataille car les services de renseignements français avaient eu vent de cette réunion. « Nous étions postés sur les pics des montagnes. Et on ne se connaissait pas les uns des autres. Il y avait des agents à Agouni Ahcène, à Tafoughalt, à Tachtiouine, à Tizi Guezgarène et à Iâllalen. Partout. On ne savait pas qu’une rencontre de cette taille allait se tenir à Oued Ksari. Mais, au petit matin, nous avions alors entendu les ronronnements de dizaines de camions qui arrivaient de Draâ El-Mizan. En un laps de temps, toute la région était encerclée », tel est le témoignage que nous fournira un rescapé (un civil) de cette date mémorable bataille.
    Le 6 janvier 1956
    A l’aube, les premiers accrochages commencèrent. Sur un rayon de quarante kilomètres de Draâ El-Mizan en passant par Boghni jusqu'à Maâtkas et Aït Yahia Moussa, des forces militaires étaient déployées. Pris en étau, les hauts responsables qui attendaient à l’intérieur de la maison des Krim devaient alors trouver une stratégie pour quitter les lieux. « Pendant que les combats faisaient rage, nous prenions alors un chemin de forêt et contourner ainsi la zone des opérations. Vers neuf heures du matin, nous captâmes la radio française qui annonçait la capture du capitaine Grazziani et le lieutenant Chassin. Nous étions encerclés avec bien sûr les vingt-quatre officiers jusqu’à la tombée de la nuit avant, finalement, de sortir de l’encerclement pour atteindre le village Igherviène à Boumahni. Au petit matin du 7 Janvier, nous arrivâmes à Ath Kaânane dans le Djurdjura. Loin de cette bataille, ces hauts responsables continuèrent leur réunion interrompue l’avant-veille à Aït Yahia Moussa », nous avait ajouté Si Moh Nachid quelques années peu avant sa mort. Pour plus d’informations, il faudra savoir que le sinistre capitaine Grazziani était le tortionnaire de Djamila Bouhired, de Louisette Ighil Ahriz et de beaucoup de femmes héroïnes de la guerre de libération nationale.
    Une bataille déséquilibrée
    Si du côté algérien, le nombre de moudjahidine ne dépassait pas deux bataillons (environ 600 hommes) modestement armés, du côté de la soldatesque française, il y avait 20 000 hommes fortement armés dirigés par le général Faure. Alors, la bataille fut rage et des renforts ont été alors demandés de la part des dirigeants coloniaux. Ainsi, des avions de combat, au nombre de vingt, mentionneront quelques témoins, arrivèrent en renfort. D’autres généraux, à savoir Gilles, Massu et De Camas, installés dans leur poste de commandement (PC) à Megdoul participèrent à diriger cette opération appelée « opération K16 ». Les deux officiers de l’armée capturés lors des combats furent tués à plus de deux kilomètres de la bataille.
    L’armée coloniale enragée
    C’était, nous avait raconté un autre moudjahid, à partir de cet instant que les soldats français étaient devenus féroces. « Alors, en plus d’obus, ils jetèrent du napalm même sur les maisons. Ils n’épargnèrent ni les enfants ni les vieux ni les femmes. Plusieurs civils étaient déchiquetés. D’ailleurs, on avait compté vingt-sept femmes tuées. Pour se venger, les soldats pénétrèrent dans les maisons et mirent feu aux bêtes et à toutes les denrées alimentaires des habitants du village Ighil El Vir, sis non loin de la zone de Bougarfène », avait poursuivi le même moudjahid. Les combats continuèrent au corps à corps dans les oliveraies et les maquis environnants. De part et d’autre, des corps gisaient sur le sol alors que les moudjahidine, moins équipés en armement, purent alors récupérer des armes plus sophistiqués et donner du fil à retordre à leurs adversaires. Pour les chiffres, nous disposons du nombre de 385 martyrs tombés au champ d’honneur. Pour lesquels, d’ailleurs, un carré a été bâti sur les lieux même de ces combats, aujourd’hui baptisé « carré des martyrs de la bataille du six janvier ». Quant aux pertes de l’ennemi, elles étaient plus lourdes et dépassaient le millier de soldats pour certains et trois mille pour d’autres. Ceci étant, en dépit de l’engagement de quatre généraux et de milliers de soldats secondés par des avions de combat, la foi, le sacrifice et l’amour de la patrie l’ont emporté car la liberté n’a pas de prix. Ce témoignage que nous avait légué El Hadj Si Moh Nachid est significatif à plus d’un titre. « Si Moh Ouamar de Maâtkas avait une jambe entièrement coupée et il nous appelait avec ces mots : au djihad ! Allah Ou Akbar ! Unissez-vous et continuez le combat. Il rendit l’âme et cela nous avait alors beaucoup plus stimulés », nous avait dit ce grand moudjahid. Exemple à méditer quand la Patrie se trouve menacée. Cette bataille est une école de courage et de sacrifices que les jeunes générations devront prendre en exemple.
    52 ans après l’indépendance
    On ne peut pas nier quand même que la région a bénéficié, d’une part, de développement qui ne satisfait pas tout me monde, mais les acquis sont là. Un lycée, quatre collèges d’enseignement moyen, seize écoles primaires, une polyclinique, cinq unités de soins, trois bureaux postaux et une agence postale et d’autres édifices publics. Mais, il y a lieu de renforcer notamment l’alimentation en eau potable et les réseaux d’assainissement dans certains villages, l’amélioration du réseau routier. Le défi à relever est de raccorder tous les villages au gaz naturel. Et bien ne pas oublier les jeunes, en prenant des mesures de soutien à leur encontre car ils constituent la frange majoritaire de cette population qui s’élève à plus de vingt trois mille habitants.

    Amar Ouramdane

    La Dépêche de Kabylie.
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