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Le pétrole, tueur en série des énergies renouvelables ?

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  • Le pétrole, tueur en série des énergies renouvelables ?

    Avec un Brent autour des 50 $ et un WTI autour des 47 $, les lignes de l'investissement ont sacrément bougé ces dernières semaines, et ce d'autant que personne n'avait prévu l'effondrement du pétrole.

    Les coupables, nous les avons à peu près identifiés : la hausse de la production, le ralentissement de la progression de la demande et un arbitre traditionnel -- l'Arabie Saoudite -- qui s'est mis sur le ban de touche.

    Je ne discuterai pas du mobile, tout ceci n'est pas encore très clair.

    Passons aux victimes. Là encore, le tableau semble simple. Les parapétrolières ont été dézinguées, les majors se sont pris une bonne claque et les analystes jugent compromis le diagnostic vital des juniors et des exploratrices. Mais n'y aurait-il pas d'autres victimes ? Les énergies renouvelables par exemple ?

    Car oui, pendant des années, coût du pétrole et avenir des énergies renouvelables étaient indissociables dans de nombreux discours. Face à la formidable flambée du pétrole au cours des quatre dernières décennies, et alors que le baril passait de 3 $ environ en 1973 à 140 $ en 2008, l'argument économique a été largement mis en avant pour soutenir le développement d'énergies alternatives.

    Ce n'était pas forcément la meilleure idée au monde d'ailleurs puisque, jusqu'à très récemment encore, le coût de production via des énergies renouvelables étaient bien supérieurs à celui issu du nucléaire, du charbon ou encore des centrales thermiques.

    L'argument économique a conduit à toute une série de mesures et d'aides financières au secteur du renouvelable ou aux particuliers qui se laissaient tenter par ces nouvelles sources d'énergie. Déduction fiscale, crédits d'impôts ou encore rachat d'électricité se sont donc multipliés à travers la planète jusqu'à ce que -- vous connaissez l'histoire -- la crise de 2007-2008 vienne sonner le glas pour la plupart d'entre elles.

    A cela est venu s'ajouter la crainte du Peak Oil, à savoir l'épuisement des ressources d'hydrocarbures. Là encore l'argument a fait long feu, le boom du gaz et du pétrole de schiste ouvrant de nouvelles perspectives et éloignant la menace du Peak Oil. Au passage, je signale que cette menace a été éloignée un peu trop vite, les ressources de gaz et pétrole de schiste ayant une durée de vie éphémère. Mais passons...

    Cet argument est-il valable ? Pas si sûr. Tout d'abord, seuls 5% de l'électricité produite dans le monde est directement issue du pétrole, contre 25% en 1973. Aux Etats-Unis, cette part est même inférieure à 1%. La proportion est à peu près la même en France.

    L'influence de l'effondrement des cours du pétrole sur les énergies renouvelables pourrait cependant se faire sentir de manière indirecte, et si cette faiblesse se prolonge. Le pétrole tenant une place centrale dans nos sociétés -- 30% de la production mondiale d'énergie en sont issus --, sur le long terme, la baisse du cours du baril pourrait faire baisser le coût d'autres énergies comme le gaz, l'uranium et surtout le charbon. Or le charbon reste et demeure la principale source d'électricité dans le monde, que ce soit en Chine ou aux Etats-Unis.

    D'un point de vue purement économique, je mise cependant les énergies renouvelables sur le long terme. Ces dernières années ont vu reculer leur coût de production, et la tendance va se poursuivre dans les années qui viennent, rendant le solaire et l'éolien de plus en plus compétitifs. N'oubliez pas une chose, la base des énergies renouvelables, c'est la technologie. Or celle-ci ne cesse de s'améliorer et son prix de baisser... tandis que l'extraction des hydrocarbures surexploités devient de plus en plus compliquée et coûteuse.

    Les années Dallas ne seront jamais de retour !

    La véritable raison pour laquelle je pense que les énergies renouvelables n'ont pas vraiment à trembler devant l'effondrement du baril est, qu'au cours des dernières années, une autre logique a fait son apparition en même temps qu'une prise de conscience que je n'ose qualifier d'écologique mais plutôt d'environnementale. C'est un thème que nous avons régulièrement abordé dans ces lignes et sur lequel je suis revenue il y a quelques jours en m'intéressant à la lutte contre la pollution atmosphérique dans les villes.

    Les gouvernements semblent progressivement prendre conscience des conséquences économiques, sanitaires, sociales et environnementales de la pollution ou encore des gaz à effet de serre. Le frémissement est certes léger mais il est notable. Si peu engageante qu'elle soit, la récente déclaration des Etats-Unis et de la Chine sur leurs émissions de gaz à effet en est la preuve. Alors qu'approche la conférence Climat Paris (en décembre 2015), le réchauffement climatique va être au coeur de toutes les préoccupations des médias et, on peut l'espérer du moins, des gouvernements.

    Que le pétrole redevienne pour un temps une énergie bon marché ne changera rien à cette nouvelle donne. Les habitudes et les modes de consommation ont profondément évolué depuis les années 70, cette évolution n'est pas réversible sous l'effet de la chute du cours du pétrole.

    Preuve en est la relance des investissements mondiaux dans le secteur des énergies renouvelables l'année dernière et ce après deux années de déclin. En Chine l'objectif est toujours d'atteindre les 40% de renouvelable dans le mix énergétique d'ici 2040. Une décision qui a été prise en 2011 alors que le cours du charbon -- principale source d'énergie pour l'empire du Milieu -- avait chuté de près de moitié par rapport à son niveau d'avant crise. Le développement des énergies renouvelables n'a donc plus grand-chose à voir avec le prix des énergies concurrentes.

    [...]

    Cécile Chevré
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