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REPORTAGE. In Salah : les raisons de la colère

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    REPORTAGE. In Salah : les raisons de la colère

    « Á In Salah, nous sommes interdits de développement, pourquoi serions-nous encore privés de vie ! ». Le ton ferme et le regard dur, Kacem manifeste depuis quelques jours contre l’exploitation du gaz de schiste à In Salah. « C’est tout ce j’ai à dire ! », tranche-t-il avant de s’éloigner.

    Sur la place de l’Unité, située à proximité du siège de la daïra d’In Salah, plusieurs centaines d’habitants se sont rassemblés une nouvelle fois, ce jeudi 8 janvier. Depuis plus d’une semaine, les habitants protestent contre le forage d’un puits-pilote de gaz de schiste dans leur région. Sur un camion, muni d’un haut-parleur, un jeune mobilise les manifestants. D’autres manifestants sont regroupés autour d’un thé collectif. De l’autre côté de la chaussée, les femmes préparent le déjeuner. Les rideaux de fer des magasins sont baissés. Les administrations et les écoles ont fermé leurs portes.

    « Le gaz de schiste, un danger pour tout ! »
    Ici, les habitants sont convaincus que l’exploitation, même expérimentale, du gaz de schiste constitue un danger pour eux et pour leurs enfants. « La fracturation se fait avec des produits chimiques. Ils vont polluer toute la nappe. Cela va nuire aux plantes, aux animaux et aux Hommes ! », tranche Salem, ancien ouvrier dans un champs pétrolier. Lui et ses camarades rejettent l’argument des autorités selon lequel le forage serait situé loin de la ville. « Á vol d’oiseau, il est à 25 kilomètres d’In Salah », jure notre interlocuteur.

    « Des essais nucléaires à Reggane et le gaz de schiste à In Saleh »
    Les habitants d’In Saleh disent ne pas comprendre le choix fait par le gouvernement d’aller vers l’exploitation de gaz de schiste. « Même des pays développés ont échoué à exploiter le gaz de schiste à l’image de la France », avance Abdelkader Tibari, ancien élu de l’APW de Tamanerasset. « La France a fait des essais nucléaires à Reggane et nous on veut tester le gaz de schiste à In Salah ! », s’énerve un autre manifestant avant d’ajouter : « Nous n’avons rien ici mais on dit hamdoullah. On ne veut pas de ce gaz de schiste. Pourquoi l’Algérie exploite le gaz de schiste alors que de nombreux pays ont refusé de le faire ? »

    « On a vendu le Sud pour des dollars ! »
    En début d’après-midi, quelques centaines de femmes ont rejoint la manifestation en organisant une marche vers le siège de la daïra d’In Salah. « Les femmes sont debout, elles refusent le projet », « Ya lil ar, ya lil ar (quelle honte, quelle honte), ils ont venu le Sud pour des dollars », ont-elles scandé. « Regardez, c’est la première fois que des femmes sortent dans une manifestation dans la ville. C’est important ! », s’exclame un jeune manifestant qui y voit le signe d’une mobilisation citoyenne sérieuse.

    « Absence de communication et mépris »
    Le passage furtif du ministre de l’Énergie pour l’annonce du lancement puits-pilote semble avoir provoqué d’avantage la colère des habitants. Beaucoup y voient même du mépris de la part des autorités. « Il est passé avec son équipe directement vers le lieu du forage. La télévision en a parlé par la suite », dit Messaoud, un jeune protestataire.
    Ce jeudi, Youcef Yousfi a tenté de se rattraper lors de sa rencontre avec la société civile et les élus. Peine perdue ! Au bout de trois heures de réunion sous tension, les représentants des protestataires se sont retirés de la salle de l’hôtel Tidikelt après le refus du ministre de répondre à leur principale revendication : la fermeture du puits.

    « Débat national autour du gaz de schiste »
    « Il est venu avec une idée et il voulait nous convaincre mais le rassemblement pacifique se poursuit », affirme Abdellah, l’un des représentants de la population. Après le ministre, c’est le wali de Tamanrasset qui tente de convaincre les manifestants. Il interpelle les représentants : « Je vous demande, je vous supplie (…) d’avoir le sens de la responsabilité ».
    Puis il met en garde contre les conséquences d’éventuels dérapages : « Faites attentions aux dérapages qui ne serviront personne ! Les autorités m’ont affirmé qu’il n’y aura pas d’exploitation et la proposition d’un débat national autour du gaz de schiste a été retenue ». Des mots auxquels les manifestants semblent insensibles.

    TSA
    Pensez faux, s'il vous plaît, mais pensez par vous-même. (DORIS LESSING)

  • #2
    « Á In Salah, nous sommes interdits de développement, pourquoi serions-nous encore privés de vie ! »
    Cette phrase résume, à elle seule, tout le tragique de la situation. Au delà du rejet du gaz de schiste pour des raisons évidentes, mais aussi parce qu'il évoque dans la mémoire collective la calamité de Reggane (Benbitour disait récemment à propos de cette affaire : ma y7ess beljamra ghir elli 3afess 3liha), il y a surtout l'état de sous-développement dans lequel est plongé la région, comme si ses habitants étaient des citoyens de seconde zone.


    le wali de Tamanrasset qui tente de convaincre les manifestants. Il interpelle les représentants : « Je vous demande, je vous supplie (…) d’avoir le sens de la responsabilité ».
    Un proverbe de chez moi dit : "3ad el wad ya7mel men dhilou!" (Voilà que le cours du fleuve va de l'aval vers l'amont !). Non, monsieur le wali ! La responsabilité incombe aux responsables. Et, en l'occurrence, à ceux qui ont cru intelligent de faire voter une loi sans consulter les populations concernées, ni même engager de débat sur une question aussi controversée...
    كلّ إناءٍ بما فيه يَنضَح

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