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De République à Nation

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    12 janvier 2015 | François Brousseau - François Brousseau est chroniqueur d’information internationale à Radio-Canada.



    Entre République et Nation, un peuple meurtri a défilé pour clamer l’unité de la seconde dans la défense de la première. Pour dire au monde entier — et en présence du monde entier — sa détermination à « écraser l’Infâme ».


    (Pour mémoire, ce mot célèbre de Voltaire visait explicitement, et dans l’ordre : l’intolérance, la censure, la superstition, le fanatisme — avec son pendant, la violence politique —, sans oublier la torture. Voilà qui, à trois siècles de distance, reste criant d’actualité…)


    L’Unité devant l’Infâme : telle est du moins, devant l’extraordinaire solennité de cet événement — la plus grande manifestation jamais tenue à Paris depuis la Libération de l’été 1944 —, l’interprétation qui est, qui veut être, sur toutes les lèvres ou presque.


    Le quotidien Libération, ce matin en éditorial, y croit : « Quelque chose d’inouï s’est passé dimanche dans les rues de France. Contre la violence, contre l’obscurantisme, contre la division des communautés, le pays de Voltaire et de Cabu s’est soulevé dans un immense élan civique. »


    Commentant la présence dans la capitale française d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement venus des quatre coins du monde, la compagne d’un dessinateur assassiné n’en revient pas : « Qui a réuni autant de chefs d’État autour d’un symbole ? Mandela… et Charlie ! »


    Voilà pour l’immédiat et le premier degré : le sursaut citoyen par-delà les partis, l’unité retrouvée, la compassion mondiale (y compris avec des leaders étrangers venus défiler à Paris… mais qui, pour certains, ne toléreraient pas 30 secondes un Charlie Hebdo sur leur territoire !), le succès extraordinaire et automatique d’un slogan de l’ère Twitter : « Je suis Charlie. »



    Mais les grandes envolées unanimistes — ou qui se voient telles — s’avèrent souvent décevantes, voire trompeuses. La fusion sociale est par essence fugace. Elle a aussi quelque chose de superficiel : dans l’émotion, on oublie volontiers les détails qui fâchent.


    Ce grand rassemblement compassionnel — si l’on ose dire — a mis en vedette Charlie, la police et les juifs. Charlie Hebdo et les forces de l’ordre, bras dessus, bras dessous : il faut déjà le faire ! Quant à la communauté juive de France, elle a été l’autre grande victime de cette semaine meurtrière. Dans un contexte où remonte l’antisémitisme, le premier ministre Nétanyahou — présent hier à Paris — a appelé explicitement les Français d’origine juive à émigrer en Israël.


    N’oublions pas non plus que le Front national de Marine Le Pen — malgré la visite, vendredi à l’Élysée, de Mme Le Pen — a décidé de ne pas appeler ses partisans à manifester hier dans la capitale. Sage décision, peut-être… mais l’unité de la nation, que devient-elle ?


    Et puis, dans certaines banlieues, bien des jeunes gens d’origine maghrébine ne se sont pas rendus à la grande communion nationale d’hier. S’estimant exclus et stigmatisés, nombre d’entre eux, s’ils n’ont pas de sympathie pour les terroristes, n’en trouvent pas moins hypocrite une unité nationale qui les oublie un peu. Certains persiflent : « Pourquoi on interdit Dieudonné, alors que pour Charlie la liberté doit être sans limite ? » On pêche ici en eaux troubles… mais ce sont des questions qu’on a le droit de poser.


    Un mot sur la laïcité, fantôme omniprésent dans ce drame, même si on n’en a pas assez parlé… Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire martyr, Gérard Biard, a tenu, ce week-end à la télévision, à mettre les points sur les « i » : « La laïcité, c’est la première valeur de notre République. C’est elle qui a été attaquée ici. Sans elle, liberté, égalité, fraternité ne sont plus possibles. »


    La France laïque et républicaine existe toujours. Elle s’est levée de façon remarquable hier. Un événement comme le massacre de Charlie Hebdo peut provoquer un sursaut salutaire. Mais tout au long des quatre derniers jours, de petites phrases en omissions, on a vu aussi des lignes de fracture, qui pourraient s’accentuer.


    La France en a vu d’autres. Elle est sans doute moins mal en point que ne le répètent les « déclinistes » professionnels qui pullulent dans sa presse et sa communauté littéraire. C’est aussi un pays qui procède par sauts, plus que par évolutions progressives. L’avenir proche nous dira si le terrible choc du 7 janvier aura eu davantage d’effet unificateur que d’effet dissolvant.

    .../

  • #2
    contre la division des communautés, le pays de Voltaire et de Cabu s’est soulevé dans un immense élan civique. »
    pas si sure que cette marche s inscriverait contre la divison!
    une marche controverse, car la marche pourrait intensifier les divisons entres les communautés, notament entre musulmans se sentant insultés et negligés, les autres manifestant avec ce sentiment d vengeance consommant ls fissure sociale. l avenir nous le dira! Si les lois de la république avait appelé au respect de la liberté d expresion et de respect de l autre, nous ne serions pas arrivé lá!
    Dernière modification par saaid, 12 janvier 2015, 18h19.
    بارد وسخون
    M.Alhayani

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    • #3
      « la laïcité, c’est la première valeur de notre république. C’est elle qui a été attaquée ici. Sans elle, liberté, égalité, fraternité ne sont plus possibles. »

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