REPORTAGEDans le quartier du Mirail, les fidèles sont partagés entre inquiétude et lassitude de devoir se justifier.
Un peloton de gendarmes, seize hommes au total, pistolets-mitrailleurs en mains et revêtus de gilet pare-balles sécurisent, vendredi, les deux entrées de la mosquée du Château dans le quartier du Mirail à Toulouse. Situé au pied d’une cité HLM, ce lieu de culte dirigé par l’association des musulmans de Toulouse est le plus vaste et le plus ancien de la ville. Plus d’un millier de fidèles sont rassemblés dans la salle principale et sous la tente et les tapis installés dans la cour. Des jeunes, certains en kamis noir ou blanc, des barbus au look salafiste et une majorité de quadras et de quinquagénaires en tenue de ville sont venus écouter le prêche en arabe de l’imam marocain.
A la vue des journalistes un homme apostrophe l’un des responsables : «Pourquoi les laisser rentrer ? Nous n’avons pas à nous justifier», dit-il sur un ton énervé. Alentour, il n’y a pas les embrassades habituelles des retrouvailles à la mosquée. Larbi, 51 ans, traduit à voix basse le prêche entièrement consacré à la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo. Beaucoup de jeunes n’en ont pas compris un mot.
«Chacun doit dire ce qu’il ressent»
Barbes non taillées, cheveux longs, kamis, Medhi, 21 ans, informaticien et Djamel, 23 ans, postier, disent se comporter «autant que possible» comme les compagnons du prophète. «Ceux qui ont commis ces actes sont des types perdus, des gars de cités ignorants à qui on fait croire qu’ils seront lavés de leurs péchés en devenant jihadistes», insiste Medhi. «J’ai débattu avec un type comme ça plus d’une dizaine de fois. Il ne connaissait rien à la religion et il a fini par partir en Syrie. Je l’ai revu sur une vidéo en train de brûler son passeport et appelant à commettre des attentats en France», ajoute-t-il. «Les caricatures nous ont blessés mais rien ne justifie ce qui s’est passé. Il faut qu’on nous entende», reprend Medhi. Lui et son ami Djamel n’iront pas pour autant manifester. «On ne peut pas se mélanger avec ceux qui justifient les caricatures du prophète au nom de la liberté d’expression. Nous ne partageons pas leurs idées.»
Adam, 30 ans, cariste, barbe taillée, kamis blanc, lui aussi choqué par les caricatures, descendra dans la rue samedi. «C’est très grave. J’ai peur des amalgames dans les jours et les semaines à venir. On sent bien la pression monter. Heureusement les médias font l’effort d’insister sur la différence entre les musulmans et ceux qui massacrent», dit-il. Hassan Id Miloud, 51 ans, un des responsables de la mosquée, circule d’un groupe à l’autre : «La période est électrique. A chaque fois on a l’impression que ça monte d’un degré de plus. Là il n’y a plus le choix. Chacun doit dire ce qu’il ressent. Mais on a l’impression qu’il faut qu’on en fasse plus que les autres. Le musulman est touché mais, lui, il faut qu’il le montre.» A la sortie de la mosquée, Mohamed, 50 ans, salue les gendarmes en faction… Leur présence le rassure. Il se dit très inquiet des attaques récentes contre les mosquées. Il a interdit à sa fille en troisième année de droit de s’exprimer en public sur ce qui se passe. «J’ai peur qu’elle soit prise à partie», dit-il.
Source: liberation.fr
Un peloton de gendarmes, seize hommes au total, pistolets-mitrailleurs en mains et revêtus de gilet pare-balles sécurisent, vendredi, les deux entrées de la mosquée du Château dans le quartier du Mirail à Toulouse. Situé au pied d’une cité HLM, ce lieu de culte dirigé par l’association des musulmans de Toulouse est le plus vaste et le plus ancien de la ville. Plus d’un millier de fidèles sont rassemblés dans la salle principale et sous la tente et les tapis installés dans la cour. Des jeunes, certains en kamis noir ou blanc, des barbus au look salafiste et une majorité de quadras et de quinquagénaires en tenue de ville sont venus écouter le prêche en arabe de l’imam marocain.
A la vue des journalistes un homme apostrophe l’un des responsables : «Pourquoi les laisser rentrer ? Nous n’avons pas à nous justifier», dit-il sur un ton énervé. Alentour, il n’y a pas les embrassades habituelles des retrouvailles à la mosquée. Larbi, 51 ans, traduit à voix basse le prêche entièrement consacré à la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo. Beaucoup de jeunes n’en ont pas compris un mot.
«Chacun doit dire ce qu’il ressent»
Barbes non taillées, cheveux longs, kamis, Medhi, 21 ans, informaticien et Djamel, 23 ans, postier, disent se comporter «autant que possible» comme les compagnons du prophète. «Ceux qui ont commis ces actes sont des types perdus, des gars de cités ignorants à qui on fait croire qu’ils seront lavés de leurs péchés en devenant jihadistes», insiste Medhi. «J’ai débattu avec un type comme ça plus d’une dizaine de fois. Il ne connaissait rien à la religion et il a fini par partir en Syrie. Je l’ai revu sur une vidéo en train de brûler son passeport et appelant à commettre des attentats en France», ajoute-t-il. «Les caricatures nous ont blessés mais rien ne justifie ce qui s’est passé. Il faut qu’on nous entende», reprend Medhi. Lui et son ami Djamel n’iront pas pour autant manifester. «On ne peut pas se mélanger avec ceux qui justifient les caricatures du prophète au nom de la liberté d’expression. Nous ne partageons pas leurs idées.»
Adam, 30 ans, cariste, barbe taillée, kamis blanc, lui aussi choqué par les caricatures, descendra dans la rue samedi. «C’est très grave. J’ai peur des amalgames dans les jours et les semaines à venir. On sent bien la pression monter. Heureusement les médias font l’effort d’insister sur la différence entre les musulmans et ceux qui massacrent», dit-il. Hassan Id Miloud, 51 ans, un des responsables de la mosquée, circule d’un groupe à l’autre : «La période est électrique. A chaque fois on a l’impression que ça monte d’un degré de plus. Là il n’y a plus le choix. Chacun doit dire ce qu’il ressent. Mais on a l’impression qu’il faut qu’on en fasse plus que les autres. Le musulman est touché mais, lui, il faut qu’il le montre.» A la sortie de la mosquée, Mohamed, 50 ans, salue les gendarmes en faction… Leur présence le rassure. Il se dit très inquiet des attaques récentes contre les mosquées. Il a interdit à sa fille en troisième année de droit de s’exprimer en public sur ce qui se passe. «J’ai peur qu’elle soit prise à partie», dit-il.
Source: liberation.fr
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