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En Algérie, les islamistes radicaux à l’air libre

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  • En Algérie, les islamistes radicaux à l’air libre

    Abdelfatah Hamadache a recommencé. Ce dimanche, le chef du « Front de la Sahwa [renaissance] islamique salafiste », un parti non agréé, a jugé bon d’indiquer sur Facebook qu’il n’avait cette fois-ci « émis aucun communiqué à l’intention d’aucune télévision ni d’aucun journal concernant l’opération de nos frères algériens... contre ce journal satanique français ».

    C’est cet ancien militant du Front islamique du Salut (FIS) qui avait appelé le 16 décembre l’État algérien à condamner à mort, pour ses positions supposées sur l’islam, l’auteur Kamel Daoud, dont le roman « Meursault, contre-enquête » a été finaliste du Prix Goncourt.

    C’est ainsi. Depuis quelques années, les représentants des courants islamistes les plus radicaux ne manquent pas de tribunes médiatiques. Ce sont d’abord les réseaux sociaux, mais aussi, dans un contexte d’ouverture de l’audiovisuel, des chaînes de télévision privées tolérées sans êtres agréées et qui émettent depuis l’étranger.

    « Appel au meurtre »

    C’est notamment le cas des extensions TV des quotidiens arabophones réputés populistes Ennahar et Echourouk. Après son appel au meurtre, Hamadache a pu confirmer ses propos sur Ennahar TV, avant d’y débattre sur le caractère « pêché » de la bûche de Noël et de la célébration du Nouvel an. Il avait déjà exposé son projet d’État islamique en octobre sur Echourouk TV.

    Si le ministre de la Communication, Hamid Grine, a condamné l’attaque contre l’écrivain, il l’a réduite, avec son homologue à la Justice, à une affaire personnelle qu’il faut laisser la justice régler. « Même le président de la nouvelle Haute autorité de régulation de l’audiovisuel, installé en septembre, n’a pas réagi », relève Belkacem Mostefaoui, professeur à l’École nationale supérieure de journalisme d’Alger.

    « Il est pourtant évident que la sortie de Hamadache contre Daoud est une menace contre la société entière, porteuse de tous les dangers, et que le procureur aurait dû se saisir de l’affaire », affirme Miloud Brahimi, avocat dans les années 1990 d’Ali Belhadj, l’ex-vice président du FIS, toujours très actif dans l’espace public.
    Tué un militaire

    Miloud Brahimi est d’autant plus étonné que trois semaines après cet épisode, le procureur de Sidi M’Hamed (Alger) s’est empressé d’ouvrir une information judiciaire pour diffamation contre les propos polémiques tenus par l’ancien chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, au sujet de figures historiques algériennes. C’est ce « deux poids, deux mesures » que déplore Me Salah Debouz, de la Ligue algérienne des droits de l’Homme.

    Les islamistes intégristes sont soumis au droit commun en Algérie et Kamel Daoud a porté plainte pour « appel au meurtre » le 17 décembre. Mais cette plainte « reste à ce jour sans suite, regrette-t-il. Je n’ai aucun écho, rien. Pas d’audience auprès du juge, pas de convocation de mon adversaire… On fait traîner la procédure. »

    Seuls les repentis, ces islamistes armés qui ont déposé les armes à la suite de l’adoption, en 2005, de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, sont interdits de « toute activité politique » (ordonnance du 27 février 2006, art. 26). Mais le texte, imprécis (intervenir dans un média est-il considéré comme une activité politique ?), n’empêche pas Madani Mezrag, ex-chef de l’Armée islamique du Salut (AIS), d’accéder aux médias ou d’organiser, comme en août dernier, une « université d’été » dans son fief de Jijel. Lui qui a avoué dans la presse avoir tué – au moins - un militaire, a même été reçu en juin dernier par Ahmed Ouyahia, alors ministre d’État et directeur de cabinet de la présidence pour consultation sur le projet de révision constitutionnelle en cours.

    Grâce à des télévisions privées tolérées, mais qui peuvent légalement êtres fermées du jour au lendemain, et à « des lois que le pouvoir se donne le droit d’interpréter comme bon lui semble », comme le dénonce Me Debouz, le gouvernement tente de garder la main, entre les forces progressistes et conservatrices, dans la transition que vit l’Algérie. « Car ces islamistes trouvent un écho auprès d’une partie de la société, qui a été formatée plutôt que formée, depuis les années 1970, avec l’enseignement des Frères musulmans notamment, pour être à l’écoute de ces discours populistes », souligne Belkacem Mostefaoui. « Leur couper le micro viendrait à en faire des victimes et à les renforcer », juge Me Debouz, qui regrette par ailleurs que les autorités utilisent ces islamistes comme « des épouvantails, mais sans proposer de projet de société clair ».

    Par Saïd Aït-Hatrit
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    « Car ces islamistes trouvent un écho auprès d’une partie de la société, qui a été formatée plutôt que formée, depuis les années 1970, avec l’enseignement des Frères musulmans
    Des milliers d'enseignants egyptiens pour l'arabisation de l'Algérie étaient des Frères Musulmans.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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