" Ces deux villes sont espagnoles non pas parce-que l’Espagne s’y est installée depuis plus de cinq siècles mais parce-ce que la grande majorité de leurs 160.000 habitants veut être espagnole. Elle le veut pour toutes sortes de raisons à commencer parce-que l’obtention d’un passeport européen, avec lequel il est bien plus facile de voyager ou de s’installer en Europe, o parce qu’ils y vivent en démocratie. Les partis politiques musulmans, qui a Ceuta et Melilla sont dans l’opposition, ne prônent pas le rattachement au Maroc. Il y a eu, dans le temps, des petites formations qui ont demandé la « décolonisation » de ces villes. Elles n’ont recueilli que quelques centaines de voix avant de disparaître. Si un jour elles resurgissaient et qu’elles gagnaient les élections il serait difficile au Gouvernement espagnol de faire la sourde oreille.
Ces arguments sur le choix pro espagnol des populations des deux villes devraient obliger Madrid à tirer une conclusion douloureuse à propos de Gibraltar. Aussi longtemps que les llanitos, comme on appelle populairement les habitants du Rocher, ne veulent pas être espagnols, ils resteront britanniques.
Offrir au Maroc les îlots, mais en échange de quoi ? D’une normalisation de la relation entre Ceuta et Melilla et leur environnement marocain, de leur insertion dans le tissu économique du nord du Maroc autrement qu’à travers le trabendo (contrebande) dont le chiffre d’affaires atteint, selon les estimations espagnoles, un milliard d’euros par an ; presqu’un milliard et demi d’après les Douanes marocaines.
Assainir la relation des deux villes avec leur entourage signifie d’abord que les frontières terrestres, les plus transitées d’Afrique, puissent être franchies rapidement et non pas en trois heures comme ce fut le cas à Melilla cet été. Ces frontières sont une honte pour les deux pays mais plus encore pour le Maroc. Leurs premières victimes sont, en effet, les immigrés marocains qui rentrent au pays pour les vacances ou les femmes marocaines dont la contrebande est leur maigre gagne-pain. Chargées avec leur balluchon, entassées les unes sur les autres aux points de passage, frappées par les mokhazi,il y a de temps en temps parmi elles des blessées voire même morts.
Assainir la relation cela veut aussi dire que Ceuta puisse disposer d’une frontière commerciale, dont jouit Melilla à la demande de Rabat, pour qu’elle exporte et importe légalement des marchandises du Maroc. Rabat ne peut se plaindre, à juste titre, de la fermeture de la frontière algérienne depuis 1994, et maintenir partiellement close sa frontière avec Ceuta, avec l’Europe. Il n’est, par ailleurs, pas concevable que les autorités marocaines envisagent de construire un nouvel aéroport pour mieux desservir Tanger et Tétouan sans qu’elles tiennent compte de Ceuta. La France, l’Allemagne et la Suisse exploitent en commun l’aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg. Et la Suisse n’est même pas membre de l’Union Européenne ! C’est cela la coopération transfrontalière comme on la pratique en Europe et comme on devrait la pratiquer en Afrique du Nord.
Il fut un temps, jusqu’en 1958, ou un train reliait Tétouan à Ceuta et des bus qui partaient de cette ville sillonnaient tout le nord du Maroc. Jusqu’en 1969, Melilla partageait son aéroport avec Nador. En débarquant le passager avait le choix entre se rendre au Maroc ou en Espagne. C’est à cela qu’il faut revenir avec un accord précis couché sur papier. Tout le monde en profitera.
Mohamed VI acceptera-t-il ce que certains considéreront au Maroc comme un recouvrement partiel, incomplet des « territoires occupés » ? Probablement. Son grand-père, Mohamed V, est l’artisan de l’indépendance du Royaume, de la conquête de Tarfaya. Son père Hassan II a élargi les limites du pays en absorbant Sidi Ifni, le Sahara. Lui est le seul roi qui n’a pas gagné un seul lopin de terre. Il a essayé à Persil mais il a échoué. Les îlots espagnols lui fournissent une occasion rêvée de suivre la tradition dynastique à l’heure où les turbulences économiques et sociales se profilent sur le Maroc ".
Source: elpais.com
Ces arguments sur le choix pro espagnol des populations des deux villes devraient obliger Madrid à tirer une conclusion douloureuse à propos de Gibraltar. Aussi longtemps que les llanitos, comme on appelle populairement les habitants du Rocher, ne veulent pas être espagnols, ils resteront britanniques.
Offrir au Maroc les îlots, mais en échange de quoi ? D’une normalisation de la relation entre Ceuta et Melilla et leur environnement marocain, de leur insertion dans le tissu économique du nord du Maroc autrement qu’à travers le trabendo (contrebande) dont le chiffre d’affaires atteint, selon les estimations espagnoles, un milliard d’euros par an ; presqu’un milliard et demi d’après les Douanes marocaines.
Assainir la relation des deux villes avec leur entourage signifie d’abord que les frontières terrestres, les plus transitées d’Afrique, puissent être franchies rapidement et non pas en trois heures comme ce fut le cas à Melilla cet été. Ces frontières sont une honte pour les deux pays mais plus encore pour le Maroc. Leurs premières victimes sont, en effet, les immigrés marocains qui rentrent au pays pour les vacances ou les femmes marocaines dont la contrebande est leur maigre gagne-pain. Chargées avec leur balluchon, entassées les unes sur les autres aux points de passage, frappées par les mokhazi,il y a de temps en temps parmi elles des blessées voire même morts.
Assainir la relation cela veut aussi dire que Ceuta puisse disposer d’une frontière commerciale, dont jouit Melilla à la demande de Rabat, pour qu’elle exporte et importe légalement des marchandises du Maroc. Rabat ne peut se plaindre, à juste titre, de la fermeture de la frontière algérienne depuis 1994, et maintenir partiellement close sa frontière avec Ceuta, avec l’Europe. Il n’est, par ailleurs, pas concevable que les autorités marocaines envisagent de construire un nouvel aéroport pour mieux desservir Tanger et Tétouan sans qu’elles tiennent compte de Ceuta. La France, l’Allemagne et la Suisse exploitent en commun l’aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg. Et la Suisse n’est même pas membre de l’Union Européenne ! C’est cela la coopération transfrontalière comme on la pratique en Europe et comme on devrait la pratiquer en Afrique du Nord.
Il fut un temps, jusqu’en 1958, ou un train reliait Tétouan à Ceuta et des bus qui partaient de cette ville sillonnaient tout le nord du Maroc. Jusqu’en 1969, Melilla partageait son aéroport avec Nador. En débarquant le passager avait le choix entre se rendre au Maroc ou en Espagne. C’est à cela qu’il faut revenir avec un accord précis couché sur papier. Tout le monde en profitera.
Mohamed VI acceptera-t-il ce que certains considéreront au Maroc comme un recouvrement partiel, incomplet des « territoires occupés » ? Probablement. Son grand-père, Mohamed V, est l’artisan de l’indépendance du Royaume, de la conquête de Tarfaya. Son père Hassan II a élargi les limites du pays en absorbant Sidi Ifni, le Sahara. Lui est le seul roi qui n’a pas gagné un seul lopin de terre. Il a essayé à Persil mais il a échoué. Les îlots espagnols lui fournissent une occasion rêvée de suivre la tradition dynastique à l’heure où les turbulences économiques et sociales se profilent sur le Maroc ".
Source: elpais.com
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