Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Quand annoncera-t-on la mort des Arabes ?

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Quand annoncera-t-on la mort des Arabes ?

    J'essaie, depuis l'enfance, de dessiner ces pays
    Qu'on appelle-allégoriquement-les pays des Arabes
    Pays qui me pardonneraient si je brisais le verre de la lune...
    Qui me remercieraient si j'écrivais un poème d'amour
    Et qui me permettraient d'exercer l'amour
    Aussi librement que les moineaux sur les arbres...
    J'essaie de dessiner des pays...
    Qui m'apprendraient à toujours vivre au diapason de l'amour
    Ainsi, j'étendrai pour toi, l'été, la cape de mon amour
    Et je presserai ta robe, l'hiver, quand il se mettra à pleuvoir...

    J'essaie de dessiner des pays...
    Avec un Parlement de jasmin...
    Avec un peuple aussi délicat que le jasmin...
    Où les colombes sommeillent au dessus de ma tête
    Et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes
    J'essaie de dessiner des pays intimes avec ma poésie
    Et qui ne se placent pas entre moi et mes rêveries
    Et où les soldats ne se pavanent pas sur mon front
    J'essaie de dessiner des pays...
    Qui me récompensent quand j'écris une poésie
    Et qui me pardonnent quand déborde le fleuve de ma folie...

    J'essaie de dessiner une cité d'amour
    Libérée de toutes inhibitions...
    Et où la féminité n'est pas égorgée... ni nul corps opprimé

    J'ai parcouru le Sud... J'ai parcouru le Nord...
    Mais en vain...
    Car le café de tous les cafés a le même arôme...
    Et toutes les femmes une fois dénudées
    Sentent le même parfum...
    Et tous les hommes de la tribu ne mastiquent point ce qu'ils mangent
    Et dévorent les femmes une à la seconde

    J'essaie depuis le commencement...
    De ne ressembler à personne...
    Disant non pour toujours à tout discours en boîte de conserve
    Et rejetant l'adoration de toute idole...

    J'essaie de brûler tous les textes qui m'habillent
    Certains poèmes sont pour moi une tombe
    Et certaines langues linceul.
    Je pris rendez-vous avec la dernière femme
    Mais j'arrivai bien après l'heure

    J'essaie de renier mon vocabulaire
    De renier la malédiction du "Mubtada" et du "Khabar"
    De me débarrasser de ma poussière et me laver le visage à l'eau de pluie...
    J'essaie de démissionner de l'autorité du sable...
    Adieu Koraich...
    Adieu Kouleib...
    Adieu Mudar...

    J'essaie de dessiner ces pays
    Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
    Où mon lit est solidement attaché,
    Et où ma tête est bien ancrée,
    Pour que je puisse différencier entre les pays et les vaisseaux...
    Mais... ils m'ont pris ma boîte de dessin,
    M'interdisent de peindre le visage de mon pays... ;

    J'essaie depuis l'enfance
    D'ouvrir un espace en jasmin.
    J'ai ouvert la première auberge d'amour... dans l'histoire des Arabes...
    Pour accueillir les amoureux...
    Et j'ai mis fin à toutes les guerres d'antan entre les hommes et les femmes,
    Entre les colombes... et ceux qui égorgent les colombes...
    Entre le marbre... et ceux qui écorchent la blancheur du marbre...
    Mais... ils ont fermé mon auberge...
    Disant que l'amour est indigne de l'Histoire des Arabes
    De la pureté des Arabes...
    De l'héritage des Arabes...
    Quelle aberration !!

    J'essaie de concevoir la configuration de la patrie ?
    De reprendre ma place dans le ventre de ma mère,
    Et de nager à contre courant du temps,
    Et de voler figues, amandes, et pêches,
    Et de courir après les bateaux comme les oiseaux
    J'essaie d'imaginer le jardin de l'Eden?
    Et les potentialités de séjour entre les rivières d'onyx?
    Et les rivières de lait...
    Quand me réveillant... je découvris la futilité de mes rêves.
    Il n'y avait pas de lune dans le ciel de Jéricho...
    Ni de poisson dans les eaux de l'Euphrate...
    Ni de café à Aden...

    J'essaie par la poésie... de saisir l'impossible...
    Et de planter des palmiers...
    Mais dans mon pays, ils rasent les cheveux des palmiers...
    J'essaie de faire entendre plus haut le hennissement des chevaux ;
    Mais les gens de la cité méprisent le hennissement !!

    J'essaie, Madame, de vous aimer...
    En dehors de tous les rituels...
    En dehors de tous textes.
    En dehors de tous lois et de tous systèmes.
    J'essaie, Madame, de vous aimer...
    Dans n'importe quel exil où je vais...
    Afin de sentir, quand je vous étreins, que je serre entre mes bras le terreau de mon
    pays.

    J'essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,
    Des sages des Arabes... des poètes des Arabes...
    Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife
    pour une poignée de riz... et cinquante dirhams...
    Quelle horreur !!
    Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes...
    Et les dates mûres...
    Quelle horreur !!
    Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes...
    Devant tout président venant de l'inconnu..
    Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple...
    Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d'or...
    Quelle horreur !!

    Moi, depuis cinquante ans
    J'observe la situation des Arabes.
    Ils tonnent sans faire pleuvoir...
    Ils entrent dans les guerres sans s'en sortir...
    Ils mâchent et rabâchent la peau de l'éloquence
    Sans en rien digérer.

    Moi, depuis cinquante ans
    J'essaie de dessiner ces pays
    Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
    Tantôt couleur de sang,
    Tantôt couleur de colère.
    Mon dessin achevé, je me demandai :
    Et si un jour on annonce la mort des Arabes...
    Dans quel cimetière seront-ils enterrés ?
    Et qui les pleurera ?
    Eux qui n'ont pas de filles...
    Eux qui n'ont pas de garçons...
    Et il n'y a pas là de chagrin
    Et il n'y a là personne pour porter le deuil !!

    J'essaie depuis que j'ai commencé à écrire ma poésie
    De mesurer la distance entre mes ancêtres les Arabes et moi-même.
    J'ai vu des armées... et point d'armées...
    J'ai vu des conquêtes et point de conquêtes...
    J'ai suivi toutes les guerres sur la télé...
    Avec des morts sur la télé...
    Avec des blessés sur la télé...
    Et avec des victoires émanant de Dieu... sur la télé...

    Oh mon pays, ils ont fait de toi un feuilleton d'horreur
    Dont nous suivons les épisodes chaque soir
    Comment te verrions-nous s'ils nous coupent le courant ??

    Moi, après cinquante ans,
    J'essaie d'enregistrer ce que j'ai vu...
    J'ai vue des peuples croyant que les agents de renseignements
    Sont ordonnés par Dieu... comme la migraine... comme le rhume...
    Comme la lèpre... comme la gale...
    J'ai vue l'arabisme mis à l'encan des antiquités,
    Mais je n'ai point vu d'Arabes !!

    Nizar Kabbani

    je ne connaissais pas je l'ai lu aimé je le partage ....

    Néo...

  • #2
    Les poèmes d'al Qabbani sont très poignants. De ces poèmes engagés celui que tu as généreusement partagé avec nous et celui ci-dessous "Je suis pour le terrorisme" sont mes deux préférés. Il était surnommé le poète de la femme... ces écrits portant sur l'amour étant d'une subtilité et d'une beauté saisissante



    On nous accuse de terrorisme

    Si nous prenons la défense

    D’une rose, d’une femme

    Et d’un infaillible poème

    D’une patrie qui n’a plus

    Ni eau ni air

    Ni tente ni chamelle

    Ni même de café noir.

    * * * *

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous avons le courage de défendre

    La chevelure noire de Balkis

    Les lèvres de Maysoun

    Hind, Daad

    Ou Loubna et Rabab

    Et une pluie de khôl noir

    Tombant de leurs cils comme une inspiration !

    Vous ne trouverez pas chez moi

    De poème secret…

    De langage secret

    Ni de livre secret enfermé derrière portes closes

    Et je ne garde pas de poème

    Arpentant les rues, voilé par un hijab.

    On nous accuse de terrorisme

    Quand nous écrivons sur les dépouilles de notre patrie

    Foulée, démembrée, déchiquetée

    Aux moignons dispersés

    Une patrie cherchant son nom

    Et un peuple innommé

    Une patrie qui a perdu ses anciens grands poèmes

    A l’exception de ceux de Khansa

    Une partie qui a perdu sa liberté rouge, bleue ou jaune

    Une patrie qui nous interdit

    D’acheter un journal

    D’écouter les informations

    Une patrie où les oiseaux sont interdits de pépiement

    Une patrie

    Dont les écrivains écrivent

    Sur le vent, par peur.

    Une patrie

    A l’image de notre poésie

    Faite de mots abandonnés

    Hors du temps

    Importés

    Avec une face et une langue étrangères…

    Sans début

    Ni fin

    Sans lien avec son peuple ou son pays

    Impasse de l’humanité

    Une patrie

    Allant aux négociations de paix

    Sans dignité

    Nu-pieds

    Et sans aucune dignité

    Une patrie

    Où les hommes pris de peur se sont pissés dessus

    Et où seules restent les femmes !

    Le sel est dans nos yeux

    Le sel est sur nos lèvres

    Ou dans nos paroles

    La sécheresse de nos âmes

    L’avons-nous héritée des Beni Kahtane ?

    Il n’y a plus de Mouaouya dans notre nation

    Ni d’Abou Sufiane

    Plus personne pour dire « NON ! »

    A ceux qui ont bradé nos foyers, notre terre

    Et ont fait de notre histoire radieuse

    Un bazar !

    Il n’est plus un seul poème dans notre vie

    Qui n’ait perdu sa virginité

    Dans le lit du Pouvoir

    Nous nous sommes accoutumés à l’ignominie

    Que reste-t-il donc d’un homme

    Lorsqu’il s’est habitué au déshonneur ?

    Je cherche dans le livre de l’histoire

    Oussama Ibn Munqidh

    Okba Ibn Nafi

    Je recherche Omar

    Je recherche Hamza

    Et Khalid chevauchant vers Damas

    Je recherche Al Mutasim Billah

    Sauvant les femmes

    De la barbarie des envahisseurs

    Et des furies des flammes

    Je recherche l’homme de la fin des temps

    Mais ne trouve que des chats effrayés dans le noir

    Craignant pour leur vie

    Menacée par le règne des souris.

    Sommes-nous atteints de cécité nationale ?

    Ou sommes-nous devenus daltoniens ?

    * * * *

    On nous accuse de terrorisme

    Quand nous refusons la mort

    Sous les bulldozers d’Israël

    Qui dévastent notre terre, notre histoire, nos Évangiles

    Notre Coran

    Les reliques de nos prophètes

    Si c’est là notre crime

    Que le terrorisme est beau !

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous refusons notre extinction

    par les Mongols, les Juifs, les Barbares

    Si nous lançons des pierres

    Sur les vitres

    Du Conseil de Sécurité

    Aux mains des Tsars de notre temps

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous refusons

    De tendre notre main à

    L’Amérique

    Ennemie des cultures humaines

    Elle-même sans culture,

    Ennemie des civilisations humaines

    Elle-même sans civilisation

    L’Amérique, bâtisse géante

    Sans murs.

    * * * *

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous refusons une époque où l’Amérique

    est devenue suffisante, riche, puissante

    Traductrice assermentée

    de l’hébreu.

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous lançons une rose

    Vers Jérusalem

    Vers Al Khalil

    Vers Gaza

    Vers Nazareth

    Si nous livrons du pain et de l’eau

    Aux Troyens assiégés.

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous élevons la voix

    Contre les dominateurs qui veulent nous isoler

    Contre tous ceux qui ont changé de selle

    Et d’unionistes sont devenus laquais.

    * * * *

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous faisons profession de culture

    Si nous lisons un livre de juridiction ou de politique

    Si nous en appelons à notre Dieu

    Si nous la lisons la Sourate Al Fatah

    Et écoutons le prêche du Vendredi

    Nous commettons là un acte terroriste.

    On nous accuse de terrorisme

    Si nous défendons notre pays

    Et la dignité de son sol

    Si nous nous révoltions contre l’extorsion de notre peuple

    Notre propre extorsion

    Si nous protégeons le dernier palmier de notre désert

    Et la dernière étoile de notre ciel

    Et les dernières lettres de nos noms

    Et la dernière goutte de lait du sein de notre mère

    Si tel est notre crime

    Que le terrorisme est magnifique !

    * * * *

    Je suis un terroriste

    Si le terrorisme peut me préserver

    Des immigrants de Russie

    De Roumanie, de Hongrie, de Pologne

    Qui se sont installés en Palestine sur notre dos

    Pour voler les minarets de Jérusalem

    La porte d’Al Aqsa

    Ses ors et ses dômes.

    Je suis pour le terrorisme

    Si nous pouvons libérer le Christ

    La Vierge Marie et la Ville sainte

    Des émissaires de mort et de dévastation

    Hier la route nationale traversait nos terres

    Triomphante comme un pur-sang arabe

    Et nos parcs étaient des rivières coulant avec vigueur et fierté

    Après Oslo

    Nous avons perdu nos dents

    Et sommes devenus un peuple frappé de surdité et de cécité.

    * * * *

    Je suis pour le terrorisme

    Si cela peut me préserver des Tsars juifs

    Et des Césars romains.

    Je suis pour le terrorisme

    Tant que ce nouveau monde

    Sera également divisé entre

    Amérique et Israël.

    Je suis pour le terrorisme

    Tant que ce nouveau monde

    Nous classera comme loups

    Je suis pour le terrorisme

    Tant que le Congrès américain

    Fera la loi

    Et décidera des récompenses et des châtiments.

    Je suis pour le terrorisme

    Tant que ce nouveau monde

    Détestera profondément

    L’odeur des Arabes.

    * * * *

    Je suis pour le terrorisme

    Tant que ce nouveau monde

    Massacrera mes bébés

    Et les jettera aux chiens.

    Pour tout cela

    Je veux crier haut et fort

    Je suis pour le terrorisme

    Je suis pour le terrorisme

    Je suis pour le terrorisme.
    هناء

    Commentaire


    • #3
      Hanaa Bonsoir

      Les poèmes d'al Qabbani sont très poignants. De ces poèmes engagés celui que tu as généreusement partagé avec nous et celui ci-dessous "Je suis pour le terrorisme" sont mes deux préférés. Il était surnommé le poète de la femme... ces écrits portant sur l'amour étant d'une subtilité et d'une beauté saisissante
      Tu pourras voir dans les archives de la rue qu'il y a beaucoup de ses Poèmes et que nous lui rendons souvent Hommage

      Merci a toi pour ta contribution je préfère de loin Balkis

      Commentaire

      Chargement...
      X