L'Arabie saoudite, qui tire 90% de ses revenus de l'exportation du pétrole, est la première à souffrir de la dégringolade des cours de l'or noir.
Tenir coûte que coûte, c'est la devise sur laquelle se sont mises d'accord les monarchies du Golfe, exportatrices de pétrole. Malgré les pertes qu'entraînent pour elles la chute du prix du baril sous les 50 dollars, aucune ne semble prête à fermer son robinet. Pourtant, la facture s'annonce salée. Selon les calculs du FMI, la baisse des cours du pétrole devrait entraîner un manque à gagner de 300 milliards de dollars cette année pour les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui réunit l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
L'Arabie saoudite, qui vient de perdre son roi Abdallah, est la première concernée. Le royaume, première puissance exportatrice mondiale, tire 90% de ses recettes fiscales et de ses entrées en devises de la vente de pétrole. Ryad a déjà fait ses comptes: cette année, elle enregistrera le pire déficit de son histoire et le premier depuis 2011, officiellement à plus de 150 milliards de riyals (40 milliards de dollars), soit plus de 5% de son PIB. Le FMI anticipe plutôt 10,1%. Ses recettes seront en recul de 140 milliards de riyals à 715 milliards (environ 190 milliards de dollars).
Comme l'Arabie saoudite, cinq des six pays du CCG devraient accuser un déficit budgétaire cette année. Selon l'institution, leurs économies devraient croître de 3,4% cette année, limitant légèrement leur ralentissement par rapport aux 3,7% atteints en 2014.
«Le pétrole, plombé par le renforcement du dollar, devrait poursuivre sa baisse»
Dorian Abadie, analyste chez XTB
Malgré la pression, tous ces pays sont armés pour faire face à la chute des prix du baril, rappelle le FMI. Les pays du Golfe se sont constitués d'importantes réserves de devises étrangères à l'époque où le baril atteignait des sommets, à plus de 100 dollars. C'est dans cette manne qu'ils envisagent de puiser pour financer leur déficit et maintenir des dépenses essentielles pour garantir la stabilité dans une région en proie à de grands bouleversements. L'Arabie saoudite dispose ainsi de réserves évaluées à quelque 750 milliards de dollars. Indifférent à la dégringolade du pétrole, le gouvernement saoudien prévoit même d'augmenter ses dépenses publiques à 860 milliards de riyals contre 855 en 2014.
La question est de savoir pendant combien de temps ces pays pourront financer leur déficit sans envisager de baisser leur dépense. L'Arabie saoudite s'est dite prête récemment à tenir «au moins huit ans» avec un pétrole bon marché. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars le baril», a prévenu fin décembre le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi. «C'est une situation très périlleuse, d'un point de vue budgétaire», prévient toutefois Dorian Abadie, analyste chez XTB. «Les économies de ces pays ne sont pas diversifiées. Ils n'ont pas de plan B alors que leur manne financière leur permettrait de financer d'autres secteurs que le pétrole. C'est un jeu très dangereux», décrypte-t-il.
D'autant que le pétrole ne semble pas décidé à remonter la pente. Le sursaut enregistré après l'annonce de la mort du roi saoudien ne tient déjà plus. «La mort d'Abdallah n'est pas un gage de destabilisation, au contraire.
La succession est bien réglée et le nouveau roi Salmane a affirmé qu'il resterait dans la continuité des actions de son prédécesseur. On ne va pas assister, du jour au lendemain, à des arrêts de la production en Arabie saoudite», explique Dorian Abadie.
«Le pétrole, plombé par le renforcement du dollar, devrait poursuivre sa baisse jusqu'à 45 dollars mais ne devrait pas tomber sous les 40 dans l'immédiat. Des terminaux commencent déjà à fermer ce qui devrait apporter un support au prix du pétrole», prédit l'analyste.
Hayat Gazzane
Le Figaro
Tenir coûte que coûte, c'est la devise sur laquelle se sont mises d'accord les monarchies du Golfe, exportatrices de pétrole. Malgré les pertes qu'entraînent pour elles la chute du prix du baril sous les 50 dollars, aucune ne semble prête à fermer son robinet. Pourtant, la facture s'annonce salée. Selon les calculs du FMI, la baisse des cours du pétrole devrait entraîner un manque à gagner de 300 milliards de dollars cette année pour les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui réunit l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
L'Arabie saoudite, qui vient de perdre son roi Abdallah, est la première concernée. Le royaume, première puissance exportatrice mondiale, tire 90% de ses recettes fiscales et de ses entrées en devises de la vente de pétrole. Ryad a déjà fait ses comptes: cette année, elle enregistrera le pire déficit de son histoire et le premier depuis 2011, officiellement à plus de 150 milliards de riyals (40 milliards de dollars), soit plus de 5% de son PIB. Le FMI anticipe plutôt 10,1%. Ses recettes seront en recul de 140 milliards de riyals à 715 milliards (environ 190 milliards de dollars).
Comme l'Arabie saoudite, cinq des six pays du CCG devraient accuser un déficit budgétaire cette année. Selon l'institution, leurs économies devraient croître de 3,4% cette année, limitant légèrement leur ralentissement par rapport aux 3,7% atteints en 2014.
«Le pétrole, plombé par le renforcement du dollar, devrait poursuivre sa baisse»
Dorian Abadie, analyste chez XTB
Malgré la pression, tous ces pays sont armés pour faire face à la chute des prix du baril, rappelle le FMI. Les pays du Golfe se sont constitués d'importantes réserves de devises étrangères à l'époque où le baril atteignait des sommets, à plus de 100 dollars. C'est dans cette manne qu'ils envisagent de puiser pour financer leur déficit et maintenir des dépenses essentielles pour garantir la stabilité dans une région en proie à de grands bouleversements. L'Arabie saoudite dispose ainsi de réserves évaluées à quelque 750 milliards de dollars. Indifférent à la dégringolade du pétrole, le gouvernement saoudien prévoit même d'augmenter ses dépenses publiques à 860 milliards de riyals contre 855 en 2014.
La question est de savoir pendant combien de temps ces pays pourront financer leur déficit sans envisager de baisser leur dépense. L'Arabie saoudite s'est dite prête récemment à tenir «au moins huit ans» avec un pétrole bon marché. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars le baril», a prévenu fin décembre le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi. «C'est une situation très périlleuse, d'un point de vue budgétaire», prévient toutefois Dorian Abadie, analyste chez XTB. «Les économies de ces pays ne sont pas diversifiées. Ils n'ont pas de plan B alors que leur manne financière leur permettrait de financer d'autres secteurs que le pétrole. C'est un jeu très dangereux», décrypte-t-il.
D'autant que le pétrole ne semble pas décidé à remonter la pente. Le sursaut enregistré après l'annonce de la mort du roi saoudien ne tient déjà plus. «La mort d'Abdallah n'est pas un gage de destabilisation, au contraire.
La succession est bien réglée et le nouveau roi Salmane a affirmé qu'il resterait dans la continuité des actions de son prédécesseur. On ne va pas assister, du jour au lendemain, à des arrêts de la production en Arabie saoudite», explique Dorian Abadie.
«Le pétrole, plombé par le renforcement du dollar, devrait poursuivre sa baisse jusqu'à 45 dollars mais ne devrait pas tomber sous les 40 dans l'immédiat. Des terminaux commencent déjà à fermer ce qui devrait apporter un support au prix du pétrole», prédit l'analyste.
Hayat Gazzane
Le Figaro
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