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Chômage des diplômés au Maroc : 75% de la population active en chômage en milieu urbain

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  • Chômage des diplômés au Maroc : 75% de la population active en chômage en milieu urbain

    Chômage des diplômés : Entretien avec Abdellah Chenguiti, Président de l’AGEF
    Lavieeco

    «Nous n’avons pas suffisamment de techniciens»

    L’année 2014 a été marquée par un marché de l’emploi relativement calme, un paysage des relations sociales pas encore au point mais aussi par les questions qui concernent la mise en place de la nouvelle loi régissant la formation continue. Abdellah Chenguiti, DRH de Sews Cabind Maroc et président de l’AGEF (Association de gestionnaires et formateurs du personnel), met en évidence les faits marquants de l’année qui vient de s’achever et les points sur lesquels il faudra porter une attention particulière en 2015.

    -Selon vous, quel bilan peut-on faire de l’année 2014, surtout sur le plan RH ?
    Commençons par la problématique de l’emploi, qui constitue l’enjeu majeur du développement socio-économique de notre pays. Le marché a été relativement calme au cours de l’année 2014, en l’absence d’une croissance économique forte, seule à même de générer des emplois durables. Le taux de chômage, tous secteurs confondus, frôle les 10%. Lorsqu’on décortique ce taux, on se rend compte que le chômage touche essentiellement les diplômés, qui représentent 75% de la population active en chômage en milieu urbain. Ceci est dû à deux phénomènes: d’une part, notre tissu économique reste marqué par une forte demande de main-d’œuvre peu qualifiée. D’autre part, notre pays continue à souffrir d’une inadéquation structurelle entre formation et emploi. Cette inadéquation explique une part importante du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur (20% parmi eux demeurent sans emploi), mais aussi de sous-emploi de ceux qui arrivent à trouver du travail. Tel est le cas, par exemple, des milliers de techniciens bac+2 qui acceptent d’exercer un emploi d’ouvrier. Par ailleurs, alors que le taux d’insertion est meilleur pour les formations de niveau intermédiaire (techniciens), comparé à celui des bac+4 et plus, notre système éducatif ne délivre pas en quantité suffisante des lauréats de niveau technicien, qui n’attire que 9% des bacheliers.
    Un autre phénomène semble marquer le marché de l’emploi et réside dans sa précarité grandissante. Les vrais emplois durables sont ceux créés dans l’industrie. Or, ce secteur a tendance à perdre des emplois, compensés par d’autres créés dans les services et l’agriculture, où l’emploi est moins durable, plus saisonnier.
    En 2014, une lueur a néanmoins percé cette morosité du marché de l’emploi, avec la majoration du salaire minimum légal et l’entrée en vigueur, tant attendue, de l’indemnité pour perte d’emploi. Ce dispositif constitue une grande avancée pour le système de couverture sociale au Maroc, bien qu’il reste modeste, du fait qu’il garantit une indemnité d’à peine 70% du salaire moyen des 36 derniers mois, plafonnée au SMIG et versée pendant seulement six mois. L’extension de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) aux soins dentaires, prévue pour ce début d’année, est un autre point positif, dans la mesure où elle permettra d’intégrer dans le panier des prestations de l’AMO un service largement consommé par les assurés. Certes, beaucoup reste à faire, dans la mesure où le taux de couverture médicale de la population marocaine ne dépasse guère 59%. Nous sommes donc encore loin de la couverture santé universelle, mais il faut souligner que d’importants progrès ont été accomplis depuis l’entrée en vigueur de l’AMO, puis du RAMED.

    -Qu’en est-il des relations sociales ?
    Les rapports collectifs de travail restent globalement marqués par une logique de confrontation au détriment de celle du dialogue et de la recherche de solutions. Les dispositifs mis en place par le code du travail devraient contribuer à entretenir des relations sociales saines, propices au maintien d’un bon climat social au sein de nos organisations, à même de favoriser la cohésion sociale, de garantir la qualité et la continuité des services publics, de soutenir la performance de nos entreprises et d’encourager les investissements, facteur de création de richesses et d’emplois. Mais comme «un instrument ne vaut que par l’usage que l’on en fait», le nouvel arsenal juridique, plus de dix ans après son entrée en vigueur, est encore loin de produire les effets escomptés en matière de régulation des rapports collectifs de travail. Dispositions du code non appliquées, libertés syndicales bafouées, instances représentatives insuffisamment encadrées par les centrales syndicales, revendications sociales souvent démesurées au regard des impératifs économiques des entreprises, tel semble être le lot commun des relations entre employeurs et salariés.
    Il en résulte que les relations collectives demeurent, dans l’écrasante majorité de nos entreprises, régies par le rapport de force, souvent déséquilibré, qui s’exerce entre les parties. Cette situation est, en grande partie, à l’origine du déficit de confiance, voire le climat de tension, qui continue à marquer les relations sociales dans bon nombre de nos entreprises. C’est pour cela que le tissu économique marocain est affecté annuellement par plus d’un millier de conflits collectifs du travail, qui engendrent quelque 250 mouvements de grève et plus de 300 000 journées de travail perdues. Les seuls neuf premiers mois de l’année 2014 ont enregistré pas moins de 200 mouvements de grève, en hausse de 20% par rapport à la même période de l’année 2013.

    -Avec tous les débats organisés autour de la question, 2014 aura-t-elle été aussi l’année de la RSE ?
    Oui, en effet. L’année dernière a connu l’organisation de divers évènements visant à promouvoir la RSE. S’engager dans une telle démarche n’est plus un choix mais émane d’une triple exigence : la première est économique et tient au fait que les donneurs d’ordre intègrent de plus en plus la dimension RSE dans la sélection de leurs fournisseurs et sous-traitants. La seconde exigence est d’ordre juridique et est liée au nécessaire respect des législations nationale et internationale, qui intègrent l’essentiel des exigences RSE, tels que le respect des droits fondamentaux de l’homme au travail, la garantie de conditions d’emploi et de travail décentes, la lutte contre la corruption, ou encore le respect de la libre concurrence. La troisième exigence est éthique, dans la mesure où l’engagement RSE est un principe de bonne conduite d’entreprise. Ceci dit, nous sommes encore loin d’un véritable déploiement de la démarche RSE dans nos entreprises. Une étude récente sur la pratique de la RSE dans la PME marocaine a montré que 63% des dirigeants interrogés déclarent «connaître la RSE» et que pratiquement tous affirment la percevoir comme «un atout». Paradoxalement, 77% ne connaissent pas le référentiel qui permet de mettre en place une démarche RSE, 63% estiment ne pas avoir les moyens financiers pour la mettre en place et 55% disent ne pas en avoir le temps !
    A ce jour, à peine une soixantaine d’entreprises ont acquis le label RSE de la CGEM, créé il y a plus de huit ans. Que représente ce chiffre, comparé ne serait-ce qu’aux 170 000 entreprises affiliées à la CNSS ?
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