La Coupe d’Afrique des nations n’a pas de goût. Parce qu’elle se déroule sans nous, loin de nous. Vous connaissez l’histoire : le Maroc devait abriter l’édition 2015 de la CAN, et puis il y a eu la psychose liée à Ebola, ensuite la demande de report, le refus des instances africaines, et finalement l’exclusion du Maroc avec le déplacement de la CAN en Guinée Equatoriale.
Nous regardons aujourd’hui la CAN avec des yeux éteints. Parce que le coeur ne répond plus. La CAN, c’est la fête des autres. Nous sommes dans la situation de la mariée qui vient de se faire piquer son homme, pris par une voisine : la mariée est en deuil alors que c’est la fête chez les voisins…
Pendant que toute l’Afrique vibre au rythme de la CAN, le Maroc a trouvé le moyen de suspendre son championnat local durant trois semaines (officiellement «pour rien», la pause ayant été programmée à l’avance en prévision de la CAN). Drôle de trêve. On arrête parce qu’avait prévu d’arrêter…même si on n’a plus aucune raison d’arrêter. C’est un peu ça. De son côté, la sélection marocaine a tout le mal du monde à convaincre d’autres sélections de l’affronter en amical. Parce qu’il faut bien jouer au foot, quand même, histoire de s’occuper.
Heureusement que l’on peut toujours prendre le parti d’en rire. C’est culturel. Quand on ne comprend pas, on rit. C’est mieux que d’avoir peur, ou de déprimer. Une blague circule déjà. Elle dit que les Marocains ne supportent aucune sélection africaine, mais ils suivent tous les matches de la CAN…pour guetter l’arrivée d’Ebola.
Qui pour assumer ? Ce n’est plus un virus mais un messie. Si aucun nouveau cas d’Ebola ne se déclare avant la fin de la CAN, ce qui est très probable, on sera mal. Les responsables marocains vont devoir nous expliquer pourquoi ils ont exclu le royaume de la fête africaine. Si Ebola n’y est pour rien, il va falloir trouver autre chose. Mais quoi ? Et puis qui pour assumer ?
Je vois ça d’ici : quand la CAN prendra fin et que la question du pourquoi reviendra en boucle, le nouveau ministre des Sports, Mohand Laenser, dira : « Ce n’est pas moi mais Ouzzine qui était en fonction ».
Mohamed Ouzzine dira à son tour : « Je ne peux rien vous dire, je ne suis plus en fonction ».
On pourra alors se tourner vers le président de la fédération marocaine, Fouzi Lekjaa, qui nous dira : « Ce n’est pas à moi de vous répondre mais au tuteur de la fédération, le ministère des Sports ».
Et ainsi de suite. Et la boucle ne sera jamais bouclée. Et il n’y aura personne pour assumer quoi que ce soit.
Finalement, le seul gagnant dans ce gigantesque plantage s’appelle Badou Zaki, sélectionneur des Lions de l’Atlas : embauché à la dernière minute pour mettre sur pied une équipe capable de tenir la route en cette CAN 2015, il avait toutes les raisons de programmer son éviction pour la fin de la compétition africaine.
Mais comme le Maroc s’est auto-exclu de cette CAN, notre Zaki voit sa « mission » prolongée de quelques années, le temps que la sélection marocaine retrouve une compétition officielle. Mission annulée, mission réussie, bravo Zaki. Aujourd’hui le sélectionneur national prépare « l’avenir », selon la formule consacrée. Comprenez : il ne prépare rien en particulier, puisque le Maroc n’a aucune échéance officielle à l’horizon.
En parlant d’avenir, la CAF s’apprête à désigner, courant avril, le pays qui abritera la prochaine édition de la CAN, prévue en 2017. Quatre pays sont en lice : Ghana, Gabon, Egypte et le favori, l’Algérie. CAN 2019 (Cameroun), 2021 (Côte d’Ivoire) et 2023 (Guinée) étant déjà attribuées, le Maroc pourra toujours postuler pour accueillir la CAN 2025. Dans dix ans, et à moins qu’un nouveau virus fasse son apparition…
Bingafro / Karim B. 24.01.2015
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Nous regardons aujourd’hui la CAN avec des yeux éteints. Parce que le coeur ne répond plus. La CAN, c’est la fête des autres. Nous sommes dans la situation de la mariée qui vient de se faire piquer son homme, pris par une voisine : la mariée est en deuil alors que c’est la fête chez les voisins…
Pendant que toute l’Afrique vibre au rythme de la CAN, le Maroc a trouvé le moyen de suspendre son championnat local durant trois semaines (officiellement «pour rien», la pause ayant été programmée à l’avance en prévision de la CAN). Drôle de trêve. On arrête parce qu’avait prévu d’arrêter…même si on n’a plus aucune raison d’arrêter. C’est un peu ça. De son côté, la sélection marocaine a tout le mal du monde à convaincre d’autres sélections de l’affronter en amical. Parce qu’il faut bien jouer au foot, quand même, histoire de s’occuper.
Heureusement que l’on peut toujours prendre le parti d’en rire. C’est culturel. Quand on ne comprend pas, on rit. C’est mieux que d’avoir peur, ou de déprimer. Une blague circule déjà. Elle dit que les Marocains ne supportent aucune sélection africaine, mais ils suivent tous les matches de la CAN…pour guetter l’arrivée d’Ebola.
Qui pour assumer ? Ce n’est plus un virus mais un messie. Si aucun nouveau cas d’Ebola ne se déclare avant la fin de la CAN, ce qui est très probable, on sera mal. Les responsables marocains vont devoir nous expliquer pourquoi ils ont exclu le royaume de la fête africaine. Si Ebola n’y est pour rien, il va falloir trouver autre chose. Mais quoi ? Et puis qui pour assumer ?
Je vois ça d’ici : quand la CAN prendra fin et que la question du pourquoi reviendra en boucle, le nouveau ministre des Sports, Mohand Laenser, dira : « Ce n’est pas moi mais Ouzzine qui était en fonction ».
Mohamed Ouzzine dira à son tour : « Je ne peux rien vous dire, je ne suis plus en fonction ».
On pourra alors se tourner vers le président de la fédération marocaine, Fouzi Lekjaa, qui nous dira : « Ce n’est pas à moi de vous répondre mais au tuteur de la fédération, le ministère des Sports ».
Et ainsi de suite. Et la boucle ne sera jamais bouclée. Et il n’y aura personne pour assumer quoi que ce soit.
Finalement, le seul gagnant dans ce gigantesque plantage s’appelle Badou Zaki, sélectionneur des Lions de l’Atlas : embauché à la dernière minute pour mettre sur pied une équipe capable de tenir la route en cette CAN 2015, il avait toutes les raisons de programmer son éviction pour la fin de la compétition africaine.
Mais comme le Maroc s’est auto-exclu de cette CAN, notre Zaki voit sa « mission » prolongée de quelques années, le temps que la sélection marocaine retrouve une compétition officielle. Mission annulée, mission réussie, bravo Zaki. Aujourd’hui le sélectionneur national prépare « l’avenir », selon la formule consacrée. Comprenez : il ne prépare rien en particulier, puisque le Maroc n’a aucune échéance officielle à l’horizon.
En parlant d’avenir, la CAF s’apprête à désigner, courant avril, le pays qui abritera la prochaine édition de la CAN, prévue en 2017. Quatre pays sont en lice : Ghana, Gabon, Egypte et le favori, l’Algérie. CAN 2019 (Cameroun), 2021 (Côte d’Ivoire) et 2023 (Guinée) étant déjà attribuées, le Maroc pourra toujours postuler pour accueillir la CAN 2025. Dans dix ans, et à moins qu’un nouveau virus fasse son apparition…
Bingafro / Karim B. 24.01.2015
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