Abdejlil Lahjomri
30/01/201
Quid .ma
« Soumission » c’est ce qu’on pourrait appeler en littérature un non événement, un roman de rien.
Dès lors le microcosme littéraire s’emballa frénétiquement parce que tout simplement, c’est Houellebecq qui revient. Ali Baddou a eu raison de s’indigner. « Soumission » est un mauvais roman parce que cet écrivain est un mauvais écrivain. Il me fallait pourtant le lire. C’est fait, et au lieu de m’indigner comme Ali Baddou, c’est un immense éclat de rire qui s’est emparé de moi à la fin de cette pénible lecture. On évoque à propos de cet écrivain, une écriture puissante, je n’ai trouvé qu’un fatras de platitudes et de conversations banales, de développements et d’analyses dignes des plus désespérants articles de presse. Je ne peux prétendre « corriger » comme ferait un professeur ou un critique concitoyen de l’auteur les fautes qui surprennent chez un écrivain considéré comme important. Ce serait par les temps qui courent, de la part d’un critique étranger et de surcroit musulman quelque peu suspect. Comme le montre si bien mon ami Abdelfattah Kilito dans son article Poirot contre Nothomb ! : « L’une de mes hypothèses est que nous n’aimons pas vraiment qu’un étranger parle notre langue : nous n’aimons pas qu’il la parle mal, et nous n’aimons surtout pas qu’il la parle parfaitement bien ». « Corriger » donc un auteur comme Houellebecq ce serait de ma part de l’impertinence. Je laisserais donc à Christophe Barbier, directeur de la revue « L’express » le soin de le faire. Si je le faisais on ne tolérerait pas que je connaisse un peu les subtilités de cette si belle langue que Houellebecq malmène pourtant impunément et allègrement parce que c’est Houellebecq. Voilà ce qu’écrit C. Barbier dans un éditorial intitulé « Contre Houellebecq » :
« Houellebecq n’est pas un bon écrivain ; un bon écrivain ne saurait utiliser « baser sur » au lieu de « fonder sur », « par contre » à la place de « en revanche » et « cru » quand il veut signifier « millésime ». Ce genre d’erreurs, « Soumission » en contient beaucoup. Il en est ainsi parce qu’il importe peu selon Houellebecq « qu’un écrivain écrive très bien ou très mal ». Tout le monde en conséquence si l’on concède cette affirmation à cet écrivain serait auteur et écrivain. La littérature à laquelle nous ont initiés nos maîtres, celle des Hugo, des Zola, et plus près de nous des Le Clézio et des Modiano se diluerait dans un flot de publications de tous genres et de tous niveaux d’esthétique ou d’absence d’esthétique. Tout un chacun pourrait donc être Prix Nobel, ou Prix Goncourt. Ce ne serait qu’affaire de marketing et Houellebecq n’est que cela une immense imposture marchande. Ce n’est donc pas de la littérature. C’est du commerce. Nos maîtres nous ont appris aussi qu’il fallait remettre vingt fois sur le métier notre ouvrage. Houellebecq écrit comme il parle. Le vocabulaire est pauvre, la phrase sans attrait, le style dépourvu de charme et de beauté. On nous dit que cet auteur décrit le monde décadent d’aujourd’hui. Que ne l’a-t-il pas fait comme Proust a décrit dans sa fabuleuse recherche du temps perdu son univers à lui. La richesse de son style, son élégance, sa phrase sinueuse qui vous enlace et vous enivre, où est-elle chez Houellebecq ?
Où sont les filles en fleur d’aujourd’hui ? Et les Verdurin du temps de Houellebecq ? Pour ne prendre comme exemple que ces personnages. On nous dit que l’œuvre de Houellebecq séduit parce qu’il décrit magistralement l’homme d’aujourd’hui, cet anti héros. Mais Meursault dans « L’Etranger » d’Albert Camus n’est-il pas déjà cet anti héros des temps modernes ?
Beaucoup de politique, un peu moins de religion et l’inévitable zeste de sexe et le tour est joué, les jeux faits, et le futur best seller est né. Voyez-vous, je n’ai pas parlé du contenu de l’intrigue du récit et de sa thématique, de l’islam triomphant en Europe, du retour grâce à cette religion du mâle dominant et du fait que l’auteur la réduise aux délices d’une sexualité masculine, soumettant la femme au pouvoir de l’homme qui dans l’Europe décadente est en train de perdre tout pouvoir. Je l’ai fait exprès pour éviter que l’on ne m’accusât de prendre cela comme prétexte pour dénier à toute l’œuvre de Houellebecq une quelconque valeur littéraire et esthétique. Je n’ai voulu user que d’arguments littéraires pour montrer qu’avec Houellebecq nous n’étions plus dans le domaine de la littérature et de l’esthétique mais bien dans le seul domaine du politique et du Marketing.
Avec ce bien mauvais écrivain, tout commence avec le sexe et la religion et finit en exotisme politique et médiatique.
30/01/201
Quid .ma
« Soumission » c’est ce qu’on pourrait appeler en littérature un non événement, un roman de rien.
Dès lors le microcosme littéraire s’emballa frénétiquement parce que tout simplement, c’est Houellebecq qui revient. Ali Baddou a eu raison de s’indigner. « Soumission » est un mauvais roman parce que cet écrivain est un mauvais écrivain. Il me fallait pourtant le lire. C’est fait, et au lieu de m’indigner comme Ali Baddou, c’est un immense éclat de rire qui s’est emparé de moi à la fin de cette pénible lecture. On évoque à propos de cet écrivain, une écriture puissante, je n’ai trouvé qu’un fatras de platitudes et de conversations banales, de développements et d’analyses dignes des plus désespérants articles de presse. Je ne peux prétendre « corriger » comme ferait un professeur ou un critique concitoyen de l’auteur les fautes qui surprennent chez un écrivain considéré comme important. Ce serait par les temps qui courent, de la part d’un critique étranger et de surcroit musulman quelque peu suspect. Comme le montre si bien mon ami Abdelfattah Kilito dans son article Poirot contre Nothomb ! : « L’une de mes hypothèses est que nous n’aimons pas vraiment qu’un étranger parle notre langue : nous n’aimons pas qu’il la parle mal, et nous n’aimons surtout pas qu’il la parle parfaitement bien ». « Corriger » donc un auteur comme Houellebecq ce serait de ma part de l’impertinence. Je laisserais donc à Christophe Barbier, directeur de la revue « L’express » le soin de le faire. Si je le faisais on ne tolérerait pas que je connaisse un peu les subtilités de cette si belle langue que Houellebecq malmène pourtant impunément et allègrement parce que c’est Houellebecq. Voilà ce qu’écrit C. Barbier dans un éditorial intitulé « Contre Houellebecq » :
« Houellebecq n’est pas un bon écrivain ; un bon écrivain ne saurait utiliser « baser sur » au lieu de « fonder sur », « par contre » à la place de « en revanche » et « cru » quand il veut signifier « millésime ». Ce genre d’erreurs, « Soumission » en contient beaucoup. Il en est ainsi parce qu’il importe peu selon Houellebecq « qu’un écrivain écrive très bien ou très mal ». Tout le monde en conséquence si l’on concède cette affirmation à cet écrivain serait auteur et écrivain. La littérature à laquelle nous ont initiés nos maîtres, celle des Hugo, des Zola, et plus près de nous des Le Clézio et des Modiano se diluerait dans un flot de publications de tous genres et de tous niveaux d’esthétique ou d’absence d’esthétique. Tout un chacun pourrait donc être Prix Nobel, ou Prix Goncourt. Ce ne serait qu’affaire de marketing et Houellebecq n’est que cela une immense imposture marchande. Ce n’est donc pas de la littérature. C’est du commerce. Nos maîtres nous ont appris aussi qu’il fallait remettre vingt fois sur le métier notre ouvrage. Houellebecq écrit comme il parle. Le vocabulaire est pauvre, la phrase sans attrait, le style dépourvu de charme et de beauté. On nous dit que cet auteur décrit le monde décadent d’aujourd’hui. Que ne l’a-t-il pas fait comme Proust a décrit dans sa fabuleuse recherche du temps perdu son univers à lui. La richesse de son style, son élégance, sa phrase sinueuse qui vous enlace et vous enivre, où est-elle chez Houellebecq ?
Où sont les filles en fleur d’aujourd’hui ? Et les Verdurin du temps de Houellebecq ? Pour ne prendre comme exemple que ces personnages. On nous dit que l’œuvre de Houellebecq séduit parce qu’il décrit magistralement l’homme d’aujourd’hui, cet anti héros. Mais Meursault dans « L’Etranger » d’Albert Camus n’est-il pas déjà cet anti héros des temps modernes ?
Beaucoup de politique, un peu moins de religion et l’inévitable zeste de sexe et le tour est joué, les jeux faits, et le futur best seller est né. Voyez-vous, je n’ai pas parlé du contenu de l’intrigue du récit et de sa thématique, de l’islam triomphant en Europe, du retour grâce à cette religion du mâle dominant et du fait que l’auteur la réduise aux délices d’une sexualité masculine, soumettant la femme au pouvoir de l’homme qui dans l’Europe décadente est en train de perdre tout pouvoir. Je l’ai fait exprès pour éviter que l’on ne m’accusât de prendre cela comme prétexte pour dénier à toute l’œuvre de Houellebecq une quelconque valeur littéraire et esthétique. Je n’ai voulu user que d’arguments littéraires pour montrer qu’avec Houellebecq nous n’étions plus dans le domaine de la littérature et de l’esthétique mais bien dans le seul domaine du politique et du Marketing.
Avec ce bien mauvais écrivain, tout commence avec le sexe et la religion et finit en exotisme politique et médiatique.
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