Faut-il qu'une voix s'élève à nouveau pour que nous prenions conscience de la détresse dans laquelle vivent des centaines de milliers de nos concitoyens ?
En 1954, celle d'un abbé avait résonné, son écho est aujourd'hui bien lointain.
La situation de la France n'est pas celle de l'après-guerre, mais les chiffres alarmants qui s'alignent dans les 300 pages du rapport publié, ce matin, par la Fondation abbé Pierre nous alertent sur la situation de notre pays. À l'heure où fleurissent les discours sur la fraternité et le vivre ensemble, on mesure ici l'étendue de la tâche. Il n'y a pas qu'en politique que les extrêmes se développent… Que dire d'une société où 10 % de la population possèdent la moitié du patrimoine immobilier et où 3,5 millions de personnes sont sans logement ou hébergées dans des conditions précaires ?
Le nombre de sans domicile fixe a explosé, des familles dorment dans des abris de fortune, d'autres s'entassent dans des taudis vétustes.
Depuis la loi Besson de 1990, instituant le droit au logement, l'état de la France a bien changé. La population, au départ limitée, visée par ces dispositifs n'a cessé de croître. L'explosion du chômage, l'apparition des travailleurs pauvres et des classes moyennes inférieures basculant dans la précarité sont venues bousculer et saturer les aides et les droits mis en place. La demande en logements sociaux explose, le standard du 115 surchauffe et le droit au logement opposable patine.
Le monde de l'immobilier, lui, vit encore au rythme des Trente Glorieuses. Le coût des loyers, le montant des salaires et les garanties financières exigées sont désormais à mille lieues de la réalité économique. Notamment pour les plus jeunes qui peinent à décrocher des emplois stables et correctement rémunérés.
Le nombre de personnes sans domicile a augmenté de près de 50 %, en France, depuis 2001. Ici, une famille qui vit dans sa voiture à Lyon.
Au plus près des citoyens
Les filets de sécurité mis en place, il y a trente-cinq ans, pour les personnes en grande difficulté craquent de toute part. La tentation est grande de s'évertuer à les réparer, de gérer plus ou moins bien l'urgence sans s'attaquer aux causes profondes. Au même titre que l'Éducation nationale, la politique du logement doit être placée au cœur de cette reconstruction sociale que tout le monde appelle de ses vœux. Elle se doit d'être en phase avec la réalité des salaires, de l'exclusion et des fragilités qui minent notre société. L'offre ne correspond plus à la demande. Osons regarder la France en face, telle qu'elle est.
L'État a son rôle à jouer dans l'impulsion des politiques d'aides à la construction, d'accès à la propriété, de règles rétablissant la confiance entre propriétaires et locataires. C'est surtout à l'échelon local, au plus près des citoyens et de leur réalité, que l'on doit agir. La construction de logements sociaux dans des zones ciblées, le développement d'une économie sociale favorisant le retour à l'emploi au cœur des quartiers sont autant de leviers.
L'appétit de solidarité nationale et de fraternité démontrée dans la rue, le 11 janvier, ne doit pas rester lettre morte. La société civile doit être un moteur de cette reconstruction sociale. Le toit est l'affaire du nous. Si l'on considère que la pauvreté et l'exclusion sont le terreau des idées radicales, que nous sommes attaqués sur notre propre sol, alors rappelons-nous cette phrase prémonitoire de l'abbé Pierre : « Si demain on nous déclarait la guerre, on saurait trouver l'argent pour la combattre. Alors déclarons maintenant la guerre aux inégalités. »
Source: ouest-france.fr
En 1954, celle d'un abbé avait résonné, son écho est aujourd'hui bien lointain.
La situation de la France n'est pas celle de l'après-guerre, mais les chiffres alarmants qui s'alignent dans les 300 pages du rapport publié, ce matin, par la Fondation abbé Pierre nous alertent sur la situation de notre pays. À l'heure où fleurissent les discours sur la fraternité et le vivre ensemble, on mesure ici l'étendue de la tâche. Il n'y a pas qu'en politique que les extrêmes se développent… Que dire d'une société où 10 % de la population possèdent la moitié du patrimoine immobilier et où 3,5 millions de personnes sont sans logement ou hébergées dans des conditions précaires ?
Le nombre de sans domicile fixe a explosé, des familles dorment dans des abris de fortune, d'autres s'entassent dans des taudis vétustes.
Depuis la loi Besson de 1990, instituant le droit au logement, l'état de la France a bien changé. La population, au départ limitée, visée par ces dispositifs n'a cessé de croître. L'explosion du chômage, l'apparition des travailleurs pauvres et des classes moyennes inférieures basculant dans la précarité sont venues bousculer et saturer les aides et les droits mis en place. La demande en logements sociaux explose, le standard du 115 surchauffe et le droit au logement opposable patine.
Le monde de l'immobilier, lui, vit encore au rythme des Trente Glorieuses. Le coût des loyers, le montant des salaires et les garanties financières exigées sont désormais à mille lieues de la réalité économique. Notamment pour les plus jeunes qui peinent à décrocher des emplois stables et correctement rémunérés.
Le nombre de personnes sans domicile a augmenté de près de 50 %, en France, depuis 2001. Ici, une famille qui vit dans sa voiture à Lyon.
Au plus près des citoyens
Les filets de sécurité mis en place, il y a trente-cinq ans, pour les personnes en grande difficulté craquent de toute part. La tentation est grande de s'évertuer à les réparer, de gérer plus ou moins bien l'urgence sans s'attaquer aux causes profondes. Au même titre que l'Éducation nationale, la politique du logement doit être placée au cœur de cette reconstruction sociale que tout le monde appelle de ses vœux. Elle se doit d'être en phase avec la réalité des salaires, de l'exclusion et des fragilités qui minent notre société. L'offre ne correspond plus à la demande. Osons regarder la France en face, telle qu'elle est.
L'État a son rôle à jouer dans l'impulsion des politiques d'aides à la construction, d'accès à la propriété, de règles rétablissant la confiance entre propriétaires et locataires. C'est surtout à l'échelon local, au plus près des citoyens et de leur réalité, que l'on doit agir. La construction de logements sociaux dans des zones ciblées, le développement d'une économie sociale favorisant le retour à l'emploi au cœur des quartiers sont autant de leviers.
L'appétit de solidarité nationale et de fraternité démontrée dans la rue, le 11 janvier, ne doit pas rester lettre morte. La société civile doit être un moteur de cette reconstruction sociale. Le toit est l'affaire du nous. Si l'on considère que la pauvreté et l'exclusion sont le terreau des idées radicales, que nous sommes attaqués sur notre propre sol, alors rappelons-nous cette phrase prémonitoire de l'abbé Pierre : « Si demain on nous déclarait la guerre, on saurait trouver l'argent pour la combattre. Alors déclarons maintenant la guerre aux inégalités. »
Source: ouest-france.fr
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