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Pétrole, l'année du grand choc énergétique

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  • Pétrole, l'année du grand choc énergétique

    En six mois, les cours du pétrole ont dévissé de plus de 50 %. Un contre-choc bienvenu pour la croissance, s'il devait durer. Au-delà de la conjoncture, on assiste à un mouvement plus structurel qui, via les nouvelles sources d'énergie et les évolutions géopolitiques, déplace les plaques tectoniques de l'économie mondiale.


    L'industrie du pétrole n'en est pas à un choc près. Depuis 150 ans, elle a été chahutée à de nombreuses reprises, connaissant tour à tour des périodes fastes de cours élevés (dans les années 1970, par exemple) et des dépressions non moins impressionnantes, comme à la fin des années 1990, lorsque le brut valait 10 dollars le baril, avant de remonter à 140 dollars dans les années qui suivirent.

    Depuis six mois, le monde est confronté à un nouveau choc à la baisse : les cours du brut ont dévissé de 50 %. Nous sommes passés brutalement d'un pétrole à 100 dollars le baril, ce qui, il y a quelques mois, était considéré comme une sorte de cours plancher, à un pétrole à 50 dollars, sans que personne ne sache très bien si cette nouvelle valeur est installée pour durer. Si c'était le cas, le FMI a estimé que la croissance mondiale pourrait être dopée de 0,8 % d'ici à 2016.

    Cependant, pour un certain nombre de raisons, ce contre-choc pétrolier ne ressemble pas tout à fait aux épisodes antérieurs, ce qui le rend plus difficile à analyser. Il est le fruit d'un ensemble de déplacements des plaques tectoniques de l'économie mondiale, dont l'ampleur et les conséquences ne nous sont apparues que récemment. Les innovations technologiques, la géopolitique, la loi du marché ont créé une conjoncture inédite, qui fait dire à certains experts que nous sommes dans une situation unique dans l'histoire énergétique mondiale et qu'elle aura des effets systémiques sur la façon dont la planète va gérer ses ressources dans les années qui viennent.

    De l'énergie renouvelable plus compétitive
    Les innovations technologiques sont de deux ordres : celles qui ont permis d'exploiter le pétrole et le gaz de schiste, et celles qui ont lancé le développement des énergies renouvelables et abaissé le coût de leur production. L'extraction des gaz et pétroles de schistes a changé profondément la donne mondiale. Pour la première fois, en octobre 2013, les États-Unis ont produit davantage de pétrole qu'ils n'en importaient. Une date historique. En 2014, les importations américaines étaient inférieures de 28 % à celles de 2008.

    Les premiers affectés sont les pays de l'Opep, dont la part des exportations aux États-Unis est tombée de 56 % à 43 % entre 2008 et 2014, tandis qu'au cours de la même période, celles en provenance du Canada progressaient de 19 % à 38 %. Entre 2008 et 2014, la production pétrolière des États-Unis est passée de 5 à 9,1 millions de barils/jour. Les barils de pétrole produits hors du continent nord-américain, ainsi «libérés» pour le reste du monde, n'ont pas trouvé preneur, en raison de la baisse de la croissance économique en Europe et en Chine. La progression de la demande mondiale de pétrole ralentit inexorablement. La consommation a augmenté de 1 million de barils par jour en 2012, de 1,3 million en 2013 mais de 600.000 seulement en 2014.

    La deuxième source d'innovations technologiques concerne les énergies renouvelables. Leur développement a été considérablement accéléré au milieu des années 2000... à cause du pétrole cher. Elles représentent aujourd'hui environ 19 % de la production mondiale d'énergie. Et leur coût d'exploitation et de production diminue. La baisse des cours de l'or noir peut-elle les remettre en cause ? Rien n'est moins sûr, car la transition énergétique à l'oeuvre dans un certain nombre de pays a pour objectif de diminuer les émissions de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. L'Agence internationale pour l'énergie renouvelable, basée à Abu Dhabi, estime que ce sont surtout les véhicules électriques et fonctionnant aux carburants alternatifs, qui risquent de connaître une période difficile. Ces véhicules sont en effet en concurrence directe avec ceux qui roulent aux carburants classiques, dont les prix ont chuté.

    En revanche, l'industrie du solaire et de l'éolien ne serait pas aussi lourdement affectée, toujours selon cette même agence, pour la bonne raison que les coûts de production de l'énergie renouvelable ont beaucoup baissé ces dernières années. Les prix des panneaux solaires ont diminué de 75 % depuis 2009 et les coûts d'installation des grandes centrales solaires ont fondu de 65 % entre 2010 et 2014. Le gouvernement de Dubaï a commandé une centrale solaire au groupe saoudien ACWA Power qui vendra de l'électricité à 6 cents le kWh, soit 2 à 3 cents de moins que les centrales à gaz qui opèrent actuellement à Dubaï. L'Agence estime même qu'à peu près partout dans le monde, les centrales à biomasse, les fermes d'éoliennes onshore et les centrales géothermiques sont devenues aussi compétitives, voire plus, que les centrales à charbon ou au gaz.

    27 novembre 2014, le jour où l'OPEP a explosé
    Venons-en aux considérations géopolitiques. Le 27 novembre 2014 a marqué une étape décisive dans l'effondrement des cours. Ce jour-là, l'Opep décidait de ne pas réduire sa production et de la maintenir à 30 millions de barils par jour. Une véritable bombe dans le monde pétrolier. Cette décision répond au désir de l'Arabie Saoudite de frapper trois cibles : les États-Unis et leur pétrole de schiste, dont le coût de production est de facto considérablement relevé ; les producteurs non-membres de l'Opep, dont les coûts de production sont élevés (Russie, Afrique, Brésil...), afin de maintenir la part de marché des membres du cartel ; l'Iran, ennemi mortel du royaume saoudien, dont l'économie est déjà chancelante et que ce nouveau coup risque d'asphyxier totalement. L'aide que l'Iran apporte à ses alliés en Syrie et en Irak est estimée à 1,5 milliard de dollars par mois. Le pétrole constitue la première source de revenus du pays et un tiers de son budget. À cause des sanctions, ses exportations sont passées de 2,1 millions à 1,1 million de barils par jour.

    La situation risque donc de devenir rapidement intenable. Et ce n'est pas un hasard si le président Rohani semble déterminé à faire avancer le dossier nucléaire, afin de stopper la dégradation de la situation économique et sociale de son pays. Cette stratégie de l'Opep consistant à protéger ses parts de marché et à laisser jouer les forces de ce même marché, ne peut que profiter aux producteurs du Moyen-Orient dont les coûts de production sont les moins élevés du monde. Le pari de l'Arabie Saoudite est que les producteurs non-membres de l'Opep, dont les coûts de production sont élevés, seront obligés de baisser leur production les premiers. Certes l'Arabie Saoudite paie le prix de cette stratégie, puisque son déficit budgétaire atteindra 39 milliards de dollars cette année, mais c'est peu de chose rapporté aux réserves de change du royaume qui sont de 750 milliards de dollars... Le pari saoudien est d'ailleurs peut-être en train de porter ses fruits. Le 16 janvier, l'Agence internationale de l'énergie indiquait qu'une remontée des cours n'était pas « imminente », mais que l'on devrait enregistrer un fléchissement de la production des pays non Opep cette année, ce qui pourrait provoquer au moins une stabilisation des cours à un niveau un peu supérieur à ceux d'aujourd'hui.

    Investissements en baisse et licenciements
    Dans l'industrie pétrolière, ce n'est pas encore la panique, mais on assiste depuis quelques semaines à un ensemble de réactions fortes. Aux États-Unis d'abord où le nombre de forages est en train de baisser : 15 % de moins au début 2015 par rapport au dernier trimestre de 2014. Cela pourrait entraîner une baisse de la production de 3% cette année. Les producteurs de pétrole de schistes sont en première ligne. La plupart sont en train de réduire leurs opérations, comme Continental Resources, le pionnier de cette industrie, qui va diminuer le nombre de ses puits de 50 l'année dernière à 31 en 2015. Le 16 janvier, Standard & Poors a dégradé les notes d'une dizaine de compagnies moyennes aux États-Unis, ce qui donne une bonne mesure de l'inquiétude de la communauté financière. Pour autant, il serait prématuré d'anticiper la fin du pétrole de schiste aux États-Unis. Les opérateurs réduisent la voilure certes, mais guettent le moindre signe de retournement du marché pour rouvrir les puits fermés.

    Reste que l'industrie pétrolière est soumise à forte pression. Des milliards de dollars d'investissements dans le pétrole et la pétrochimie vont être remis en cause. Royal Dutch Shell a annoncé le 14 janvier qu'elle renonçait à la construction d'Al Karaana, l'un des plus grands sites pétrochimiques du monde, d'un montant de 6,5 milliards de dollars, qui devait être réalisé avec Qatar Petroleum. Le groupe anglo-néerlandais a également décidé de vendre pour 12 milliards de dollars d'actifs. Premier Oil a fait part de son intention de repousser le projet Bream, au large de la Norvège et le projet Sea Lion (2 milliards de dollars) dans les îles Falkland jusqu'à ce que les cours remontent. Le groupe norvégien Statoil fait de même pour trois projets sur la côte ouest du Groenland, l'une des régions où l'exploration et la production sont les plus coûteuses.

    L'industrie du pétrole n'en est pas à un choc près. Depuis 150 ans, elle a été chahutée à de nombreuses reprises, connaissant tour à tour des périodes fastes de cours élevés (dans les années 1970, par exemple) et des dépressions non moins impressionnantes, comme à la fin des années 1990, lorsque le brut valait 10 dollars le baril, avant de remonter à 140 dollars dans les années qui suivirent.

    Depuis six mois, le monde est confronté à un nouveau choc à la baisse : les cours du brut ont dévissé de 50 %. Nous sommes passés brutalement d'un pétrole à 100 dollars le baril, ce qui, il y a quelques mois, était considéré comme une sorte de cours plancher, à un pétrole à 50 dollars, sans que personne ne sache très bien si cette nouvelle valeur est installée pour durer. Si c'était le cas, le FMI a estimé que la croissance mondiale pourrait être dopée de 0,8 % d'ici à 2016.

    Cependant, pour un certain nombre de raisons, ce contre-choc pétrolier ne ressemble pas tout à fait aux épisodes antérieurs, ce qui le rend plus difficile à analyser. Il est le fruit d'un ensemble de déplacements des plaques tectoniques de l'économie mondiale, dont l'ampleur et les conséquences ne nous sont apparues que récemment. Les innovations technologiques, la géopolitique, la loi du marché ont créé une conjoncture inédite, qui fait dire à certains experts que nous sommes dans une situation unique dans l'histoire énergétique mondiale et qu'elle aura des effets systémiques sur la façon dont la planète va gérer ses ressources dans les années qui viennent.

  • #2
    suite

    De l'énergie renouvelable plus compétitive
    Les innovations technologiques sont de deux ordres : celles qui ont permis d'exploiter le pétrole et le gaz de schiste, et celles qui ont lancé le développement des énergies renouvelables et abaissé le coût de leur production. L'extraction des gaz et pétroles de schistes a changé profondément la donne mondiale. Pour la première fois, en octobre 2013, les États-Unis ont produit davantage de pétrole qu'ils n'en importaient. Une date historique. En 2014, les importations américaines étaient inférieures de 28 % à celles de 2008.

    Les premiers affectés sont les pays de l'Opep, dont la part des exportations aux États-Unis est tombée de 56 % à 43 % entre 2008 et 2014, tandis qu'au cours de la même période, celles en provenance du Canada progressaient de 19 % à 38 %. Entre 2008 et 2014, la production pétrolière des États-Unis est passée de 5 à 9,1 millions de barils/jour. Les barils de pétrole produits hors du continent nord-américain, ainsi «libérés» pour le reste du monde, n'ont pas trouvé preneur, en raison de la baisse de la croissance économique en Europe et en Chine. La progression de la demande mondiale de pétrole ralentit inexorablement. La consommation a augmenté de 1 million de barils par jour en 2012, de 1,3 million en 2013 mais de 600.000 seulement en 2014.

    La deuxième source d'innovations technologiques concerne les énergies renouvelables. Leur développement a été considérablement accéléré au milieu des années 2000... à cause du pétrole cher. Elles représentent aujourd'hui environ 19 % de la production mondiale d'énergie. Et leur coût d'exploitation et de production diminue. La baisse des cours de l'or noir peut-elle les remettre en cause ? Rien n'est moins sûr, car la transition énergétique à l'oeuvre dans un certain nombre de pays a pour objectif de diminuer les émissions de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. L'Agence internationale pour l'énergie renouvelable, basée à Abu Dhabi, estime que ce sont surtout les véhicules électriques et fonctionnant aux carburants alternatifs, qui risquent de connaître une période difficile. Ces véhicules sont en effet en concurrence directe avec ceux qui roulent aux carburants classiques, dont les prix ont chuté.

    En revanche, l'industrie du solaire et de l'éolien ne serait pas aussi lourdement affectée, toujours selon cette même agence, pour la bonne raison que les coûts de production de l'énergie renouvelable ont beaucoup baissé ces dernières années. Les prix des panneaux solaires ont diminué de 75 % depuis 2009 et les coûts d'installation des grandes centrales solaires ont fondu de 65 % entre 2010 et 2014. Le gouvernement de Dubaï a commandé une centrale solaire au groupe saoudien ACWA Power qui vendra de l'électricité à 6 cents le kWh, soit 2 à 3 cents de moins que les centrales à gaz qui opèrent actuellement à Dubaï. L'Agence estime même qu'à peu près partout dans le monde, les centrales à biomasse, les fermes d'éoliennes onshore et les centrales géothermiques sont devenues aussi compétitives, voire plus, que les centrales à charbon ou au gaz.

    27 novembre 2014, le jour où l'OPEP a explosé
    Venons-en aux considérations géopolitiques. Le 27 novembre 2014 a marqué une étape décisive dans l'effondrement des cours. Ce jour-là, l'Opep décidait de ne pas réduire sa production et de la maintenir à 30 millions de barils par jour. Une véritable bombe dans le monde pétrolier. Cette décision répond au désir de l'Arabie Saoudite de frapper trois cibles : les États-Unis et leur pétrole de schiste, dont le coût de production est de facto considérablement relevé ; les producteurs non-membres de l'Opep, dont les coûts de production sont élevés (Russie, Afrique, Brésil...), afin de maintenir la part de marché des membres du cartel ; l'Iran, ennemi mortel du royaume saoudien, dont l'économie est déjà chancelante et que ce nouveau coup risque d'asphyxier totalement. L'aide que l'Iran apporte à ses alliés en Syrie et en Irak est estimée à 1,5 milliard de dollars par mois. Le pétrole constitue la première source de revenus du pays et un tiers de son budget. À cause des sanctions, ses exportations sont passées de 2,1 millions à 1,1 million de barils par jour.

    La situation risque donc de devenir rapidement intenable. Et ce n'est pas un hasard si le président Rohani semble déterminé à faire avancer le dossier nucléaire, afin de stopper la dégradation de la situation économique et sociale de son pays. Cette stratégie de l'Opep consistant à protéger ses parts de marché et à laisser jouer les forces de ce même marché, ne peut que profiter aux producteurs du Moyen-Orient dont les coûts de production sont les moins élevés du monde. Le pari de l'Arabie Saoudite est que les producteurs non-membres de l'Opep, dont les coûts de production sont élevés, seront obligés de baisser leur production les premiers. Certes l'Arabie Saoudite paie le prix de cette stratégie, puisque son déficit budgétaire atteindra 39 milliards de dollars cette année, mais c'est peu de chose rapporté aux réserves de change du royaume qui sont de 750 milliards de dollars... Le pari saoudien est d'ailleurs peut-être en train de porter ses fruits. Le 16 janvier, l'Agence internationale de l'énergie indiquait qu'une remontée des cours n'était pas « imminente », mais que l'on devrait enregistrer un fléchissement de la production des pays non Opep cette année, ce qui pourrait provoquer au moins une stabilisation des cours à un niveau un peu supérieur à ceux d'aujourd'hui.

    Investissements en baisse et licenciements
    Dans l'industrie pétrolière, ce n'est pas encore la panique, mais on assiste depuis quelques semaines à un ensemble de réactions fortes. Aux États-Unis d'abord où le nombre de forages est en train de baisser : 15 % de moins au début 2015 par rapport au dernier trimestre de 2014. Cela pourrait entraîner une baisse de la production de 3% cette année. Les producteurs de pétrole de schistes sont en première ligne. La plupart sont en train de réduire leurs opérations, comme Continental Resources, le pionnier de cette industrie, qui va diminuer le nombre de ses puits de 50 l'année dernière à 31 en 2015. Le 16 janvier, Standard & Poors a dégradé les notes d'une dizaine de compagnies moyennes aux États-Unis, ce qui donne une bonne mesure de l'inquiétude de la communauté financière. Pour autant, il serait prématuré d'anticiper la fin du pétrole de schiste aux États-Unis. Les opérateurs réduisent la voilure certes, mais guettent le moindre signe de retournement du marché pour rouvrir les puits fermés.

    Reste que l'industrie pétrolière est soumise à forte pression. Des milliards de dollars d'investissements dans le pétrole et la pétrochimie vont être remis en cause. Royal Dutch Shell a annoncé le 14 janvier qu'elle renonçait à la construction d'Al Karaana, l'un des plus grands sites pétrochimiques du monde, d'un montant de 6,5 milliards de dollars, qui devait être réalisé avec Qatar Petroleum. Le groupe anglo-néerlandais a également décidé de vendre pour 12 milliards de dollars d'actifs. Premier Oil a fait part de son intention de repousser le projet Bream, au large de la Norvège et le projet Sea Lion (2 milliards de dollars) dans les îles Falkland jusqu'à ce que les cours remontent. Le groupe norvégien Statoil fait de même pour trois projets sur la côte ouest du Groenland, l'une des régions où l'exploration et la production sont les plus coûteuses.

    Schlumberger, la première entreprise mondiale de services pétroliers, est frappée de plein fouet, 1,77 milliard de dollars de provisions au quatrième trimestre 2014, dont près de 300 millions pour financer le coût de 9.000 suppressions d'emplois et 800 millions de dégradation de la valeur de navires dédiés aux travaux sismiques. C'est le plus grand nombre de pertes d'emplois annoncé jusqu'ici dans le secteur pétrolier. C'est toute une filière qui est soumise à d'intenses pressions de la part des donneurs d'ordre : annulation de projets, baisse des rémunérations, licenciement de spécialistes. Le prix de location d'une plate-forme de forage en eau profonde dernier cri est tombé en décembre dernier à 440.000 dollars par jour, plus de 100.000 dollars de moins que quelques mois auparavant. Le taux d'utilisation de ces installations a touché son plus bas niveau depuis quinze ans...

    Vers une nouvelle phase de consolidation ?
    L'un des pays les plus concernés en Europe est la Grande-Bretagne, et ses gisements de la mer du Nord. Le secrétaire à l'Energie, Ed Davey, a lancé une enquête approfondie pour mesurer les effets sur l'économie britannique de la baisse des prix et les moyens de réagir. De nombreuses compagnies pétrolières ont annoncé des suppressions d'emplois et des reports de projets. BP a annoncé, le 15 janvier, 300 suppressions de postes dans ses installations de mer du Nord. Cette compagnie qui développe deux importants projets dans cette région, Clair Ridge et Schiehallion, devant être mis en production d'ici à deux ans, a annoncé un programme de baisse de ses dépenses de 1 milliard de dollars au cours des cinq prochains trimestres et a cédé un certain nombre d'actifs gaziers qu'elle n'exploitait pas dans la partie méridionale de la mer du Nord.

    Les milieux pétroliers demandent au gouvernement de diminuer de façon significative les taxes et impôts sur les compagnies dans le prochain budget, afin d'assurer la pérennité des activités en mer du Nord, qui, si rien n'est fait, sont en risque. Et Downing Street étudie d'ores et déjà un certain nombre de mesures d'allégements fiscaux ou de soutien à l'investissement. En réalité, toutes les compagnies présentes dans cette région difficile sont en train de réexaminer leurs opérations. ConocoPhilips, l'un des plus importants producteurs de la région, a déjà annoncé la suppression de 230 emplois.

    Certains experts, comme Wood Mackenzie, évaluent à 3,2 milliards de dollars les investissements liés à de nouveaux projets dans la région qui seraient annulés, ramenant les investissements totaux britanniques dans le pétrole de la mer du Nord à 10 milliards de dollars cette année, contre 19 milliards en 2014. Des économistes ont même calculé que si l'Écosse était devenue indépendante, elle aurait dû faire face à une impasse budgétaire de près de 20 milliards de livres cette année, puisque le projet de budget du Parti national écossais était basé sur un pétrole à 110 dollars le baril...

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    • #3
      fin

      C'est donc un véritable tsunami qui frappe l'industrie pétrolière : toutes les compagnies se livrent à une revue de détail de toutes leurs opérations, qu'il s'agisse de nouveaux projets, d'exploitation de gisements onéreux et de coût de leurs opérations, qui pourrait aboutir, selon des experts de Goldman Sachs, à une déflation des coûts de l'ordre de 20 % dans les deux années qui viennent. Les bons connaisseurs du secteur anticipent même une nouvelle phase de consolidation de l'industrie, qui toucherait notamment des compagnies de taille moyenne, opérant dans des zones aux coûts élevés et qui pourraient se retrouver à court de financement.

      Mais il se murmure à la City que BP pourrait aussi être une cible. Elle traverse une période difficile depuis l'accident de la plate-forme Horizon Deep Water dans le Golfe du Mexique en 2010, qui lui a coûté plus de 40 milliards de dollars. Depuis lors, elle a vendu près de 40 milliards de dollars d'actifs. Sa capitalisation boursière est certes élevée (plus de 100 milliards de dollars) mais celle d'Exxon Mobil (un candidat potentiel) est trois fois plus importante... On se souvient que la précédente vague de consolidation s'est déroulée à la fin des années 1990, dans une période de faible cours du brut, et avait notamment abouti au rachat d'Amoco par BP et de Petrofina et d'Elf par Total.

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