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Plongée dans les noms marocains de SwissLeaks

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  • Plongée dans les noms marocains de SwissLeaks

    « Les clients de la banque HSBC ayant une résidence fiscale au Maroc feront l’objet d’une enquête », croit savoir le site d’information Medias24.com. Même si aucune déclaration officielle n’étaye pour l’instant cette annonce, une telle enquête donnerait du grain à moudre à la justice. La loi marocaine, en effet, interdit en principe la détention d’avoirs bancaires à l’étranger. L’Office des changes, administration chargée de réguler la circulation des devises, peut accorder des dérogations exceptionnelles. Mais ces dernières, selon une source interne à l’Office, restent « très rares ».

    Lire aussi : « SwissLeaks » : Sa Majesté Mohammed VI, client numéro 5090190103 chez HSBC

    Lire aussi : Fouad Filali, enfant prodige du capitalisme marocain - et client HSBC

    Selon les documents consultés par Le Monde, 1 068 clients de la HSBC à Genève étaient, entre septembre 2006 et mars 2007, « associés au Maroc ». Cette classification englobe des profils qui n’ont parfois qu’un lien ténu avec le royaume. Certains ne sont pas marocains et ont toujours vécu et travaillé ailleurs qu’au Maroc, mais le fait qu’ils y soient nés suffit à les faire figurer sur la liste. D’autres y ont une adresse, mais pas forcément celle de leur résidence principale, ni celle de leurs locaux professionnels.

    C’est le cas, par exemple, d’un client qui détenait 74,1 millions de dollars à la fin 2006. Mentionné comme le titulaire du compte HSBC « associé au Maroc » le plus richement doté, son identité a suscité bien des spéculations depuis le lancement de « l’affaire SwissLeaks ». Mais il s’agit en fait d’un magnat saoudien du tourisme, dont l’unique lien avec le Maroc est qu’il y possède une de ses (multiples) adresses postales.

    Sur les 1 068 clients HSBC associés au royaume, 410 étaient des Marocains résidents au Maroc. Parmi ceux-là, et si on exclut les conjoints, parents, enfants et autres ayants droit, 170 personnes étaient titulaires, entre fin 2006 et début 2007, de comptes bancaires à la fois actifs et approvisionnés. Montant total de leurs avoirs : 451 millions de dollars.

    Lire aussi : SwissLeaks : que révèlent les listings tunisiens ?

    Les clients marocains les plus notables sont les membres de la famille royale. On sait dorénavant que le roi Mohammed VI disposait d’un compte, codétenu par son secrétaire particulier Mounir El Majidi, et que ce compte était à l’époque pourvu de 9,1 millions de dollars. On sait également que Fouad Filali, ex-beau-frère du roi et ex-PDG du holding royal SNI (anciennement ONA), figurait dans les fichiers de la banque en connexion avec des entités légales dont les avoirs dépassaient 16 millions de dollars.

    Autre client HSBC proche du pouvoir : Serge Berdugo, un temps ministre du tourisme, aujourd’hui président de la communauté juive marocaine et ambassadeur itinérant du royaume. En 2006, le compte lié à son nom affichait un montant de 7,3 millions de dollars.

    Avocat, diplomate et homme de réseaux, M. Berdugo est pour beaucoup dans les bonnes relations que le Palais royal entretient avec les dirigeants de la diaspora juive, en particulier celle installée aux Etats-Unis. Sur les listings HSBC, il est mentionné en tant que « président de la communauté israélite et PDG d’une entreprise de travaux publics ». Contacté, M. Berdugo n’a pas souhaité faire de commentaires.

    La plupart des sommes inférieures à un million de dollars

    La grande majorité des Marocains qui apparaissent dans les livres de la banque suisse sont des « anonymes » : industriels, chefs d’entreprises, commerçants, quelques professions libérales (médecins, pharmaciens, architectes) et un certain nombre de femmes au foyer. Les sommes détenues à la fin 2006 étaient pour la plupart inférieures à un million de dollars.

    Une poignée de Marocains, cependant, disposait de montants élevés. Le plus richement doté était un certain Messod Bouskila, PDG d’une entreprise familiale de tannerie et de commerce de cuir créée à Casablanca en 1947. Sous le nom de code « Teldan 45 », le compte lié à son nom affichait fin 2006 51,1 millions de dollars.

    Contacté, M. Bouskila a nié à de multiples reprises posséder de l’argent en Suisse. Il a même ironisé : « J’aurais bien besoin de 51 millions de dollars en ce moment, parce que les affaires ne marchent pas très fort. » Il a néanmoins confirmé certaines indications figurant sur les documents HSBC : sa date de naissance, son adresse, et les noms de ses trois enfants. Interrogé sur la présence de ces informations sur des relevés de comptes dans une banque à Genève, M. Bouskila a déclaré ne pas avoir « d’explication ».


    Le second compte marocain le mieux garni totalisait 31,1 millions de dollars à la fin 2006. Peut-être pas grand-chose pour le titulaire lié au compte, Jacob Chetrit. Le Chetrit Group, qu’il codirige avec ses frères Joseph, Meyer et Judah, est un des plus importants opérateurs immobiliers de New York et brasse des milliards de dollars. Son plus gros coup : la direction d’un consortium qui a racheté en 2004 la Sears Tower de Chicago (aujourd’hui Willis Tower), le deuxième plus haut gratte-ciel d’Amérique.

    Les Chetrit, qui avaient originellement fait fortune dans le textile au Maroc, avaient fait parler d’eux en 1996 avec l’emprisonnement pour fraude douanière de Simon, le patriarche, et David, un autre membre de la famille. Ils seront graciés deux ans plus tard, mais le même David sera cité par la presse en 2004 dans le cadre d’une nouvelle affaire de fraude douanière. Etabli aux Etats-Unis, Jacob Chetrit est pourtant référencé chez HSBC avec son adresse marocaine, à Casablanca. Contacté par téléphone, il n’a pas fait de commentaires.

    Par Ahmed Benchemsi
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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