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Tunisie : y a-t-il encore de la place pour la Saint-Valentin ? -

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  • Tunisie : y a-t-il encore de la place pour la Saint-Valentin ? -

    Saint-Valentin est un prêtre chrétien, exécuté le 14 février 270 sur ordre de l’ l’Empereur romain Claude II pour avoir célébré des mariages chrétiens dans la clandestinité alors que le mariage avait été aboli. Peu avant sa décapitation, Valentin s’éprend de la fille aveugle de son geôlier et la légende raconte qu’il lui redonne la vue et lui offre des feuilles en forme de COEUR avec le message suivant : DE TON VALENTIN ! Aimer et être aimé, n’est-ce pas le but de la vie ? Saint-Valentin, le Cupidon, serait mort pour avoir défendu l’amour et le mariage. En 496, le Pape ordonna la canonisation du prêtre martyr de l’amour, devenu alors pour toujours Saint-Valentin, patron des amoureux, et décréta le 14 février jour de sa célébration.

    Depuis l’Antiquité à nos jours, revoilà la Saint-Valentin ! Aujourd’hui nous sommes le 14 février, la fête de l’Amour bat son plein, est-ce devenu une récurrence tunisienne pourrait-on légitimement s’interroger ? De prime abord, disons que manifestement c’est une occasion pour les amoureux de déclarer leur flamme et de chouchouter son ou sa bien-aimé(e). Mais également pour les célibataires qui attendent ce jour avec impatience pour pouvoir échanger des mots doux profitant de l’ambiance magique de la fête qui rend les coeurs romantiques. Sauf que les mots doux doivent s’accompagner de cadeaux , devenus un passage obligé.

    Quoi de plus romantique que d’offrir des fleurs! Les fleurs ont un langage poétique, elles demeurent le cadeau qui fait toujours mouche, en particulier des roses rouges qui restent quoi qu’on en dise indémodables parce qu’elles expriment la passion, l’intensité des sentiments.

    Ce qui immanquablement fait le bonheur des fleuristes qui attendent frénétiquement la Saint-Valentin, considérée une des dates les plus importantes de l’année. C’est l’occasion pour eux de faire le plein, après des mois moroses. Il va sans dire que les bouquets sont confectionnés avant le jour J. Pour cette occasion, c’est le rouge qui est mis en valeur, affirme Khaled, un des fleuristes ‘locataire’ des artères de l’avenue Habib Bourguiba, du côté du TGM (Tunis), en ajoutant que jeunes et moins jeunes offrent des fleurs, qu’ils soient âgés de 20 ans ou 60 ans, il n’y a pas d’âge pour une belle attention.

    Quoique un peu timides, les sexagénaires viennent tardivement dans la soirée, pour ne pas être vus. Khaled est là débout depuis 7 heures du matin jusqu’à 21 h du soir : “Aucun détail n’est laissé au hasard”, dit-il. Outre les fleurs, la Saint-Valentin est gourmande de chocolats et douceurs : une vendeuse du stand d’un grand chocolatier nous confie : “ Les gens commencent à passer leurs commandes pour le jour J depuis début février« , ajoutant avec le sourire:” On voit même des gens qui se marient ou qui se fiancent spécialement le 14 février, nous recevons plusieurs demandes”[] “C’est une récurrence qui s’est transformée en tradition tunisienne. Cela fait plus de 5 ans que nous côtoyons un tel événement”, précise-t-elle. Côté prix, cela varie entre 18.500 et même jusqu’à 500 dinars, renchérit-elle.

    Après le plein de gourmandises, place à la solution olfactive : le parfum. Cette année une bonne majorité de Tunisiens vont fêter la Saint-Valentin. Selon Rabaa, conseillère beauté, elle soutient que le Tunisien dans ses habitudes ne rate aucune fête, il aime se faire chouchouter, comme il aime faire plaisir aux autres, et ceci est réservé à toutes les classes sociales. “Avant que j’intègre ce poste, je me disais que la Saint-Valentin est une fête pour les jeunes, maintenant ma vision a changé, il y de plus en plus de personnes âgées qui la fêtent aussi. Par ailleurs, Internet amplifie le phénomène où on peut trouver de “bons plans”, comme ce fut le cas de la vente des peluches marquées “I love” ! Qui ne craque pas pour ces tendres nounours, ou encore les porte-clés “He and She”? Eh oui, un coeur pour monsieur, un coeur pour madame, ou un sac à main qui fera certes le bonheur de ces dames.

    Voilà que la scène e-commerce se développe. C’est ce que propose en ce moment le site Kaymu.tn. De leur côté, les nouvelles technologies font parler d’elles, les meilleurs outils et les appareils à la pointe des technologies sont au rendez-vous pour les branchés des TIC. Rien n’échappe aux connaisseurs, entre le stylet de Galaxy note 4, la montre aux options wifi jouent la carte de l’originalité pour cette occasion.

    L’univers du livre n’est pas en reste non plus. Au contraire, il a bien sa place au 21 ème siècle. Rencontré à cette occasion, un libraire nous confie :” Les gens continuent à offrir des livres, particulièrement cette année que je trouve bien meilleure que l’année dernière”. Interrogé sur le genre de livres que les Tunisiens achètent, il répond que généralement ils craquent pour Paolo Coelho, Yasmina Khadhra, ou plus encore la littérature russe qui est fortement demandée comme les intemporels Dostoïevski et Tolstoï, bien évidemment la littérature arabe qui a retrouvé toute sa place depuis quelques années, conclut-il.

    Bien que les indicateurs économiques indiquent que le pouvoir d’achat des Tunisiens rétrécit comme peau de chagrin, certains ne badinent pas avec les fêtes et les occasions jugées « intouchables et inratables » à leurs yeux. Est-ce le cas cette année ? Quelques jours avant la date fatidique, nous sommes allés à la rencontre des amoureux, au coeur de Tunis, en quête de cadeaux spéciaux afin de pouvoir trouver des réponses satisfaisantes à notre question.

    Saint-Valentin : ne touche pas à ma fête…


    Quelques amoureux ne reculent guère devant le manque de moyens et font de leur mieux pour épater leur âme sœur. L’essentiel est d’honorer son « devoir d’amoureux exemplaire ». « Peu m’importe ma situation matérielle modeste, comme chaque année je tiens à fêter la Saint Valentin et comme il se doit », nous confie Chawki , un jeune fonctionnaire contractuel âgé de 30 ans dans le secteur privé, que nous avons croisé dans un café du centre-ville. Malgré son modeste salaire, il déclare : « J’ai prévu un week-end dans un hôtel à Hammamet en compagnie de ma dulcinée. Cela fait un mois que j’économise », dit-il. 400 dinars est le montant que Chawki a pu économiser pour la Saint-valentin, depuis le mois de janvier, y compris un cadeau qu’il a délicatement choisi pour sa dulcinée.

    Un peu plus loin, attablées autour d’un café, un groupe de jeunes filles conversaient. Nous nous présentons pour recueillir leur avis. Sourire aux lèvres, deux d’entre elles acceptent de nous répondre : Ichrak, âgée de 22 ans, étudiante en lettres anglaises est venue justement chercher un cadeau pour son prince charmant : « Après plusieurs tournées dans les boutiques, j’ai choisi de lui offrir une chemise et son parfum préféré ». Et de poursuivre : « Certes ça m’a coûté surtout que je ne suis pas salariée mais il est hors de question que cet événement passe inaperçu », renchérit-elle avec détermination. Ichrak estime que la Saint-Valentin est une fête très spéciale qui mérite que l’on fasse de petites folies : « Pour moi c’est un rite annuel que je compte perpétuer même après mon mariage et dans toutes les conditions matérielles », conclut-elle son intervention.

    Oui pour la Saint-Valentin… non à l’excès…

    D’autres personnes ont choisi d’autres voies et envisagent la Saint-Valentin autrement. Pour notre interlocutrice, la Saint-Valentin n’est pas un jour comme les autres mais d’un autre côté, ce n’est pas un jour qu’on peut se permettre de négliger. « Si ton partenaire est un lecteur assidu, tu dois fouiller dans les bibliothèques afin de lui offrir un bon titre », nous confie Amel, une développeuse Web, âgée de 35 ans. Loin des dépenses coûteuses et des apparences tapageuses, Amel a préféré commencer ses recherches afin de lui trouver un bon titre. « Un petit cadeau symbolique et une sortie dans un espace romantique est l’idéal pour moi. A quoi bon toutes ces dépenses et tous ces achats onéreux ?», s’interroge-t-elle. « Je suis partante pour le principe mais je deviens catégorique contre toutes sortes d’excès », dit-elle.

    Mohamed, âgé de 28 ans, au chômage, nous affirme qu’il ne s’intéresse pas à cette fête pour deux raisons : « Sincèrement, je ne peux pas me permettre le luxe de fêter une fête pareille ça ne fait pas partie de mes soucis » et d’ajouter : « Je suis étonné de voir les gens affairés à acheter des cadeaux onéreux alors que nous savons tous que le pays passe par une crise économique ».

    Pour notre interlocuteur, fêter la Saint-Valentin dans un tel contexte économique est vraiment surréaliste.
Quant à la deuxième raison, elle tient d’ une conviction personnelle :
« Même si j’avais les moyens, je ne me permettrais pas de célébrer une fête d’origine païenne », déclare-t-il d’un air détérminé

    - l'économiste maghrébin
    Dernière modification par haddou, 14 février 2015, 19h32.
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