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Geostrategie economique : Des pays compétitifs : Que peut-on en tirer ?

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    Des pays compétitifs : Que peut-on en tirer ?

    El Watan le 16.02.15 | 10h00


    La gestion macroéconomique d’un pays intègre de nombreux paramètres. Certains sont difficilement quantifiables, même si les sciences humaines modernes essayent de tout chiffrer, y compris les variables géostratégiques. De nos jours, il devient de plus en plus clair, pour les entreprises et pour les pays, que la planification économique intègre forcément la dynamique de la mondialisation.

    D’ailleurs, les évaluations sont de plus en plus comparatives. Si la croissance économique d’un pays serait de 4%, est-ce une bonne ou une mauvaise performance*? La réponse est : cela dépend. Si la croissance des pays «similaires» était de 8%, le taux serait considéré comme insuffisant*; mais si elle était de 1%, ce même taux serait un exploit. Donc, une performance économique en soi dit peu de choses.

    Ce n’est que si on la comparait qu’on révèlerait la véritable signification des données. En comparant les pratiques d’émergence des pays, on se rend compte que ces derniers intègrent la dimension géostratégique. Ces pays réfléchissent aussi bien à s’assurer de l’approvisionnement en matières premières qu’en débouchés pour leurs biens et services en aval. Le Brésil a fortement intégré son économie dans celles des pays environnants.

    La Chine développe des trésors d’imagination pour s’intégrer au continent africain. Si les tendances actuelles continuent, l’Afrique sera avec l’Asie le continent qui va le plus tirer la croissance économique mondiale à la hausse. Certes, ce ne sont pas tous les pays qui vont connaître une croissance considérable. Mais le continent commence à faire des progrès, que seules de rares personnes prédisaient il y a à peine dix ans.

    Problématique et conditions

    L’Algérie avait par le passé, surtout durant les années soixante-dix, construit un capital politique appréciable en direction du continent noir. Nous avions développé une image qui pouvait être le fer de lance de notre géopolitique économique en direction de ces pays. Cependant, la stratégie économique avait rarement tiré profit du travail politique. On a peut-être considéré qu’il valait mieux s’intégrer par rapport aux pays du Nord.

    Certes, nous avions un intérêt légitime à ancrer notre économie au sein des pays fortement industrialisés. Il y a énormément d’avantages à tirer d’une intégration bien structurée avec les pays développés. Mais nous avons fortement sous-estimé nos voisins du Sud et leurs performances nous contredisent. L’Afrique avait l’habitude d’être le mauvais élève mondial. Entre 1980 et 1989, alors que la croissance mondiale avoisinait 3,26, celle de l’Afrique affichait un modeste taux de 1,81%.

    Mais entre 2000 et 2010, alors que le monde montrait des améliorations modestes de 2,7%, l’Afrique se situait à 5,28%. La tendance se confirme. En 2013, l’Afrique subsaharienne (sans l’Afrique du Sud) montrait une croissance de 6%, qui est le double de celle du reste du monde (3%). La meilleure manière de tirer profit de la proximité d’un continent qui se dynamise est de préparer les entreprises à en tirer profit. En fait, la force des nations qui réussissent l’émergence commence aussi par l’encouragement des entreprises à s’internationaliser très tôt.

    Quiconque a beaucoup lu sur l’histoire du développement des entreprises mondiales arriverait à cette conclusion. Les Etats qui aident leurs PME/PMI à s’internationaliser par des appuis multiples — financement, taxation, débureaucratisation, etc. — récoltent vite les dividendes d’une intégration réussie. Par ailleurs, les stratégies de développement territorial s’intègrent aussi dans ce dessein de développement régional.

    On peut imaginer que dans une stratégie de développement de notre pays, le Sud serait le fer de lance de l’intégration africaine. Il nous faut alors les infrastructures (rail, routes, eau) et les types d’entreprises à faire émerger dans cette région. C’est toute une ingénierie globale, avec une forte décentralisation qu’il faut opérer.

    Quel type d’intégration vis-à-vis de l’Afrique*?

    L’Afrique, continent délaissé il y a de nombreuses années, devient une grande source de convoitise pour les géants économiques de la planète. Les USA et la Chine, sans compter les traditionnels pays colonisateurs (France, Grande-Bretagne) font un forcing incroyable vers le continent noir. Partout on affine des stratégies de conquête. Mais, à la lecture des différentes manières de procéder, il n’y a pas de différences fondamentales entre les différentes superpuissances mondiales.

    Le but, non mis en avant, est toujours de s’assurer des bases arrière en matière de ressources rares et en aval de s’accaparer une grande part de marché pour les débouchés de ses industries. Pour ce faire, on aide ces pays avec des constructions d’infrastructures, de la formation, du financement de projets de développement et d’actions sociales (vaccination, eau potable, etc.).

    Mais ces pays usent surtout de leur potentiel politique pour tirer profit d’économies qui seront à la pointe de la croissance mondiale. L’Algérie aspire à se réindustrialiser et à commencer à développer des exportations hors hydrocarbures. Mais nous n’avons pas de stratégie de développement. Les experts n’ont cessé de réclamer un tel processus. En son absence, il serait pratiquement impossible de tirer des avantages d’une intégration aux économies africaines.

    Car le type d’investissements et de projets que l’on va mener permettra une intégration efficace ou pas. L’Algérie aurait intérêt à agir autrement. Elle pourra proposer des projets de co-développement, c’est-à-dire des projets qui développent conjointement les pays africains et notre économie. Par exemple, des joint-ventures en vue de développer des sociétés mixtes dans des domaines aussi variés que l’agroalimentaire, la mécanique, etc. Les marchés seront africains et algériens. Ainsi, ces pays verront que la stratégie algérienne est différente.

    Elle ne vise pas les matières premières et les marchés africains seulement, même si par ricochet on en fait grand usage. Mais notre stratégie serait un développement conjoint. Les détails techniques de cette approche sont complexes et nécessitent de longs développements. Mais on sait en stratégie que lorsque plusieurs concurrents offrent la même chose, on peut réussir avec une approche de différenciation. Qu’il en soit ainsi, la communication fera le reste.

    Abdelhak Lamiri
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Incroyable est cette manie chez certains économistes de se questionner sur un manque de stratégie économique, et de peiner à en décrire une complètement, ne serait ce qu'avec l'Afrique. L'Algerie avait établis des ponts politiques et économiques depuis de nombreuses années, dans certains secteurs stratégiques, dans les infrastructures...

    il est heureux de continuer à le faire, d'une manière pragmatique, mais croire, qu'on peut placer n'importe quel produit en Afrique est une lubie. On ne pourra placer qu'un produit compétitif, et on arrive à peine à être compétitifs sur son propre marché. L'integration régionale est salutaire, mais croire que seul ce dispositif permettra de diversifier ses sources d'exportation est irresponsable. Il est temps de prendre conscience que l'off shore peut contribuer fortement à cette diversification.
    Othmane BENZAGHOU

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