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Comment Chavez a ruiné le Venezuela

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  • Comment Chavez a ruiné le Venezuela

    La révolution bolivarienne a détruit l'économie du pays et dilapidé la rente du pétrole.

    En France, la gauche de la gauche commence à cogner contre la politique «de droite» de François Hollande. Le président «social-démocrate» ferait la part trop belle à la rigueur, aux riches, aux banques. Le débat ne peut que se durcir dans les semaines à venir avec la panne de croissance et l’austérité.

    Il n’est donc pas inutile de porter ses regards au Venezuela où «l’autre politique», celle prônée par l’extrême gauche française, s’est appliquée depuis bientôt quinze ans. Jean-Luc Mélenchon qui a fait plusieurs fois le voyage de Caracas n’a jamais caché sa grande admiration pour le «Commandante» Chavez, décédé mardi soir.

    Quel sont les résultats de la «révolution bolivarienne» d’Hugo Chavez dont Jean-Luc Mélenchon et ses amis veulent s’inspirer ?

    Voici quelques faits et chiffres:

    La monnaie locale vient d’être dévaluée de 32%. Au marché noir, elle reste encore trois fois moins élevée que le cours officiel.

    L’inflation dépasse 25% l’an depuis plusieurs années. Juste avant l'élection présidentielle d’octobre 2012, Hugo Chavez a augmenté les salaires des fonctionnaires de 45% et l’ensemble des dépenses publiques de 25%. Il a été réélu. L’inflation atteint actuellement 35%.

    Dans les campagnes, de nombreuses expropriations, sur des millions d’hectares, ont eu lieu. Beaucoup des terres sont restées en friche. Le pays, naguère exportateur de tabac et de fruits, importe désormais 70% de la consommation des ménages. Y compris du tabac. L’Etat contrôle les prix et les importations. Les pénuries de denrées alimentaires de base sont fréquentes.

    L’industrie compte deux fois moins d’entreprises qu’il y a dix ans.

    Le pays dépend pour ses exportations à 96% du pétrole. Hugo Chavez avait déclaré il y a dix ans vouloir porter la production d’or noir de 3,1 millions de barils par jour à 5,1 millions. Faute de maintenance et de pièces de rechange, elle s’est affaissée à 2,4 millions de barils par jour. Dans la même période, les effectifs de la compagnie nationale, PDVSA, sont passés de 23.000 à 120.000. Les raffineries sont pour beaucoup en panne et le Venezuela qui possède des réserves parmi les plus abondantes du monde, selon l’Opep, importe de l’essence.

    Le président Chavez aide les Vénézuéliens les plus démunis grâce à des mécanismes et des fonds qui échappent à l’administration officielle et dépendent directement de lui. Pour leur financement, la compagnie PDVSA lui a versé l’an dernier l’équivalent de 15,5 milliards de dollars. Cet argent est distribué sous de multiples formes d’aide alimentaire à bas prix, de logements attribués, de soins de première nécessité gratuits pour les pauvres, etc. Le Président a multiplié les plans d’urgences et les «missions» spéciales.

    Le président Chavez était salué pour sa politique sociale et son action contre la pauvreté, y compris par l’Union européenne, après son décès. Le Brésil dirigé par Lula da Silva, que l’extrême gauche a déconsidéré parce que menant des politiques libérales puis par Dilma Rousseff sur la même ligne, avait une richesse par habitant de 30% inférieure au Venezuela il y a dix ans. La différence aujourd’hui n’est plus que de 5% (11.820 dollars contre 10.720 dollars). Le taux d’extrême pauvreté est toujours élevé au Brésil «libéral» (environ 21%) mais il est devenu inférieur à celui du Venezuela «bolivarien» (environ 32%).

    Mon commentaire: un désastre économique

    Le résultat du chavisme est un désastre. Le Commandante a puisé dans la manne du pétrole pour distribuer des bienfaits aux plus démunis, du moins à certains. C’est vrai. D’où sa popularité. Mais l’économie hors pétrole est en voie de destruction. On notera au passage que contrairement à ses diatribes contre les capitalistes étrangers et surtout américains, les majors compagnies restent sur place et sont indispensables à PDVSA pour lui apporter leur technologie. Même l’américain Chevron est associé à l’exploitation.

    Cette politique d’urgences sociales permanentes et fluctuantes est menée par des intermédiaires affiliés, les «boligarques», complètement redevables au pouvoir. L’administration classique est démunie et désorganisée. Cette politique de «petronisme», l’excellente expression de Thomas Friedman du New York Times qui mêle le pétrole et le populisme de l’Argentin Peron, est une exploitation de la rente sans investir dans l’avenir.

    Le Brésil a encore beaucoup de problèmes de croissance comme d’inégalités mais les résultats du libéral Lula sont tout autres. Sur l’ensemble des tableaux économiques et sociaux. Et en plus, le Brésil a trouvé du pétrole…

    Eric Le Boucher Journaliste
    Slate
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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