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Inde-Chine : Pourquoi nous allons conquérir le monde

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  • Inde-Chine : Pourquoi nous allons conquérir le monde

    Entretien croisé de Barid Baran Bhattacharya est économiste, vice-recteur de l'université Nehru de Jawaharlal à New Delhi. Changjian Jiang, est, lui, professeur associé en relations internationales à l'université de Fudan à Shanghaï.

    Regards sur cette « Chindia », nouvelle puissance mondiale du XXIe siècle.

    « Nous sommes amis », a assuré le président Hu Jintao, en visite officielle en Inde jusqu'à ce soir. Mettant en veilleuse leur différend politique, vieux de quarante ans, Pékin et Delhi ont affirmé vouloir doper leurs économies, dont les croissances sont les deux plus fortes au monde, en renforçant leur coopération. D'ici à 2010, ils s'y sont engagés : le montant de leurs échanges doublera pour atteindre 40 milliards de dollars.

    LE FIGARO. - Le monde entier vous scrute, avec un mélange de crainte et d'envie. Comment vous jugez-vous l'un l'autre ?

    Changjian Jiang. - Les Chinois ont une image de plus en plus positive de l'Inde, de sa croissance et de son développement, en particulier social. Nous avons beaucoup à apprendre dans ce domaine. Bien sûr, la Chine affiche une formidable croissance, et nous en sommes fiers. Mais certains problèmes sociaux et environnementaux affleurent aujourd'hui que nous ne pouvons plus ignorer. C'est ce que Hu Jintao tente de faire en prônant l'avènement d'une « société harmonieuse », qui constitue un virage politique bien plus important qu'il n'y paraît pour nous. D'ailleurs de plus en plus de journaux, ou même certains de mes étudiants citent l'Inde en exemple, peut-être pour encourager le gouvernement à suivre cette voie...

    Barid Baran Bhattacharya. - Parce que, fondée sur un régime démocratique, notre croissance est plus lente et moins spectaculaire que la croissance chinoise, c'est indéniable. Nous sommes le bureau du monde, mais notre industrie est encore trop récente, comparée à la Chine. Mais, pour la rattraper, nous disposons d'atouts majeurs : l'éducation en général, l'anglais et notre démographie. Dans vingt ans nous aurons un large vivier de jeunes qui pourront soutenir la croissance. Ce que n'aura pas la Chine.

    Êtes-vous rivaux pour devenir « La » superpuissance mondiale du siècle ?

    B. B. B. - Nos relations ont longtemps été tendues, mais économiquement nous sommes aujourd'hui de vrais partenaires. Les échanges commerciaux de la Chine vers l'Inde sont, par exemple, plus importants que les échanges entre l'Inde et la France. Nous investissons de plus en plus en Chine, dans l'acier ou les services, mais aussi dans l'enseignement des technologies ou du software.

    C. J. - Je dirais que nous sommes complémentaires. Nous vendons nos produits de grande consommation en Inde. Et nous importons un certain savoir-faire, dans les nouvelles technologies par exemple. Une réflexion est menée actuellement par le gouvernement pour faire évoluer la structure de notre industrie vers le haut. En cela nous avons besoin des compétences indiennes. La libéralisation des échanges, qui s'est traduite pour nous par des exportations massives, nous a permis d'accélérer notre croissance. Mais la compétition devient plus dure et nous devons impérativement orienter notre économie vers des produits à plus forte valeur ajoutée.

    B. B. B. - Si nous combinions notre savoir-faire dans la recherche avec la formidable capacité de production de la Chine, alors nous pourrions conquérir le monde...

    Pourtant, à mesure que vos économies explosent, les inégalités sociales ne cessent de se creuser...

    B. B. B. - La société chinoise, en dépit des différences sociales qui sont en train de s'y creuser, reste malgré tout beaucoup plus homogène que la nôtre. Chez nous par exemple, les musulmans n'envoient pas leurs enfants dans les écoles traditionnelles de langue anglaise. Je suis certain, à terme, que cela posera un problème de compétitivité, car ils seront moins insérés dans le processus de développement du pays. De la même façon nous essayons de mettre en place une forme de « discrimination positive » à l'égard des classes les plus défavorisées.

    C. J. - Chez nous l'écart se creuse entre les « riches » qui sont sur les côtes et les « pauvres » qui sont restés à l'intérieur. La croissance y est moins forte, ils sont des millions à tout tenter pour rejoindre les grandes villes : nous risquons de le payer dans un avenir proche.

    B. B. B. - Sans parler de l'agriculture, immense difficulté que nous avons en commun et qu'il faudra bien régler tôt ou tard...

    Par Le Figaro
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