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Sofiane Djilali : «Depuis le quatrième mandat, on assiste à l’effondrement symbolique du régime»

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  • Sofiane Djilali : «Depuis le quatrième mandat, on assiste à l’effondrement symbolique du régime»

    Soufiane Djilali. Président de Jil Jadid et membre de la CNLTD
    «Depuis le quatrième mandat, on assiste à l’effondrement symbolique du régime»

    El Watan - le 24.02.15 | 10h00


    Le président de Jil Jadid attend beaucoup du rassemblement d’aujourd’hui, tout en reconnaissant les difficultés de la mobilisation.


    - Les membres de la CNLTD, dont vous faites partie, vont sortir dans la rue en ce 24 février. Pourquoi a-t-elle opté pour des sit-in ?

    C’est simple. D’une part parce que les partis politiques de l’opposition et la société civile n’ont pas encore su ou pu mobiliser suffisamment les citoyens. Par ailleurs, nous ne sommes pas encore en mesure d’encadrer les manifestations. Nous ne voulons en aucun cas être responsables des conséquences que pourrait avoir un mouvement de foule ou faire face à des troubles causés par des baltaguia à la solde du pouvoir. C’est pour cela que nous avons opté pour des rassemblements en des lieux précis, préalablement choisis, afin d’éviter des débordements.

    - Certains partis politiques pensent plutôt que face à un échec annoncé, vous avez préféré minimiser les risques...

    Libre aux partis qui soutiennent le pouvoir de penser ce qu’ils veulent. Mais, dois-je leur rappeler les méthodes qu’ils mettent en place pour l’organisation de leurs meetings ? Bien sûr que la société algérienne est dans une forme d’anesthésie. Sans compter que cette population a été profondément traumatisée par les événements des années 1990 et assiste aujourd’hui à la déstabilisation des pays qui nous entourent.

    Tous ces facteurs poussent les Algériens à refuser que leur pays replonge dans la tragédie du passé. En même temps, la peur ne peut être maîtresse de la situation, car dans ces conditions elle devient très mauvaise conseillère. Au contraire, il faut faire pression sur le pouvoir tout en évitant les risques de dérapage.

    - Quels sont vos objectifs en termes d’affluence ?

    Pour une première opération de cette envergure et en ce qui me concerne, je dirais que si on parvient dans une quinzaine de wilayas à atteindre le chiffre d’un millier de personnes, l’objectif serait très largement atteint. D’autant que le pouvoir va tout faire pour nous mettre des bâtons dans les roues, le 24 février. Mais quel que soit le résultat, il ne pourra pas faire comme si de rien ne s’était passé, et devra en tenir compte à l’avenir. Ce qui nous importe dans cette initiative citoyenne, et non politique, c’est l’éveil des consciences, qui peut amener certains partis à modifier leur position politique.

    - Si votre initiative est peu suivie, estimerez-vous que l’opposition n’est pas encore perçue comme une alternative par les Algériens ?

    Je ne pense pas que l’on devrait tirer une telle conclusion. On a très fortement conscience de l’inertie qui touche la population. Mais en même temps on perçoit chez les Algériens un intérêt grandissant pour la politique. Ce n’était pas le cas il y a encore deux ans. Aujourd’hui, les gens sont très attentifs à ce qui se fait et se dit. La politique intéresse de nouveau et cela se traduit par le nombre accru d’Algériens de moins de trente ans qui rejoignent les formations politiques. Nous assistons à la naissance d’une opinion publique, à qui il ne manque plus que l’expression politique.

    - Le Premier ministre, Sellal, a prévu deux déplacements le 24 février, à Oran et Ouargla. C’est une façon de court-circuiter votre démarche ?Je pense qu’effectivement il tente d’empêcher notre démarche. Même si c’est légitime de sa part de tenter d’occuper le terrain, j’ai bien peur que la présence de Sellal à Ouargla* ne soit perçue comme une provocation par la population. Et puis le Premier ministre n’a pas été élu par les Algériens, c’est un fonctionnaire comme le sont les ministres.

    C’est au président de la République de s’adresser aux Algériens. Pourquoi le Président se mure-t-il dans un silence envers ceux qui l’ont élu ? En réalité, depuis le quatrième mandat on assiste à l’effondrement symbolique du régime qui était jusque-là attaché à la personne de Bouteflika.

    - On vous reproche de focaliser vos attaques contre le Président et d’épargner le système ?

    Le système est un concept dont le Président est la figure réelle. En concentrant entre ses mains tous les leviers du pouvoir, Bouteflika s’expose automatiquement aux attaques. De toute façon, on a pu remarquer comment un Président gravement malade a pu imposer un quatrième mandat en faisant fi de la Constitution.

    Apparemment, il est parvenu à briser toute opposition à l’intérieur du système, alors qu’assurément des personnes auraient préféré un changement dans la continuité pour donner un souffle nouveau au régime, malgré cela cet homme s’est agrippé au pouvoir et une fois réélu a abandonné le pays au désordre.

    - On accuse la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) de surfer sur le rejet par la population d’In Salah du gaz de schiste, alors que son exploitation est inévitable...

    Nous accompagnons une demande de la société et il est de notre devoir de le faire. Nous ne sommes pas là pour agir contre une des aspirations de la population, mais pour l’organiser. Le refus de la population d’In Salah de l’exploitation du gaz de schiste, et en même temps la volonté du pouvoir de lancer le projet contraignent les partis politiques à s’engager dans la bataille, tout en restant très pragmatiques et réalistes. En ce qui concerne l’autre volet de votre question, je dirais que l’exploitation du gaz de schiste n’est pas inéluctable. Pour cela, il suffit de se reporter à ce qui se passe aux Etats-Unis, pionnière en la matière et dont plusieurs sociétés opérant dans l’exploitation du gaz de schiste ont mis la clé sous la porte.

    Cela, non pas comme on veut nous le faire croire, en raison de la guerre qui est menée par l’Arabie Saoudite, mais en réalité parce que les USA ont décidé de saborder son exploitation, car non rentable. En fait, on assiste concernant l’exploitation du gaz de schiste à la fin d’une bulle qui arrive à maturité et qui risque d’exploser.

    - La CNLTD regroupe-t-elle l’opposition ou des ambitions personnelles ?

    Pour la première fois, en Algérie, des partis politiques d’appartenances idéologiques diverses sont parvenus à se réunir et à élaborer une plateforme commune, qui établit les mêmes règles de jeu politique pour tous. Ce document de base nous permettra de construire notre action politique, car nous avons l’entière conviction que ce pouvoir n’est pas décidé à mettre en place les règles qui régissent un Etat de droit.

    C’est pour cela, que la CNLTD a décidé d’installer un cadre général permettant à tout Algérien d’intervenir et d’investir le champ politique pour ne plus vivre ce que nous avons connu dans les années précédentes. Pour ce qui est des ambitions politiques au sein de la coordination,* je peux vous assurer qu’elles ont été mises de côté pour le moment.

    - Mais la Coordination a vécu un début de polémique avec la décision du Mouvement pour la société et la paix (MSP) d’entamer des contacts avec le pouvoir…

    Toutes les ambiguïtés qui ont résulté de l’annonce du MSP ont été levées. Le président du MSP a été contraint à des concessions face aux pressions internes de son parti…

    - … C’est ce qu’il vous a affirmé ?

    Oui. Il nous a clairement expliqué qu’il était dans l’obligation de faire des concessions pour ne pas apparaître comme radical et jusqu’au-boutiste, ce qui pourrait briser le consensus à l’intérieur du parti. Pour cela, il a décidé d’entamer des discussions qui doivent lui permettre de mettre ses adversaires face aux réalités du pouvoir. Pour le reste, il a rappelé son attachement à la plateforme de Zéralda.

    - Comment expliquez-vous la volte-face du pouvoir à l’initiative du FFS ?

    Le pouvoir a considéré que l’initiative du Front des forces socialistes lui permettrait d’attirer l’opposition dans un cadre de dialogue encadré et en faisant reconnaître toute la légitimité du pouvoir et de ses institutions. Il avait prévu, dans le cadre de ce dialogue biaisé, d’annoncer quelques réformettes et peut-être distribuer quelques postes ministériels. Mais quand l’opposition a refusé de se laisser entraîner dans cette compromission, le pouvoir a compris qu’il avait plus à perdre à continuer de soutenir l’initiative du FFS, qu’à y gagner.* A partir de là, il a décidé de lâcher le FFS. Ce n’est pas la première fois qu’il agit de la sorte.

    - Dans un entretien à El Watan,* Louisa Hanoune, présidente du PT,* dénonce une «moubarakisation» de l’Etat. Partagez-vous son analyse ?

    D’abord on aurait bien aimé que Mme Hanoune tienne ses propos plus tôt. La problématique du pouvoir mis en héritage a déjà été soulevée il y a de cela bien longtemps. En 2013, Benbitour et moi-même avions animé une conférence pour dénoncer le quatrième mandat, mais également un éventuel amendement de la Constitution qui allait préparer le terrain à une succession décidée par le Président.

    Aujourd’hui, Bouteflika n’a plus d’autre choix que d’imposer son successeur afin de se prémunir et de garantir l’immunité à ses proches et au système. Malheureusement, Mme Louisa Hanoune a défendu ce pouvoir pendant 15 ans et n’a jamais demandé au président de la République de tenir ses engagements. Reste que si la présidente du PT, frappée d’une soudaine illumination, se rend compte de ses errements et décide de revenir dans le camp de l’opposition, c’est tant mieux. 

    Mesbah Salim
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Apparemment, il est parvenu à briser toute opposition à l’intérieur du système, alors qu’assurément des personnes auraient préféré un changement dans la continuité pour donner un souffle nouveau au régime, malgré cela cet homme s’est agrippé au pouvoir et une fois réélu a abandonné le pays au désordre.
    Une autre preuve tangible de cette opposition du pouvoir qui n'est pas la pour changer le régime, mais d'etre au service «du nouveau souffle du régime »

    Le veto qui nous fait une n ieme clownrie...
    Othmane BENZAGHOU

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