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Roger Hanin et les anonymes de l'Algérie plurielle

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  • Roger Hanin et les anonymes de l'Algérie plurielle

    Depuis la nuit des temps, des peuples se sont succédé sur cette terre d'Algérie : les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Arabes, les Ottomans, les Espagnols et les Français ont tous apporté des croyances et des cultures différentes: païenne, juive, orthodoxe, catholique, chiite, ibadite et malékite aujourd'hui, ont imprégné et modelé la mémoire collective du peuple algérien. Cette semaine, Roger Hanin a regagné sa terre natale, qu'il chérissait plus que toutes autres, il avait émis le vœu d'y être enterré et de reposer éternellement dans son sol. Il fit son choix, c'est l'Algérie de son enfance, pas la France sa terre d'accueil, ni Israël la sioniste qui le déshonorait. Il a donné à son pays la preuve de son amour sincère, réel et gros comme son cœur, d'humaniste charitable.

    Cet évènement imprévu est venu rappeler la pluralité omise de l'Algérie pour corriger le regard que porte la société sur son histoire. La plupart des juifs et des chrétiens d'Algérie n'étaient pas tous des colons. Beaucoup de juifs d'Algérie étaient Amazighs et arabophones descendants de la Kahina et se confondaient bien à cette terre millénaire, avec leurs burnous et leurs chéchias et leurs noms à résonance arabe; d'autres d'origine andalouse chassés par les inquisitions chrétiennes y ont trouvé refuge il y a plusieurs siècles déjà, ramenant avec eux la musique de Zeriab depuis Grenade et Cordoue. Comme la majorité de chrétiens, les Espagnols, les Italiens, les Maltais, les Portugais, etc. tiennent leur présence en Algérie à leur déportation, subie et combien même douloureuse pour eux les bannis, par la France coloniale dans le but de son expansion de peuplement, du remplacement de l'indigène autochtone.

    Au lendemain du recouvrement de la souveraineté par les Algériens de leur terre, spoliée et confisquée pendant 132 ans, un nombre considérable de juifs et de chrétiens, devenus plus tard les pieds-noirs, se sont sentis déracinés et arrachés à la terre d'Algérie qu'ils ont quittée, les cœurs serrés et les larmes sans joie, contraints par les sanguinaires de l'OAS qui ont prôné la terre brûlée et le chaos désastreux pour faire avorter l'État embryonnaire algérien. Ceux qui l'ont quittée, les uns ont nourri et nourrissent encore des ressentiments, ont tourné définitivement la page de leur passé algérien non sans peine, d'autres plus nostalgiques ont gardé des liens, viennent parfois sur les lieux de leur enfance, font des visites pour se recueillir sur les tombes de leurs parents et rencontrer les amis qu'ils n'ont jamais oubliés (Un jour, lors d'une visite d'un groupe de pieds-noirs de la ville de leur enfance, l'une de ses personnes disait qu'elle se sentait assise sur trois chaises à la fois : elle fête Yom Kippour, Noël et l'Aïd , non sans émotion).

    L'effondrement souhaité par les tenants de l'Algérie française n'avait pas eu lieu, grâce au sens patriotique et à la volonté des Algériens, aidés par ceux qui ne se sont pas résignés aux ordres de l'OAS. Ceux-là ont fait le serrement de rester en Algérie et devenir Algériens ou de la servir comme ils l'étaient. Ils sont restés pour accompagner la nouvelle Algérie indépendante, dans sa nouvelle destinée, ils étaient enseignants, médecins, pharmaciens, techniciens, libraires, administratifs, etc. ils ont comblé les classes vides des écoles, le désert médical, etc. Même pendant les moments les plus difficiles qu'a vécus le pays, ceux qui étaient ou sont encore de ce monde n'avaient pas songé un instant de fuir leurs racines, ils ont fait le serment de mourir sur la terre qui les a vus naître.

    Roger Hanin a levé le voile sur les centaines de chrétiens et les dizaines de juifs d'Algérie qui ont fait le choix d'être enterrés dans les cimetières chrétiens et juifs des villes et villages d'Algérie. Ces anonymes du grand public étaient aimés et protégés là où ils étaient, à l'image d'une maîtresse de crèche qui s'appelait Me Roubiard et de Mlle Lang une enseignante, toutes deux merveilleuses femmes, qui ont vu grandir des générations d'enfants à qui elles ont donné l'amour de lire et écrire, décédées dans une ville de l'intérieur et enterrées, il n'y a pas si longtemps, dans un petit cimetière chrétien d'un petit village, parmi les leurs, avec l'émotion et la tristesse de leurs amis et voisins musulmans. Tous ces anonymes se sentaient du plus profond de leurs âmes : complètement Algériens, méritent le respect, l'hommage et la reconnaissance que leur doivent les enfants de l'Algérie indépendante, qu'ils ont tant aimée en ayant participé pleinement à son édification et à son accomplissement.

    le quotidien d'oran
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون

  • #2
    Bonjour cheguevara,
    Merci pour l'article.
    Sur le même sujet, voici un texte de Brahim Senouci:
    Pardon, Roger !

    Deux personnages qui viennent de mourir ont choisi de reposer désormais en Algérie. Ils sont algériens tous deux. Il s’agit, vous l’aurez compris de Assia Djebbar et de Roger Hanin. Première controverse : la différence de traitement apparente que le gouvernement leur a appliqué. Avion présidentiel pour lui, banal avion de ligne pour l’autre, dit la rumeur. Insupportable ? Certes. Mais celui qui aurait bénéficié du traitement privilégié ne l’avait pas demandé. Il s’était contenté d’exprimer sa volonté d’être enterré en Algérie, sur cette terre qu’il chérissait. Il n’est pour rien dans l’excès de zèle inutile dont auraient fait preuve les officiels. S’il y a des comptes à demander, c’est auprès de ces officiels qu’il faudrait se tourner.

    En fait, il s’avère que cette rumeur est fausse. Pour leurs derniers voyages, Assia et Roger ont emprunté des lignes on ne peut plus régulières. Exit donc cette première controverse.

    Il y en a une deuxième, beaucoup plus grave. Roger Hanin était juif. Ce détail n’a échappé à personne puisqu’il ne s’en est jamais caché. On ne lui connait pas d’inclination pour le sionisme, ni de nostalgie pour la période coloniale. Non. Il aimait l’Algérie, non pas comme Camus « celle de papa », mais l’Algérie libre d’aujourd’hui. Il souffrait d’ailleurs de l’état dans lequel elle se trouve actuellement mais jamais il ne l’a mis sur le compte de l’indépendance, comme le font tant d’oiseaux de proie là-bas ET ICI.

    Et voici que circule sur les réseaux sociaux une « lettre ouverte à Jamel Debbouze », présentée comme émanant de Roger Hanin. Cette lettre est un condensé de haine et de violence contre l’Algérie. Elle sort à un moment « opportun », l’inhumation de son « auteur » en terre algérienne !

    Il se trouve que Roger Hanin n’en est pas l’auteur. C’est un certain Roger Holeindre, un ancien activiste très connu de l’OAS, militant du Front National. Comment Holeindre est-il devenu Hanin ? Par le machiavélisme d’un site sioniste (shoah.org) qui a fait dériver le « Holeindre » en « Holein » puis en… Hanin !

    Maladresse ? Pas du tout ! Les sionistes détestent par-dessus tout les juifs non sionistes, les juifs qui cultivent des amitiés arabes et musulmanes. Il fallait faire en sorte que l’émotion créée par l’enterrement de Roger Hanin en Algérie soit polluée, que des voix appellent à le reconsidérer.

    La vérité une fois rétablie, les choses sont-elles rentrées dans l’ordre ? Non…

    Il s’est trouvé un journal, Echourouk, pour publier la lettre en question, avec la signature de Roger Hanin. Ce journal ne vérifie donc pas ses sources, salit la mémoire des gens sur la base d’un mensonge. C’est un crime, contre la mémoire de Roger Hanin d’abord, contre l’Algérie ensuite. Notre pays compte bien peu d’amis à travers le monde. Comment croit-on que ces amis si rares prendront le traitement infâme que ce journal fait subir à l’un des leurs, l’un des nôtres ?

    Pardon, amis de l’Algérie. Et vous, chers compatriotes, ne vous laissez pas embrigader dans de sales guerres. Sachez reconnaître vos vrais amis, celles et ceux qui, pour nous, ont souvent sacrifié leurs attaches religieuses, amicales et familiales !
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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    • #3
      il s’est trouvé un journal, Echourouk, pour publier la lettre en question, avec la signature de Roger Hanin
      ce journal est une vraie fosse septique , inclus ceux qui y travaillent .
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

      Commentaire

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