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A Marrakech, le vendredi 17 février 1989, des journalistes algériens venus pour couvrir la naissance de l’Union du Maghreb Arabe ont succombé aux charmes de la ville tout en s'étonnant de l'optimisme "maghrébin" ambiant.
Responsables et diplomates, malgré une prudente retenue, entrevoyaient, "enfin" un horizon institutionnel au Maghreb. Un an plus tôt, le 10 juin 1988, s’était tenu à Zéralda, à l’ouest d’Alger, un sommet des cinq chefs d’Etat du Maghreb.
Ce sommet maghrébin avait été précédé de contacts directs entre le président Chadli Bendjedid et le roi Hassan II. Après une rupture des relations diplomatiques en 1976, la relance des relations algéro-marocaines a été des plus laborieuses.
Les saoudiens joueront un rôle aboutissant le 26 février 1983 à une rencontre entre le roi Hassan II et le président Chadli Bendjedid. La libre circulation des personnes et des biens a été progressivement rétablie durant la même année.
En mai 1987, un sommet tripartite se déroule à la frontière entre les deux pays en présence du roi Fahd d'Arabie Saoudite. Le 16 mai 1988, les relations diplomatiques sont rétablies. Ce lent réchauffement des relations algéro-marocaines a été le prélude au sommet de Zéralda.
Cette rencontre de Zéralda a relancé l'espoir que l'appel des partis nationalistes maghrébins réunis à conférence de Tanger du 27 au 30 avril 1958 pourrait enfin prendre forme et sortir de l'oubli dans lequel l’avait confiné les vicissitudes politiques postindépendances.
L'appel signé par les représentants du néo-Detsour tunisien, de l'Istiqal marocain et du FLN algérien proclamait "solennellement" la foi "l'unité du Maghreb". Il affirmait avec force une "volonté de la réaliser dès que les conditions s'y prêteront, c'est-à-dire quand les forces françaises et étrangères auront évacué leurs bases de Tunisie et au Maroc et quand l'Algérie sera devenue indépendante".
Après une longue parenthèse, l'idéal maghrébin reprenait des couleurs. A Marrakech, le vendredi 17 février, les cinq chefs d'Etat ont signé le traité de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Ceux qui étaient présents à l'évènement historique qui "tarde à donner des lendemains" se souviennent d'une cérémonie sobre durant laquelle les cinq chefs d'Etat ont signé le traité suivie d'une prière commune.
Feu Abdelhamid Mehri, membre de la délégation du FLN à la conférence de Tanger de 1958 au côté de Ferhat Abbas et Abdelhafid Boussouf, faisait en 2009, pour le 20ème anniversaire de l’UMA, des constats qui restent encore de mise aujourd’hui.
"L'esprit de Tanger"
Les premiers pas de l'UMA, nous avait-il déclaré, ont été marqué par un "certain optimisme" mais celui-ci n'a pu "être entretenu par un élan de démocratisation des régimes qui aurait permis d'atténuer des conceptions fort différentes".
Il aura manqué, selon Abdelhamid Mehri, qui a été ambassadeur à Rabat, "l'esprit de Tanger" pour alimenter cette tentative. "Malheureusement, les intérêts des régimes ont fini par créer des structures de pure forme, loin de l'intérêt évident des peuples de la région".
Pour lui, les acteurs qui ont donné naissance à l'UMA ne "manquaient pas de sincérité" mais ils étaient porteurs de "notions et de concepts très différents, qui n'auraient pu être dépassés que si les régimes avaient pris le chemin de la démocratie. Ce qui n'a pas été le cas. La perpétuation de régimes autoritaires, pas seulement en Algérie et au Maroc, n'était pas en mesure de produire une Union maghrébine. L'UMA est, aujourd'hui, à l'image des régimes politiques au Maghreb".
Pour Abdelhamid Mehri, même l'épineuse question du Sahara Occidental aurait pu être dépassée de manière créative "si l'on était allé vers la démocratie. L'esprit profondément maghrébin de la conférence de Tanger, que les régimes œuvrent à étouffer, aurait, dans un contexte démocratique, créé des dynamiques permettant de dépasser le blocage. C'est pour cela que je dis que la démocratie et le Maghreb marchent de pair".
Mais d'une manière claire, ce grand maghrébin qu'a été Abdelhamid Mehri, ne s'accommodait pas de la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. "La fermeture des frontières n'est pas une solution aux problèmes qui existent. Instaurer des visas non plus". L'esprit de Tanger manquait pour le 20ème anniversaire de l'UMA. Il continue de manquer pour le 26ème.
A Marrakech, le vendredi 17 février 1989, des journalistes algériens venus pour couvrir la naissance de l’Union du Maghreb Arabe ont succombé aux charmes de la ville tout en s'étonnant de l'optimisme "maghrébin" ambiant.
Responsables et diplomates, malgré une prudente retenue, entrevoyaient, "enfin" un horizon institutionnel au Maghreb. Un an plus tôt, le 10 juin 1988, s’était tenu à Zéralda, à l’ouest d’Alger, un sommet des cinq chefs d’Etat du Maghreb.
Ce sommet maghrébin avait été précédé de contacts directs entre le président Chadli Bendjedid et le roi Hassan II. Après une rupture des relations diplomatiques en 1976, la relance des relations algéro-marocaines a été des plus laborieuses.
Les saoudiens joueront un rôle aboutissant le 26 février 1983 à une rencontre entre le roi Hassan II et le président Chadli Bendjedid. La libre circulation des personnes et des biens a été progressivement rétablie durant la même année.
En mai 1987, un sommet tripartite se déroule à la frontière entre les deux pays en présence du roi Fahd d'Arabie Saoudite. Le 16 mai 1988, les relations diplomatiques sont rétablies. Ce lent réchauffement des relations algéro-marocaines a été le prélude au sommet de Zéralda.
Cette rencontre de Zéralda a relancé l'espoir que l'appel des partis nationalistes maghrébins réunis à conférence de Tanger du 27 au 30 avril 1958 pourrait enfin prendre forme et sortir de l'oubli dans lequel l’avait confiné les vicissitudes politiques postindépendances.
L'appel signé par les représentants du néo-Detsour tunisien, de l'Istiqal marocain et du FLN algérien proclamait "solennellement" la foi "l'unité du Maghreb". Il affirmait avec force une "volonté de la réaliser dès que les conditions s'y prêteront, c'est-à-dire quand les forces françaises et étrangères auront évacué leurs bases de Tunisie et au Maroc et quand l'Algérie sera devenue indépendante".
Après une longue parenthèse, l'idéal maghrébin reprenait des couleurs. A Marrakech, le vendredi 17 février, les cinq chefs d'Etat ont signé le traité de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Ceux qui étaient présents à l'évènement historique qui "tarde à donner des lendemains" se souviennent d'une cérémonie sobre durant laquelle les cinq chefs d'Etat ont signé le traité suivie d'une prière commune.
Feu Abdelhamid Mehri, membre de la délégation du FLN à la conférence de Tanger de 1958 au côté de Ferhat Abbas et Abdelhafid Boussouf, faisait en 2009, pour le 20ème anniversaire de l’UMA, des constats qui restent encore de mise aujourd’hui.
"L'esprit de Tanger"
Les premiers pas de l'UMA, nous avait-il déclaré, ont été marqué par un "certain optimisme" mais celui-ci n'a pu "être entretenu par un élan de démocratisation des régimes qui aurait permis d'atténuer des conceptions fort différentes".
Il aura manqué, selon Abdelhamid Mehri, qui a été ambassadeur à Rabat, "l'esprit de Tanger" pour alimenter cette tentative. "Malheureusement, les intérêts des régimes ont fini par créer des structures de pure forme, loin de l'intérêt évident des peuples de la région".
Pour lui, les acteurs qui ont donné naissance à l'UMA ne "manquaient pas de sincérité" mais ils étaient porteurs de "notions et de concepts très différents, qui n'auraient pu être dépassés que si les régimes avaient pris le chemin de la démocratie. Ce qui n'a pas été le cas. La perpétuation de régimes autoritaires, pas seulement en Algérie et au Maroc, n'était pas en mesure de produire une Union maghrébine. L'UMA est, aujourd'hui, à l'image des régimes politiques au Maghreb".
Pour Abdelhamid Mehri, même l'épineuse question du Sahara Occidental aurait pu être dépassée de manière créative "si l'on était allé vers la démocratie. L'esprit profondément maghrébin de la conférence de Tanger, que les régimes œuvrent à étouffer, aurait, dans un contexte démocratique, créé des dynamiques permettant de dépasser le blocage. C'est pour cela que je dis que la démocratie et le Maghreb marchent de pair".
Mais d'une manière claire, ce grand maghrébin qu'a été Abdelhamid Mehri, ne s'accommodait pas de la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. "La fermeture des frontières n'est pas une solution aux problèmes qui existent. Instaurer des visas non plus". L'esprit de Tanger manquait pour le 20ème anniversaire de l'UMA. Il continue de manquer pour le 26ème.
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