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“Les femmes qui lisent sont dangereuses” de Laure Adler

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  • “Les femmes qui lisent sont dangereuses” de Laure Adler

    Comment ne pas etre attiré par un tel titre ? “Les femmes qui lisent sont dangereuses » !

    Le livre raconte l'histoire de la lecture chez les femmes. Car et Jusqu'à très tard, la lecture était considérée comme une activité reservée aux hommes....



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    “Les femmes qui lisent sont dangereuses” de Laure Adler

    La lecture féminine, l’autre charme du beau sexe...
    Sous ses apparences de beau livre, Les femmes qui lisent sont dangereuses n’a rien du catalogue bien emballé, du paquet jamais ouvert qui orne les tables basses. Il agit comme une affirmation, comme une preuve, et comme une restauration. ll suffit de le feuilleter pour entrer dans son propos.

    Les femmes, nous avions plutôt le souvenir de les avoir vues materner, en prière, en deuil, sur les trottoirs, dans les ateliers, et même dans les diverses administrations. Mais à la lecture, non. Ou alors, on ne se souvenait pas qu’elles étaient si nombreuses. Si constantes aussi, à travers les siècles.

    Le premier mérite des femmes qui lisent est là, nous mettre face à notre surprise. Vous ne saviez pas qu’elles lisaient ? Vous avez entendu parler de celles qui écrivent, pourtant ? De Assia Djebbar à Gisèle Halimi en passant par Fatima Mernissi, Faïza Guene et de tas d’autres plumes de l’Occident.

    Certes, vous pouviez vous dire que celles-là sont exceptionnelles. Des cas d’espèce. Des presque monstres. Mais la surprise naît de voir les autres, les normales, les banales, les innombrables, les mères, les filles, les sœurs, plongées “naturellement” dans cette activité familière, la lecture. L’autre mérite de cet ouvrage est de nous ramener à l’évidence.

    Dans le fond, nous le savions. “De manière subliminable”, dit Laure Adler. Nous le savions par nos mémoires familiales (mères, grand-mères, arrière-grand-mères...) par les livres eux-mêmes, par ce qui nous reste de nos connaissances en histoire. Les dames de cour, Les femmes savantes, les Bovary, jusqu’à la merveilleuse Sonietchka, de Ludmila Oulitskaïa, elles lisaient, comme elles lisent encore, parfois à s’en détruire l’existence. La lecture, nous le savions d’une certaine manière, a toujours été une passion très féminine. Mais voilà, c’est un peu comme la Lettre volée, l’évidence nous aveuglait. Que la lecture soit l’affaire des femmes, le travail des peintres et des photographes en donne une idée plus lumineuse et plus juste que ne le feront jamais des chiffres ou des statistiques.

    Tout, dans les corps et les visages, s’accorde à cette formidable activité mentale : les visages rêveurs ou concentrés, les corps tendus ou alanguis, les mains gracieuses et précises... Les décors sont des lieux qui transpirent le plaisir et même le bonheur, jardin en été, canapés, fauteuils profonds, lits, chambres, intérieurs domestiques... Nues ou joliment déshabillées, parfois splendidement vêtues, les femmes qui lisent sont belles. Comment mieux dire que la lecture est toute sensualité, et parfois tout amour ? Les préfaces de Laure Adler et de Stefan Bollmann reviennent sur l’éclatante vérité et le grand silence des représentations. Derrière le bonheur de la femme qui lit couvre une réprobation toujours renouvelée, qui va jusqu’à la persécution, car son plaisir est une honte et son abandon un vice. Les femmes qui lisent sont dangereuses : le titre que semblent démentir les images, ne prend son sens qu'à la lecture des textes. Associant lui aussi la lecture et le plaisir, le texte de Stefan Bollmann soulève cette question intéressante : En quoi les hommes sont-ils toujours également victimes de l’ordre répressif imposé aux femmes ? Car la lecture, si elle doit être plus sévèrement réprimée chez les femmes, leur est également néfaste. C’est le corps social tout entier que gangrènent l’imagination et le savoir, en ouvrant à l’individu des espaces de liberté incontrôlables. Des espaces de retrait, où l’esprit est inaccessible aux injonctions du monde. On ne regrette qu’une chose en refermant Les femmes qui lisent... c’est qu’il ne soit pas plus long. Que les images ne soient pas plus nombreuses. Que l’étude ne porte que sur l’Occident. Il faut alors revenir à La somme d’Alberto Mangel, comme y invitent Laure Adler et Stefan Bollmann. Et attendre d’autres réponses à leurs invitations à la réflexion entre femmes et lecture, entre sexe et lecture, nous n’avons rien vu encore, et tout reste à écrire.

    - La Depeche de Kabylie

    - http://www.passiondulivre.com/livre-...angereuses.htm
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