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Everest, le troisième homme de la première ascension

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  • Everest, le troisième homme de la première ascension

    L’histoire méconnue de Griffith Pugh, le physiologiste qui a rendu possible la première expédition sur le plus haut sommet du monde.
    On l’avoue tout net : on ignorait tout de Griffith Pugh, avant de dévorer la biographie que lui a consacrée sa fille Harriet Tuckey grâce à sa récente traduction française aux éditions du Mont-Blanc. On a beau être fasciné par l’Everest, par les premiers pas de l’homme sur le toit du monde en 1953, par la cordée atypique qui associait le Népalais Tensing Norgay au Néo-Zélandais Edmund Hillary ; on a beau avoir lu nombre d’ouvrages relatant cette expédition, on ignorait tout du rôle joué par ce médecin et chercheur, ce pionnier de la physiologie du sport, sans lequel il est pourtant certain que jamais l’expédition ne serait parvenue au sommet.

    De John Hunt, aristocrate et officier militaire, chef de la 9e expédition britannique sur l’Everest en 1953, à Edmund Hillary, le «conquérant», ils se sont appropriés tous les mérites de la victoire dans les reportages, les films et les livres consacrés à l’expédition. Par vanité, par souci de gloire personnelle mais aussi parce que, comme la plupart des alpinistes de leur époque, ils considéraient avec dérision et scepticisme, sinon mépris, les scientifiques qui prétendaient leur donner conseils et recommandations. Ils n’avaient de cesse de dénigrer ces laborieux chercheurs, au profit des valeurs de bravoure de la caste des gentlemen qui régnaient alors sur l’alpinisme.

    «L'ÉLÉMENT DÉCISIF»

    Cette version de l’histoire – ce mensonge – a perduré durant cinquante ans. Mais, en 1993, à Londres, lors de la célébration du 40e anniversaire de la conquête de l’Everest, dans la salle bondée de la Royal Geographical Society à Londres et en présence de la Reine, Michael Ward, alpiniste et médecin de l’expédition, brisa l’omerta et rendit un long hommage à celui qu’il appela le «héros méconnu de l’Everest», Griffith Pugh, dont le travail fut, affirma-t-il, «l’élément décisif de la réussite».

    Ce jour-là, Harriet Tuckey qui accompagnait son père, alors en fauteuil roulant – il décéda un an plus tard – réalisa, en larmes, qu’elle-même ignorait tout de cet homme abrasif et tourmenté. Elle ne connaissait qu’un père distant, égoïste, irritable, outrancier, excentrique et méprisant qui la rabaissa toute sa vie. Mais Michael Ward expliqua comment Griffith Pugh avait mis au point, envers et contre tous, l’utilisation indispensable de l’oxygène, prouvé que l’hydratation des alpinistes était essentielle, élaboré le programme d’acclimatation, le régime alimentaire, mais aussi conçu les chaussures de haute altitude, les tentes, les premiers vêtements en duvet, les réchauds d’altitude, les matelas pneumatiques…

    HUIT ANS DE RECHERCHES

    Harriet Tuckey comprit alors qu’elle se devait de retracer l’histoire de son père avant que toutes les traces ne disparaissent. Mais il lui a d’abord fallu chasser les «fantômes de leurs conflits anciens et de son ressentiment» avant de s’engager dans huit années de recherches approfondies pour pouvoir écrire la biographie de ce skieur de niveau olympique, de cet alpiniste chevronné, de cet homme turbulent qui a révolutionné tous les aspects de l’alpinisme en haute altitude mais aussi les connaissances physiologiques sur le marathon ou la nage au long cours en eau froide.

    Un livre touffu mais captivant, émouvant, une réhabilitation saluée par l’alpiniste et explorateur Doug Scott, le premier Anglais sur le toit du monde, en 1975, comme «la plus importante contribution à l’histoire de l’Everest»

    liberation
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