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Libye : l’Algérie soupçonnée de favoriser le retour des partisans de Kadhafi

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    Libye : l’Algérie soupçonnée de favoriser le retour des partisans de Kadhafi



    Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français à Tripoli entre 2001 et 2004, et auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi, livre son analyse de la situation politique en Libye, notamment sur le processus de paix entamé par les acteurs politiques libyens depuis Alger.
    Pourriez-vous nous faire un bref état des lieux de la Libye actuelle ? Quelles sont les forces politiques dominantes ?
    En réalité, il ne faut pas s’arrêter aux forces politiques, il faut également prendre en compte les réalités locales et militaires. A trop se focaliser sur les forces politiques, on a du mal à comprendre ce qui se passe en Libye. Il y a deux grandes entités qui revendiquent la souveraineté de l’Etat libyen. Une à Tobrouk, à l’est de la Libye et une à Tripoli. Maintenant il est difficile de définir quel est leur niveau de contrôle effectif sur le territoire. On peut encore s’interroger.
    La Libye a entamé un processus de négociations entre les différents groupes politiques. Que peut-on en espérer ?
    Le représentant spécial de l’ONU chargé de la question libyenne (ndlr Bernadino Leon) a multiplié les dialogues avec tous les acteurs. C’est une bonne chose. On ne peut pas se contenter uniquement d’une discussion entre les deux parlements, ou encore d’un dialogue entre les différents partis politiques comme cela est fait actuellement à Alger. Il faut également impliquer les pouvoirs locaux, et les différents conseils des petites villes, comme les conseils des anciens, civils et enfin les Katiba. Ces différentes rencontres pourront multiplier les chances de voir naître des accords, qui seront, il faut se l’avouer, assez modestes au départ. Il ne faut pas s’attendre du jour au lendemain à ce que les parties renoncent à toutes leurs ambitions.
    L’objectif affiché est d’avoir à terme un gouvernement d’union nationale. Mais ça ne réglera pas tout, on est dans une guerre civile, c’est la prévenance du local sur le national. Chaque village, chaque quartier a sa logique propre. C’est cela qu’il faudra mettre en place. Il n’y a pas d’autres solutions que la solution politique. Il n’y a pas d’issue militaire dans cette crise, qu’elle soit la victoire d’un groupe sur un autre, ou l’intervention militaire étrangère. Ce n’est pas une solution. Si on ne parvient pas à trouver une issue, cela veut dire que la Libye en tant qu’Etat viable et souverain n’existera plus. Mais nous n’en sommes pas là puisque les différents acteurs pensent encore à la perspective d’un Etat.
    D’après votre expérience diplomatique et votre connaissance de la Libye, quel modèle politique serait le plus approprié pour ce pays ?
    C’est aux Libyens de trouver le modèle qui leur convient. Mais je pense que ce sera un modèle avec un fort niveau de décentralisation ou de déconcentration. La Libye de Kadhafi donnait l’impression d’être un pays sans Etat. L’Etat c’était Kadhafi. Mais il y avait aussi un certain pouvoir local assez décentralisé, qui s’occupait de la gestion au quotidien. C’est dans la culture libyenne, ils se méfient d’un pouvoir central trop fort. Ils veulent par exemple une rente pétrolière forte, gérée par l’Etat mais ne veulent pas le voir trop s’impliquer dans leur quotidien. Et cette logique fonctionne, souvent au niveau local, on peut le voir maintenant, ça se passe bien. En revanche je crois que nous sommes plus dans l’idée des trois régions historiques. Il y en aura peut être plus. Il faudra penser à la gestion des richesses, réparties de manière différente. Comment va-t-on les répartir ? Il faudra beaucoup travailler sur ça. Il y a la commission des 60 qui travaille là-dessus, chargée de présenter un projet de Constitution.
    L’Algérie a décidé de s’impliquer dans la recherche d’une solution. Un partenaire comme l’Algérie est-ce intéressant ?
    Je pense que tous les partenaires de bonne volonté, n’ayant pas l’ambition de choisir un camp ou l’autre, sont les bienvenus. Les Libyens ont besoin de facilitateurs de dialogue. C’est le rôle que joue l’Algérie, à la différence de l’Egypte qui a pris parti dans cette affaire. L’Algérie a une position constante par rapport à la Libye. Elle était déjà contre l’intervention militaire en 2011, elle est toujours contre une intervention étrangère et elle prône un dialogue inclusif qui concerne toutes les parties. C’est une position qui est louable et équilibrée, qui je le pense est très appréciée par certains Libyens.
    Maintenant bien sûr, il y a la question des anciens kadhafistes. Ils vivent dans certaines régions, et sont pour le moment ostracisés. Beaucoup de Libyens accusent l’Algérie de vouloir remettre ces kadhafistes en Libye, et bien sûr les gagnants ne veulent pas de leur retour. Il faut savoir expliquer à la Libye qu’elle ne pourra se reconstruire si elle rejette des régions entières. Il est difficile de faire passer ce discours depuis l’étranger, on vous accusera d’être kadhafiste.
    La Suisse, le Maroc puis l’Algérie, ce processus de négociation à travers différents pays est-il pertinent ?
    Sur cette affaire, le Maroc et l’Algérie ont des intérêts communs mais ont connu aussi des divergences antérieures. L’important c’est que ces deux acteurs extérieurs parlent d’une même voix et disent la même chose. Si les deux pays s’entendent sur un dialogue dans lequel toutes les parties sont prises en compte, et statuent sur les mêmes principes, le processus sera correct. En revanche il faut éviter que ce soit comme l’Egypte qui est en désaccord avec d’autres pays. Ce genre de situation complique tout, car chacun des acteurs internes va être conforté par la position d’un pays étranger. L’Egypte a choisi un camp, et la position algérienne n’est pas celle-là.


    TSA
    Dernière modification par oudjda, 11 mars 2015, 17h25.
    المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي
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