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Algérie : L’Europe veut briser l’accord algéro-russe

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  • Algérie : L’Europe veut briser l’accord algéro-russe

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    Algérie - Les pays membres de l'Union européenne semblent avoir adopté une nouvelle stratégie pour contourner l'accord gazier conclu entre l'Algérie et la Russie, avec pour objectif direct premier de sécuriser leur approvisionnement énergétique.

    L’autre objectif, à plus long terme, est de court-circuiter, dès à présent, l’éventualité d’une cartellisation des fournisseurs de l’Europe dans ce qui a été appelé une Opep du gaz, hypothèse formellement démentie autant par Moscou que par Alger. On comprend donc que l’enjeu n’est pas des moindres, et qu’il est de nature à pousser les Etats européens à verrouiller au plus tôt ses relations avec l’Algérie, pays le plus attentif des deux nouveaux alliés stratégiques, en raison de l’existence de l’Accord d’association, mais aussi de la forte dépendance de l’Algérie de ses exportations en hydrocarbures.

    Déjà, à l’occasion de la visite de Romano Prodi à Alger, cinq accords de commercialisation de gaz ont été signés entre Sonatrach et des entreprises italiennes (Enel, Edison, World Energy, Hera et Ascopiav), outre l’accélération de la réalisation du Galsi, le deuxième gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie. L’accord porte sur la commercialisation vers l’Italie de 6 milliards de m3 par an, à raison de 2 milliards de m3 pour chacune des compagnies. Edison pour 2 milliards de m3/an, Enel 2 milliards de m3/an, Hera 1 milliard de m3/an, Ascopiave 500 millions de m3/an et Worldenergy 500 millions de m3/an, selon Sonatrach.

    Pour le P-DG de Sonatrach, Mohamed Méziane, «ces accords s’inscrivent dans le prolongement de la coopération développée depuis trois décennies entre Sonatrach et les compagnies italiennes et sont le reflet de la volonté de la compagnie algérienne de participer activement à la satisfaction des besoins croissants de l’Europe et de l’Italie en gaz naturel». Ils «contribuent à la concrétisation de l’objectif d’exportation de 85 milliards de m3/an, à compter de 2010, et consolider la stratégie de renforcement de la position de Sonatrach sur le marché européen du gaz naturel».

    L’Italie est en avance sur ses pairs européens dans sa politique énergétique avec Alger, mais aussi avec Moscou. La mi-novembre a vu, en effet, la firme italienne Eni conclure un accord historique avec Gazprom. Le géant russe va désormais pouvoir vendre directement son gaz en Italie à partir de 2007 pour un volume qui atteindra 3 milliards de m3 à partir de 2010 et pour toute la durée du contrat.

    Pourquoi cet empressement ? C’est que l’Italie constitue le 3e plus grand marché européen du gaz naturel, après la Grande-Bretagne et l’Allemagne, cette source d’énergie représentant plus de 30% du bilan énergétique italien. Les importations assurent près de 86% des besoins italiens en gaz naturel, l’Algérie et la Russie étant les principaux fournisseurs. L’Italie est le 2e importateur européen de gaz russe. Ce dernier lui est livré par Gazprom dans le cadre de cinq contrats à long terme. En 2005, les approvisionnements russes se sont élevés à 21,85 milliards de m3 de gaz naturel.

    Il y a moins de dix jours, c’était à l’Allemagne de franchir le pas vers Alger avec la signature d’un mémorandum d’entente dans le domaine du gaz naturel liquéfié (GNL) entre Sonatrach et Eon Rhurgaz, même si l’Allemagne n’achète pas, pour l’instant, de gaz algérien, ni liquéfié ni sous sa forme naturelle. En attendant, Eon Rhurgaz devient partenaire dans Medgaz (devant relier l’Algérie à l’Espagne) après avoir racheté le groupe espagnol Endesa. Un autre groupe allemand, Wintershall, est lui aussi partenaire dans le projet de gazoduc devant relier l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne (projet Galsi).

    La France aussi

    Ce jeudi, c’était au tour des Portugais, via la visite du ministre portugais de l’Economie et de l’Innovation, Manuel Pilho, de discuter des «moyens de renforcer davantage les relations de coopération de l’Algérie avec le Portugal dans le domaine de l’énergie et particulièrement en matière d’approvisionnement en gaz naturel et en GNL». Le Portugal, dont les besoins en gaz naturel sont satisfaits par l’Algérie, reçoit 2,5 milliards de m3/an, selon l’accord gazier signé en 1993 par les deux parties et ce, sur une période de 20 ans.

    Mais le Portugal souhaite augmenter ces quantités pour les porter à 3,5 milliards de m3/an. Les exportations gazières vers le Portugal se font par le gazoduc Maghreb-Europe (GME) mis en service en 1996 via l’Espagne et le Maroc. Enfin, le mois de décembre verra les Français, lors de la visite du ministre Thierry Breton, reconduire l’accord d’approvisionnement en gaz naturel via GDF.

    Le contrat d’approvisionnement en gaz devrait être reconduit entre la Sonatrach et GDF pour une durée de 20 ans. Une augmentation du volume de gaz transitant par les gazoducs actuels mais aussi par le futur gazoduc Medgaz est également prévue. Gaz de France devrait prendre une participation de 12% dans ce futur gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Espagne, puis à la France. Le plus important est que la part des importations gazières avec l’Algérie passera de 12 à 15%.

    La réalité de l’accord

    Pour comprendre le sentiment de menace qui agite les Européens depuis l’accord Sonatrach-Gazprom, il faut savoir que l’idée d’une Opep du gaz a été évoquée par le comité économique de l’Otan, prêtant pareille intention aux Russes et à divers pays arabes, dont l’Algérie, le Qatar et la Libye ; bref, «un cartel capable de régir et de contrôler le marché du gaz». Un rapport pris avec beaucoup de moquerie par le très sérieux Financial Times. Car s’il est très facile d’agiter l’accord algéro-russe comme un épouvantail aux yeux d’une opinion européenne sensible à la question de la sécurité de l’approvisionnement énergétique, l’on ecamote le fait que ledit accord est parfaitement comparable à ceux qu’a conclus dans un passé récent, Sonatrach avec Shell et Statoil.

    Il semble aussi régler un différend vieux de près de deux décennies relatif au remboursement par l’Algérie de sa dette vis-à-vis de l’ex-URSS. Dans une récente conférence animée à Rabat et reprise par le quotidien spécialisé l’Economiste, Francis Ghilès, chercheur et spécialiste des questions Euromed, (qui a tenu des positions rarement favorables à l’Algérie) faisait remarquer tout de même que «la coopération entre l’Algérie et la Russie dans le domaine des hydrocarbures est bien ancienne». «De nombreux ingénieurs russes ont aidé Sonatrach à développer le Centre de recherches en exploration et à former des ingénieurs à Boumerdès, près d’Alger, depuis 1962», a-t-il affirmé.

    Et d’ajouter que «la coopération qui se développe aujourd’hui est à double sens. Gazprom fait appel à l’expérience de Sonatrach pour développer ses projets de gaz naturel liquéfié (GNL), la compagnie algérienne étant le deuxième producteur de GNL au monde». Le fait est que la véritable crainte des Européens devrait se concentrer en toute objectivité vers Moscou. Le géant gazier russe Gazprom a mis en garde l’Europe contre «toute tentative de freiner ses ambitions dans la région».

    Gazprom souligne, telle une menace, que la «concurrence pour les ressources énergétiques augmente» et qu’il pourrait rediriger ses exportations, essentiellement axées sur l’Europe actuellement, vers d’autres régions. L’empressement des Européens à se tourner vers Alger est donc bien compréhensible. La nouveauté, cela dit, est qu’ils lui demandent de leur vendre non plus du gaz seulement, mais un peu plus de sécurité.

    Par N. B. - Le Jour d'Algérie, le 25 novembre 2006.
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