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Écoles musulmanes : pourquoi le «sous contrat» n'est pas la solution

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  • Écoles musulmanes : pourquoi le «sous contrat» n'est pas la solution

    Après les attentats du 11 janvier, des élus PS souhaitent le développement des écoles privés musulmanes sous contrat. Une mesure inefficace et qui se fera au détriment des autres écoles existantes avertit Anne Coffinier.


    Suite aux attentats de janvier, le gouvernement a déclaré qu'il inciterait les établissements musulmans à passer sous contrat. L'idée est d'éviter que des fondamentalistes y promeuvent des idées contraires à la loi et incitent à la violence. Mais passer sous contrat des établissements musulmans implique de leur apporter des financements publics importants, facilitant leur multiplication. Et le passage sous contrat ne résoudra en rien les problèmes que le gouvernement veut résoudre.

    En matière de recrutement des professeurs, le problème n'est pas leur niveau académique mais leurs convictions idéologiques, qui ne peuvent être vérifiées par des concours. Des professeurs ayant le statut d'agents publics payés par l'État peuvent très bien être des fanatiques.
    La politique d'admission des élèves des établissements sous-contrat ne les empêchera pas de devenir des ghettos communautaristes. La loi leur fait obligation d'admettre sans discrimination des élèves de toutes religions, mais, en pratique, seules les écoles catholiques jouent le jeu de bon cœur. Les inspections des écoles sous contrat sont encore moins fréquentes que dans le public (une heure tous les 7 ans en moyenne). Elles visent à évaluer l'enseignant et son respect des directives pédagogiques. Mais le contrôle du cahier- journal retraçant les cours dispensés ne permet ni de savoir si le programme affiché est respecté dans les faits ni de connaître le contenu précis des cours pour vérifier qu'il n'incite pas à la haine. Un examen des cahiers d'élèves serait plus instructif mais encore faut-il qu'ils soient tous accessibles durant les rares inspections.
    Ce qui n'est pas inspecté, c'est ce qu'il faudrait pouvoir contrôler pour limiter les risques. Les cours de religion ou de civilisation islamique ne sont pas inspectés, car ils correspondent au «caractère propre» de ces établissements. Il est en outre difficile de savoir ce que les professeurs apprennent en réalité à leurs élèves car les inspecteurs, d'autant que les inspecteurs ignorent, dans leur écrasante majorité, l'arabe voire l'islam.

    Dans les établissements hors-contrat, les modalités de contrôle sont mieux adaptées à ce que l'État veut faire. Au lieu de se limiter aux pratiques pédagogiques, elles visent à vérifier que l'école prise comme un tout donne un enseignement respectant le socle commun de connaissances fixé par la loi, ce qui est plus pertinent.
    L'article L. 442-2 du Code de l'Éducation prévoit de plus que «L'inspecteur d'académie peut prescrire chaque année un contrôle des classes hors contrat». Si les écoles musulmanes ne sont pas inspectées autant que la loi le permet, c'est parce que les Services de l'Éducation nationale n'en ont jusqu'à présent pas fait une priorité. Il ne tient qu'à eux de le faire.
    De plus ces inspecteurs devraient s'adjoindre systématiquement des spécialistes de l'islam radical. La loi pourrait leur confier une mission de détection des enseignements et comportements faisant l'apologie du terrorisme et du combat armé, distillant toute forme de haine envers des personnes d'autres confessions ou sans religion, la civilisation occidentale ou les institutions républicaines, ou niant l'égale dignité de l'homme et de la femme ou la liberté de changer de religion…
    Le hors-contrat offre un autre avantage qui n'existe pas pour les autres établissements: un éventail de sanctions rigoureuses en cas de manquement, allant jusqu'au pénal ou à la fermeture de l'école.
    Enfin si le gouvernement accorde une priorité au passage sous contrat d'écoles musulmanes, cela ne pourra se faire qu'au détriment des écoles existantes.


    En effet, l'État maintient depuis vingt ans à 20% le nombre total des élèves scolarisés dans le privé sous contrat. Cette politique a eu une base légale en 1985; il s'agissait de pacifier les esprits au lendemain des manifestations de 1984. Aujourd'hui cette pratique est dépourvue de fondement juridique. Elle conduit à une pénurie organisée dans l'enseignement sous contrat. D'où les longues files d'attente de parents voulant y inscrire leurs enfants. Les sondages montrent plus de 40% des familles choisiraient le privé si elles pouvaient, soit plus du double du quota toléré par l'État.
    Faut-il en déduire qu'il faut risquer de poser des problèmes d'ordre public pour obtenir des financements publics?
    Si le gouvernement est conséquent, il doit remettre en cause ce plafond. Ce quota de 20% est injuste car il réserve à une minorité l'accès aux écoles privées, pourtant fondamental pour l'égalité des chances. Si les citoyens sont mûrs pour voter sur des sujets politiques complexes, ils sont bien capables de choisir l'école de leurs enfants!
    Le cœur d'une réforme efficace et juste de notre système éducatif est donc la suppression de la carte scolaire et du quota de 20%, et le financement de toutes les écoles au prorata des demandes d'inscription formulées par les parents. Non la multiplication d'écoles musulmanes sous contrat aux dépens des autres, sans impact réel sur leur orientation idéologique éventuelle


    le figaro
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