Le phénomène devient de plus en plus grave. Selon l’Association de lutte contre l’avortement clandestin (ALCAC), 1.400 avortements seraient pratiqués chaque jour au Maroc.
Derrière chaque avortement, il y a un drame humain dont les conséquences peuvent être terribles, non seulement pour la personne concernée, mais également, la famille et la société. En face d’une demande qui ne cesse de grossir, l’offre ne manque pas. Des médecins ont fait de cette opération un marché juteux qui leur assure des revenus conséquents et, cerise sur le gâteau, invisibles au fisc.
Chaque opération coûte entre 1.500 et 3.000 DH (150 à 300 euros), selon le praticien et selon aussi l’état d’avancement de la grossesse. Nous parlons d’un marché de près de 1,5 milliard de dirhams par an (150 millions d’euros). Autant d’argent qui échappe et l’Etat. Mais ce n’est pas le plus dangereux. Souvent, ces avortements font suite à un acte répréhensible par la loi, comme le viol.
De jeunes filles employées de maison, des étudiantes abusées par des amoureux pas très intéressés par la vie de famille, des femmes mariées violées dans des circonstances horribles… dans tous ces cas, les femmes enceintes n’admettraient jamais de donner naissance à un enfant conçu dans la force et la violence. La société ne le permettrait pas. Une fille célibataire, enceinte est la honte pour toute la famille, restreinte et élargie. Elle sera mise à l’écart et vue comme une catin, personne ne voudra plus s’en approcher. L’honneur de la famille est en jeu. Heureusement, les crimes d’honneur ne sont plus aussi fréquents qu’auparavant, bien que la réaction des pères et des frères, peut parfois dépasser l’acte de tuer.
Or se pose la question aujourd’hui, que faire ? Le Maroc doit trouver une solution, pour la simple raison que les choses ne doivent pas rester comme ça. Et c’est à ce niveau que les choses se ratent. La question de l’avortement risque d’être politisée à un moment où les islamistes, que ce soit ceux qui dirigent le gouvernement ou ceux, plus radicaux, qui s’opposent à tout, tentent d’en faire un point fort dans les élections locales de cette année. Sauf que le message des islamistes de la majorité reste incompréhensible. Tantôt, certains de leurs faucons jurent que la légalisation de l’avortement n’aura jamais lieu au Maroc, tantôt ce sont les plus « modérés » qui affirment qu’ils sont pour un large consensus qui plairait à tout le monde. On a vu d’autres pays se déchirer sur la question de l’avortement et certains sont parvenus à des solutions, y compris en Europe et au Etats-Unis.
Lorsque le ministre de la Santé a décidé d’organiser un débat sur l’avortement, on n’a pas très bien compris son geste. En effet, quelques semaines auparavant, il avait licencié un professeur gynécologue qui officiait dans une clinique du ministère et qui est en même temps le président de l’ALCAC. Ce professeur avait expliqué sur une télé française pourquoi il se bat pour la légalisation de l’avortement. Les propos tenus n’étaient visiblement pas du goût du ministre qui a coupé court au débat à sa manière. Pourtant, il est au gouvernement au nom du parti du progrès et du socialisme. Son chef au gouvernement l’a-t-il poussé la sanction contre le professeur ? On peut le supposer. Les islamistes n’ont pas manqué une occasion pour faire valoir que l’Islam ne peut pas tolérer la légalisation de l’avortement. Une interprétation stricte de la loi musulmane qui n’est d’ailleurs pas celle de tous les docteurs de la loi. Sur quel pied danser ? Les partis n’arrivent pas à se décider. Pour le moment une sorte d’hypocrisie générale remplace ce qui aurait du être un débat de fond.
La société sent que la cause va certainement être exploitée dans des buts plutôt politiciens que politiques. Or pour le moment, il n'est pas ancore clair qu'il y ait une volonté d'agir, laissant peut-être au temps la charge d'apporter sa contribution. Puisque toutes les institutions vont devoir partiiper au débat, le roi, lui-même, serait tenté par une intervention dans un sens ou dans l'autre. Il a déjà prs part en invitant le ministre de la Justice, celui des affaires islamiques et le président du Conseil national des droits de l’Homme à plancher sur le sujet et à faire une proposition. Wait and see
Mediapart
Derrière chaque avortement, il y a un drame humain dont les conséquences peuvent être terribles, non seulement pour la personne concernée, mais également, la famille et la société. En face d’une demande qui ne cesse de grossir, l’offre ne manque pas. Des médecins ont fait de cette opération un marché juteux qui leur assure des revenus conséquents et, cerise sur le gâteau, invisibles au fisc.
Chaque opération coûte entre 1.500 et 3.000 DH (150 à 300 euros), selon le praticien et selon aussi l’état d’avancement de la grossesse. Nous parlons d’un marché de près de 1,5 milliard de dirhams par an (150 millions d’euros). Autant d’argent qui échappe et l’Etat. Mais ce n’est pas le plus dangereux. Souvent, ces avortements font suite à un acte répréhensible par la loi, comme le viol.
De jeunes filles employées de maison, des étudiantes abusées par des amoureux pas très intéressés par la vie de famille, des femmes mariées violées dans des circonstances horribles… dans tous ces cas, les femmes enceintes n’admettraient jamais de donner naissance à un enfant conçu dans la force et la violence. La société ne le permettrait pas. Une fille célibataire, enceinte est la honte pour toute la famille, restreinte et élargie. Elle sera mise à l’écart et vue comme une catin, personne ne voudra plus s’en approcher. L’honneur de la famille est en jeu. Heureusement, les crimes d’honneur ne sont plus aussi fréquents qu’auparavant, bien que la réaction des pères et des frères, peut parfois dépasser l’acte de tuer.
Or se pose la question aujourd’hui, que faire ? Le Maroc doit trouver une solution, pour la simple raison que les choses ne doivent pas rester comme ça. Et c’est à ce niveau que les choses se ratent. La question de l’avortement risque d’être politisée à un moment où les islamistes, que ce soit ceux qui dirigent le gouvernement ou ceux, plus radicaux, qui s’opposent à tout, tentent d’en faire un point fort dans les élections locales de cette année. Sauf que le message des islamistes de la majorité reste incompréhensible. Tantôt, certains de leurs faucons jurent que la légalisation de l’avortement n’aura jamais lieu au Maroc, tantôt ce sont les plus « modérés » qui affirment qu’ils sont pour un large consensus qui plairait à tout le monde. On a vu d’autres pays se déchirer sur la question de l’avortement et certains sont parvenus à des solutions, y compris en Europe et au Etats-Unis.
Lorsque le ministre de la Santé a décidé d’organiser un débat sur l’avortement, on n’a pas très bien compris son geste. En effet, quelques semaines auparavant, il avait licencié un professeur gynécologue qui officiait dans une clinique du ministère et qui est en même temps le président de l’ALCAC. Ce professeur avait expliqué sur une télé française pourquoi il se bat pour la légalisation de l’avortement. Les propos tenus n’étaient visiblement pas du goût du ministre qui a coupé court au débat à sa manière. Pourtant, il est au gouvernement au nom du parti du progrès et du socialisme. Son chef au gouvernement l’a-t-il poussé la sanction contre le professeur ? On peut le supposer. Les islamistes n’ont pas manqué une occasion pour faire valoir que l’Islam ne peut pas tolérer la légalisation de l’avortement. Une interprétation stricte de la loi musulmane qui n’est d’ailleurs pas celle de tous les docteurs de la loi. Sur quel pied danser ? Les partis n’arrivent pas à se décider. Pour le moment une sorte d’hypocrisie générale remplace ce qui aurait du être un débat de fond.
La société sent que la cause va certainement être exploitée dans des buts plutôt politiciens que politiques. Or pour le moment, il n'est pas ancore clair qu'il y ait une volonté d'agir, laissant peut-être au temps la charge d'apporter sa contribution. Puisque toutes les institutions vont devoir partiiper au débat, le roi, lui-même, serait tenté par une intervention dans un sens ou dans l'autre. Il a déjà prs part en invitant le ministre de la Justice, celui des affaires islamiques et le président du Conseil national des droits de l’Homme à plancher sur le sujet et à faire une proposition. Wait and see
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