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Vieux poème Alifbatsique (Abécédaire)

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  • Vieux poème Alifbatsique (Abécédaire)

    Un jeune homme du Sahara, placé par ses parents dans un zaouïa, tenue auprès du tombeau d'un certain Saint
    personnage, se montrait rêveur, et semblait rien ne vouloir rien apprendre. Il fut présenté comme un élève
    indocile à un taleb qui lui reprocha de n'avoir pas même daigné apprendre le nom des lettres de l'alphabet
    et lui demanda la cause de sa noire mélancolie. L'écolier satisfit son taleb et lui récitât ce poème où les strophes donnent tour à tour'
    par les premiers sons qui les commencent, l'énoncé de chacune des lettres arabes dans leur ordre conventionnel.

    Tiré d'un vieux livre algérien datant de 1858, sous le titre de Poèmes Algériens et récits légendaires
    traduits ou imités en vers d'après l'idiome arabe d'Alger, par un certain B.Victor.


    A l'if dont le front vert décore
    le tombeau d'un saint, en ce lieu,
    Faut-il que je me plaigne encore
    Du mal qu'en moi veut laisser Dieu?


    Bannis-moi de ce sanctuaire,
    Ou dans les fers retiens mes pas:
    Fais moi boire un électuaire....
    Tes soins ne me guérirons pas.


    Ta science cède à la flamme
    Que n'éteindront toutes les eaux;
    Son feu me brule au fond de l’âme,
    Calcine ma chair et mes os


    Te satisfaire est bien facile,
    si tu veux connaitre mes maux.
    Pardonne au disciple indocile...
    J'aime!...je le dis en deux mots.


    J'imite, en priant le Prophète,
    les soupirs de David le Roi.
    Vous, dont la vie est parfaite,
    Que je souffre!...Ah! priez pour moi!


    Haletant, j'aime une gazelle
    Que je poursuit, -soins superflus!
    On n'en verra plus après elle...
    Après elle on n'en verra plus.


    Khalender, Marabout qui veilles,
    Vous à prier toujours constants,
    Bénissez Le Dieu des merveilles
    Qui nous en montre une en ce tems.


    D'Allah c'est une œuvre sublime,
    Un fruit de palmier,- astre au ciel!-
    Il est le seul de son régime,
    Et sur nous fait pleuvoir le miel.


    De sa langueur, hélas! la vie
    Marchant du néant au trépas,
    Jamais ne sort, d'ennuis suivie,
    Si l'amour ne soutient ses pas.


    Ramené dans la solitude
    Par l'effort de rivaux jaloux,
    Les pleurs, dont j'ai pris l'habitude,
    Baignant le sable et les cailloux.


    Zélé pour leur ravir ma belle,
    Je compose mille chansons.
    Dans mes vers tout haut je l'appelle,
    Libre comme aux flots les poissons.


    Si nous sondons l’œuvre divine
    D'Allah qui créa tout de rien,
    Contemplons celle qui devine
    Ce que mon cœur sent pour le sien.


    Chacun la voyant si folâtre,
    Sautillant au sol sous nos yeux
    Pour une colombe d’albâtre
    Prend cet ange venu des cieux


    Ça doit être quelque antilope
    Qu'on voit au loin paissant les fleurs...-
    Se dit-on, tandis qu'en syncope
    Je tombe, et change de couleurs.


    D'admirer cesse-t-on?....non certes!
    On rêve....on perd tout souvenir;
    Mon esprit fuit,et -corps inerte-
    je ne le sens plus revenir


    Taciturne, j'erre en délire;
    Dans ma tête vibre un bruit fort.
    Comme les corde d'une lyre
    Dont nul ne peut trouver l'accord.


    Damné, peut-être...- peine étrange
    Où pénètre un rayon du ciel!...-
    Je ne sais invoquer quel ange...
    Est-ce Azrail, ou Gabriel....?


    Haï, n'habitant plus ma tente,
    Aux Grands je demande cela:
    Lorsque Chitan ainsi me tente,
    Croyez-vous que j’offense Allah?


    Ris! ne m'accorde aucune grâce,
    Cheik qui m'a dit, en m'insultant:
    - "De mon aspect si je te laisse,
    Crois bien que tu m'en faits autant"


    Favorisez-moi d'indulgence
    Quand ce discours à vous viendra,
    Muftis!....Excusez la démence
    D'un pauvre enfant du Sahara.


    Qu'affreux était mon triste gite
    Dans les vieux murs du temps jadis!
    Mais ma houri savait bien vite
    Le transformer en paradis.


    Caftan brodé du chef suprême,
    J'enviais peu ta dignité,
    Lorsqu'elle me disait: - " je t'aime...!"
    En s'asseyant à mon coté.


    L’âme en moi se fondait de joie
    Quand vers mes regards sa splendeur
    Se tournait, comme l'or, la soie,
    Se tordent aux doigts du bonheur.


    "M'immoleras-tu mes rivales,
    O frère! disait-elle alors."
    -" O ma sœur! tu n'a pas d'égales!
    A toi j'appartiens, corps pour corps!"


    Nous ne prenions pas l'air maussade
    Qui me vient par accès subits.
    Elle m'offrait une grenade
    Ouvrant son écrin de rubis.


    Hélas que ma douleur vous touche!...
    L'objet de ces détails précis
    N'était qu'une ombre...et sur ma couche,
    Seul, je me réveillais assis.


    Ouate, rideaux, je déchire
    Tout, en courant...je ne sais où...
    Si l'on avait vu mon délire,
    Chacun dit: il est fou

    لا
    La malice d'un noir génie
    De l'amour m'a versé le vin.
    Pourquoi m'a-t-il laissé la vie
    Comme un verre vide en ma main?

    ي
    Illustrez de mon mal intime
    le nom doux comme Ain Saffa
    Écrivez Tha suivi d'un Mime
    Et tracez au-devant un Fa.

    ڢﻁﻡ
    Dernière modification par humani, 23 mars 2015, 01h24.

  • #2
    Bonjour humani
    Bonjour tout le monde

    Tres joli.. tres bien ecrit.. j'aime..

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    • #3
      Une leçon de beauté, de savoir et de vie
      Merci

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      • #4
        La malice d'un noir génie
        De l'amour m'a versé le vin.
        Pourquoi m'a-t-il laissé la vie
        Comme un verre vide en ma main?
        C'est très beau !
        Merci d'avoir partagé
        Ana ? Sah...Bagra wa el hatta...Dima fi lekhssara, ila ma 3jebtekch, kayn bitelma... Saha !!!
        9olo, wa el 9ol sabek fikoum, ana addit el khomri
        ou âachra fi âaynikom

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