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De Gaulle, les USA et l’indépendance de l’Algérie

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  • De Gaulle, les USA et l’indépendance de l’Algérie

    Un spécialiste des relations franco-américaines vient de publier un livre sur la guerre d’Algérie qui tord le cou à bien d’idées reçues en France, où l’indépendance est attribuée à une volonté de Charles de Gaulle, convaincu de cette inéluctable option. Ce qui vaut au général, appelé en 1958 au secours de la IVe République, d’être crédité d’une certaine lucidité.
    Après avoir enquêté dans les archives de plusieurs pays, Irwin
    M. Wall, universitaire connu, conclut que le général fut en réalité contraint par les États-Unis à la négociation avec le FLN.



    Sur le lien de Soleb on peut télécharger le dossier de presse:
    http://images.google.ca/imgres?imgur...lr%3D%26sa%3DG


    Fruit d'une enquête dans les archives de plusieurs pays, cette étude montre comment la politique « eurafricaine » du Général fut mise en échec par les États-Unis. Un livre qui bouscule bon nombre d'idées préconçues.

    COMME NAPOLÉON et beaucoup de personnages mythiques, de Gaulle a suscité deux mémoires historiques. La première, nourrie par les témoignages des fidèles et plus récemment de l'un de ses héritiers, popularise l'image du grand homme, superbe dans son refus de la fatalité et ayant toujours eu raison contre tous. Fondé sur les travaux des spécialistes, le second courant vise moins à exalter qu'à comprendre et à expliquer. Universitaire américain connu pour ses recherches sur l'influence des États-Unis pendant la IVe République, Irwin Wall se rattache à cette mouvance. À preuve, le livre qu'il publie sous un titre un peu neutre et dont le Général est, en fait, le héros principal.
    Autant l'avouer tout de suite : le public français risque d'être surpris par le ton de cette étude, fruit d'une enquête dans les archives de plusieurs pays. Malgré les drames qui ont accompagné l'indépendance de l'Algérie et même s'il fit preuve d'un machiavélisme évident, de Gaulle est généralement crédité, dans cette affaire, d'une certaine lucidité : on lui reconnaît le mérite d'avoir deviné relativement tôt que les territoires conquis par Bugeaud étaient voués à sortir de la Métropole. Tout autre est la thèse brillamment soutenue par Irwin Wall ; pour lui, le fondateur de la Ve République fut contraint de négocier avec le FLN non seulement sous la pression internationale, comme on l'admet d'ordinaire, mais plus précisément parce que son grand dessein diplomatique venait de se fracasser. Dès son retour au pouvoir en 1958, le Général aurait eu, en effet, selon l'auteur, le projet de conforter la puissance française face au protecteur américain, d'abord par la mise en oeuvre d'un ensemble euro-africain dont l'Algérie devait être l'élément central et aussi par une relance de la politique européenne visant, sur une base confédérale, et sous sa direction, à regrouper les pays fondateurs de la Communauté. Si l'on admet ce raisonnement, le fameux mémorandum envoyé par de Gaulle à Eisenhower le 17 septembre 1958 et visant à doter l'Alliance atlantique d'un directoire à trois (États-Unis- Grande-Bretagne- France) prend une signification inédite : en faisant cette proposition, soutient Irwin Wall, le président français souhaitait de manière concomitante l'aval des États-Unis à une politique tendant à maintenir l'Algérie sous une domination française plus ou moins camouflée. N'ayant pas obtenu de réponse puisque Washington était décidé depuis longtemps à admettre les revendications du FLN, le Général aurait brutalement décidé de tirer les conséquences de cet état de fait en abandonnant l'Algérie.

    Le plus lucide était Raymond Aron

    La relecture de cet épisode douloureux par Irwin Wall est séduisante. Si l'on hésite à le suivre dans toutes ses conclusions, ce n'est pas parce que ses recherches apparaissaient incomplètes ou orientées, mais simplement parce que toutes les clés permettant de saisir la démarche du Général ne se trouvent nécessairement pas dans les archives. Qu'il ait voulu dans un premier temps éviter une mainmise du FLN sur l'Algérie, on ne saurait le discuter. Son objectif, comme celui de Mendès France un peu plus tôt, était certainement de maintenir les trois départements dans le cadre d'une sorte de Commonwealth à la française, et son espoir était aussi de voir surgir du côté des rebelles des partenaires plus ouverts, plus conscients des enjeux et notamment des avantages d'une autonomie progressive.
    De là à imaginer qu'il ait songé à un maintien éternel de la France de l'autre côté de la Méditerranée il y a un pas d'autant plus difficile à franchir qu'on sait avec certitude qu'il ne crut jamais à l'intégration. On n'oubliera pas non plus qu'antérieurement, dans des circonstances similaires, sa tendance première fût toujours de rétablir l'ordre, au besoin avec vigueur, quitte à négocier plus tard. Irwin Wall en tout cas nous éclaire beaucoup sur cette France de la fin de la IVe République et des débuts de la Ve qui hésitait à clore l'ère coloniale. Le soutien des États-Unis à de Gaulle en mai 1958 se trouve notamment confirmé avec force.
    Une fois encore, le plus lucide apparaît alors être Raymond Aron qui, convaincu très tôt de la nécessité d'émanciper l'Algérie, intervenait avec vigueur auprès des responsables américains afin qu'ils appuient une solution raisonnable, ménageant des transitions au profit de toutes les parties en présence. On sait, hélas, qu'il ne fut pas écouté.

    Le Figaro
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