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Pourquoi je désapprouve la démarche actuelle du MAK-GPK

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  • Pourquoi je désapprouve la démarche actuelle du MAK-GPK

    Le concept d’autonomie régionale n’est inventé ni par les Algériens, ni par les Kabyles, ni par Ferhat Mehenni. Il est pratiqué ou envisagé dans beaucoup de pays à travers le monde mais, parce que chez nous c’est un Kabyle opposant de surcroît qui l’a proposé, d’instinct toutes les raisons sont bonnes pour le diaboliser.

    Dans un système conçu de façon fermée par des parachutés qui ne croient pas à l’évolution ni au changement, toute personne qui envisage de penser les choses autrement est sujette à la diabolisation. D’où notre faillite à tous les niveaux, et toujours de la même façon.

    La mise en avant de la revendication de l’autonomie, à partir de 2001, a ouvert le débat sur la nécessité du parachèvement de l’indépendance algérienne à travers l’abolition de l’Etat jacobin et la réflexion autour de la recomposition des structures de l’état afin d’instaurer un système de gouvernance en concordance avec la pluralité algérienne. Chose qui a avancé formidablement au niveau de la société civile et de la classe politique malgré l’entêtement du pouvoir dans sa logique de gestion centralisée de la rente.

    Cette alternative politique constitue, de mon point de vue, un tournant décisif dans la vie politique nationale. Elle vise à en finir avec l’économie de la rentre à travers la valorisation de la richesse et de la ressource humaine locale capables de diversifier notre économie. Les potentialités et les opportunités existent au niveau local, il leur manque juste un cadre juridique qui va leur permettre de créer une valeur ajoutée dans l’économie locale qui est la source du développement de l’économie nationale.

    Une partie de la population de Kabylie a adopté ce concept après un travail de vulgarisation de longue haleine et surtout après avoir été rassurée que cette option ne voulait pas dire séparation et sécession.

    Si le MAK a réussi, un certain moment, à se trouver une place dans la scène politique en Kabylie, c’est parce qu’il a fait comprendre aux Kabyles que son combat était celui de l’autonomie dans un cadre algérien et rien d’autre.

    Endosser d'autres missions, aujourd'hui, à ce mouvement est une manière de duper les Kabyles et surtout une volonté de cultiver le statu quo et d’empêcher l’aboutissement de ce projet politique vital pour la consécration de la pluralité algérienne à travers la prise en charge constitutionnelle des particularités régionales afin de mettre un terme au régionalisme négatif qui gangrène les structures de l’état central.

    Lors des consultations pour son lancement, les initiateurs de cette idée ont doté leur démarche d’une mission principale, celle de faire aboutir le projet de l’autonomie de la Kabylie dans le cadre de l’intégrité territoriale algérienne et dans la perspective d’une Algérie fédérale comme le signalait si bien la première pétition lancée en 2001 en faveur de cette option.

    Si des indépendantistes existent aujourd’hui en Kabylie, pourquoi n’assument-ils pas cette option dans le cadre d’un mouvement indépendantiste ? Pourquoi squattent-ils l’espace naturel de l’idée autonomiste avec un passif politique des plus intéressants ?

    Ceci dit, toute la responsabilité de cette radicalisation des revendications du MAK, à travers essentiellement le comportement de sa composante humaine la plus jeune, incombe au pouvoir mafieux qui a brillé par la sourde d’oreille devant les aspirations légitimes de changement du système de gouvernance. Plus grave encore, la machine répressive du système a tout fait pour pousser à l’irréparable à travers l’interdiction des actions pacifiques du MAK et la multiplication des arrestations arbitraires de ses militants.

    En ce qui me concerne. J’ai l’intime conviction qu’il n’y a aucune volonté d’aller vers la violence au niveau de toute la classe politique kabyle en général et des responsables du MAK-GPK en particulier. Cette région est foncièrement démocratique et pacifique, les responsables de ce mouvement sont issus d’une génération de militants qui a porté et qui porte toujours les germes de la culture démocratique, de l’universalité et du pacifisme.

    Il me semble qu’il y a juste une erreur d‘appréciation de certaines approches politiques internationales qui échappent à l’élite de ce mouvement trop influencée par son parcours culturaliste. Le passage à l’autodétermination est dicté par une volonté d’internationaliser cette question et de l’inscrire dans le sillage du nouvel ordre mondial qui est en train d’être façonné. Je conteste cette vision des choses parce que ce nouveau « désordre » mondial a démontré ses véritables intentions au nord du Mali et au Kurdistan. Cette nouvelle conception du monde n’aspire à aucun changement dans les pays du sud, bien au contraire on assiste à un ravalement politique qui n’est en réalité qu’une manière très rusée utilisée par l’occident afin de renouveler sous d’autres formes les dictatures du sud au détriment des peuples. Les Touaregs du nord du Mali, les Kurdes en Syrie et les Amazighs de Libye en savent beaucoup de choses sur ce sujet. Penser que la Kabylie peut compter sur ce genre de changement pour émerger dans le cadre de l’exécution du « cas Algérie » est une véritable illusion.

    L’événement qui a inspiré cette modeste contribution est bien évidement la récente polémique autour d’un « drapeau Kabyle » autoproclamé par le GPK et ce n’est surtout pas le volet technique de cette opération qui me fait réagir mais c’est cette manière de s'investir dans une symbolique qui chauffe à blanc les foules dans une position marquée par le provisoire et une situation qui appelle à la prudence, vu les dangereuses mutations géostratégiques qui caractérisent l’environnement politique de la région nord-africaine en ce moment.

    Il faut avoir une vision globale des tenants et des aboutissants de ces mutations politiques parce que la Kabylie est indissociable de ce qui se passe autour d'elle.

    Accompagner cette démarche du nouveau « désordre » mondial qui vise à la destruction des valeurs historiques de l’humanité en général et des peuples autochtones en particulier afin de recomposer la géographie mondiale en faveur des intérêts des multinationales est suicidaire pour l’Afrique du nord, l’Algérie et la Kabylie.

    La volonté de reconfigurer les frontières en Afrique du nord et au Sahel en ce moment ne profite pas aux peuples qui composent cette zone névralgique mais elle se projette dans l’intérêt de ceux qui ont tué dans l’œuf l'état de l'Azawad et ceux qui ont mis la vallée du M'zab à feu et à sang. Cette recomposition s’inscrit dans la perspective de créer une zone de non souveraineté qui va faire des Amazighs du sud des esclaves.

    L’urgence est de riposter à ce projet diabolique dont les différentes dictatures de la région se sont rendues coupables à travers leur complicité flagrante avec les appétits mesquins des multinationales.

    L’enjeu est bien au-delà du gaz de schiste. La mobilisation légitime contre l’exploitation de ce gaz non conventionnel est une manière de réfuter cette volonté de créer cette zone franche qui va faire disparaître toute identification historique de l'Afrique du nord et qui va galvauder tout aspect authentique, civilisationnel et linguistique de cette région. La destruction des mausolées au nord du Mali et dans la vallée du M'zab est une preuve tangible de la justesse de cette lecture.

    Inscrire sa démarche politique dans le soutien actif de la formidable contestation qui s’organise actuellement dans le sud algérien est la meilleure manière de défendre la Kabylie en amont.

    Moussa Nait Amara

    Pas à la tique ..
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