Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La Tunisie contre le terrorisme : la revanche du Bardo

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La Tunisie contre le terrorisme : la revanche du Bardo

    Avant-hier Charm El-Cheikh, hier Tunis. Le monde s’était donné rendez-vous au Bardo au lendemain du 26e Sommet de la Ligue arabe. Les salons d’honneur de l’aéroport Tunis-Carthage ont accueilli à flots continus des personnalités venues d’Europe, du Moyen-Orient… Douze jours après le carnage perpétré au Bardo par deux tueurs, vingt-deux morts en guise de solde macabre, Tunis se devait de montrer ses muscles, de prouver que la nation était sûre, sa police déterminée.

    Le Bardo, une citadelle pour VIP
    Dès l’aube, un hélicoptère strie le ciel du Bardo. Signe extérieur de maîtrise du sol et des airs. Faisant du lieu une citadelle pour VIP. Armée, garde nationale, antiterrorisme : tous les corps sécurisent le musée et l’Assemblée des représentants du peuple. La route X, une deux fois deux voies qui vient de l’aéroport Tunis-Carthage, est balisée par des policiers tous les cent mètres. Pour parvenir au cœur de l’événement, il faut slalomer, user des chemins de traverse, feinter les routes barrées. Pour se diriger vers le Bardo, il faut juste suivre les forces de l’ordre.

    Le coeur du pouvoir, un bunker
    À une poignée de kilomètres du centre de la capitale, le cœur du pouvoir est un bunker. Barrage après barrage, il faut choisir. Être à l’intérieur, avec badge et surbadge, ou demeurer à l’extérieur. Une fois entré, on est enfermé. La presse internationale est cantonnée sur le flanc gauche face à l’entrée de l’Assemblée. Où une noria de véhicules diplomatiques encadrés par des 4 x 4 sécuritaires dépose les représentants des pays européens et africains. Les présidents y entrent par la grande grille en fer forgé. Soixante-quinze mètres les séparent des six marches qui permettent d’entrer dans le bâtiment. On entend les cris des manifestants à l’extérieur.

    La foule à deux kilomètres du centre
    À Bab Saadoun, à deux kilomètres, il y a foule, malgré les difficultés pour s’y rendre. Depuis l’intérieur de l’enceinte du Bardo, le vent apporte la rumeur de la foule, l’hymne national scandé à tue-tête. Les talkies-walkies grésillent. Une fébrilité caractérise les multiples services de sécurité qui délimitent chaque parcelle. Les drapeaux claquent au vent. Des snipers cagoulés, sur les toits, scrutent le sol.

    "Faut agir contre le terrorisme"
    Après le fiasco sécuritaire du 18 mars, un musée sans sécurité, la Tunisie déroule avec succès le tapis sécuritaire. Dans l’entourage du président Béji Caïd Essebsi, on constate qu’au sommet de la Ligue arabe "il y a eu prise de conscience qu’il faut agir contre le terrorisme". Une évidence qui fait figure de révélation pour cette assemblée plus connue pour ces divergences – vaisselles cassées lors de la guerre du Golfe… - et sa léthargie. Mais, précise un conseiller, "de la prise de conscience à l’action, il y a un gap…" D’autant que l’intervention saoudienne au Yémen complique le jeu politique.

    Une kyrielle hétéroclite de délégations
    Avant midi, heure du début de la marche symbolique, les puissantes berlines avec calicots se succèdent. L’ambassadeur allemand succède au vice-président de l’ARP, l’avocat Mourou, venu à pied. Ministres, ambassadeurs, amis : on se presse. L’aréopage diplomatique est important. Le soutien à la Tunisie apparaît patent. Le ministre de la Culture de l’Arabie saoudite arrive sous les ricanements de la presse internationale : "Leur ministre de la guerre est occupé ailleurs…", "Ah, ils ont un ministre de la Culture !" Idem pour le Qatari : "Le roi s’amuse", lance un éditorialiste italien. Pendant ce temps, le président de l’ARP reçoit son homologue français, Claude Bartolone. Mohamed Ennaceur souhaite rencontrer la presse, mais les services de sécurité s’entrechoquent. Celui qui vous mène à son bureau se voit barrer la route par un autre organe sécuritaire. Match nul. Pas de rencontre avec la presse. Mahmoud Abbas précède François Hollande. Le président palestinien, encadré par six gardes du corps, ne semble guère libre de ses mouvements.

    Hollande, le plus prisé des invités
    Le président français arrive. Il est l’invité le plus prisé, titulaire d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, élu d’un pays où vivent près de 700 000 Tunisiens. Le 7 avril, Béji Caïd Essebsi effectuera une visite d’État en France. Un deal tripartite s’annonce : la France fournira des armes à la Tunisie pour lutter contre le terrorisme, armes payées par un pays du Golfe. L’alliance des marchands et des financiers. Les costumes-cravates des diplomaties portent un badge bleu siglé "Délégation officielle". Des panneaux "Soy Bardo", "Nous sommes Bardo" sont brandis. La stèle, une plaque avec la liste des victimes, est dévoilée par le président tunisien. La victime française, décédée hier, ne bénéficie que d’un bout de papier collé au bas du marbre. BCE salue "François Mitterrand", avant de se reprendre en embrassant "François Hollande". Un moment de légèreté qui détend officiels et policiers. Une cohue généralisée caractérise le Bardo.

    Mission accomplie
    Les photographes râlent, faute d’espace suffisant pour immortaliser le cortège de dirigeants politiques. Les voitures officielles patientent, moteurs allumés. Matteo Renzi part, non sans avoir accordé aux médias italiens quelques phrases, quelques quignons de déclarations. À l’extérieur, des milliers de Tunisiens brandissent des drapeaux, saluent les cortèges officiels. Les forces de l’ordre se détendent. L’opération "Destination Tunisie" a réussi. Au cœur du musée du Bardo comme à l’extérieur. Le ministre de l’Intérieur, M. Gharsalli, s’apprête à donner une conférence de presse. Et d'annoncer "la mort de neuf terroristes" durant la nuit. La démonstration sécuritaire made in Tunisia s’achève. Mission accomplie.

    le point fr
Chargement...
X