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Houthis, Saleh, Frères musulmans... Leur rôle dans la crise au Yémen

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  • Houthis, Saleh, Frères musulmans... Leur rôle dans la crise au Yémen

    Au Yémen, le président "légitime" Mansour Hadi, l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les rebelles Houthistes et le parti islamiste Al-islah mais aussi Al-Qaïda sont les principaux protagonistes du conflit. Passage en revue.

    Mansour Hadi, président légitime aux pieds d'argile

    Il fait surtout figure de président par défaut. Vice-président du Yémen pendant 17 ans, Abd Rabo Mansour Hadi accède à la tête de l'Etat à la faveur de la révolte du printemps 2011. S'il est le premier président élu au suffrage universel de l'histoire du pays, en 2012, il bénéficie d'une légitimité populaire toute relative: seul candidat en lice, il a emporté 99,8 % des suffrages, pour un mandat transitoire de deux ans. Mansour Hadi "est un personnage relativement faible, isolé, qui ne dispose, hormis le soutien verbal de la communauté internationale, d'aucun réseau de pouvoir", expliquait à l'Express le politologue François Burgat il y a quelques jours.

    Mansour Hadi ne dispose pas même d'une assise dans sa région d'origine, l'ex-Yémen du Sud (L'unification du Yémen du Nord avec le Yémen du sud ne date que de 1990), qui lui tient rigueur d'avoir réprimé, pendant son mandat, le mouvement sudiste et auparavant, en tant que ministre de la défense, d'avoir mené une offensive militaire contre Aden.

    A la suite de la prise de contrôle de la capitale, Sanaa, par les rebelles houtistes, en février, il s'est installé à Aden, ex-capitale du Yémen du Sud. Face à l'avancée des houtistes vers Aden, la semaine passée, il a sollicité une "intervention militaire" des monarchies sunnites du Golfe avant de se refugier en Arabie saoudite. Pour Laurent Bonnefoy, spécialiste du Yémen, l'intervention pilotée par les Saoudiens "n'est aucunement en mesure de relégitimer Hadi". Il restera, "y compris auprès d'une large part de la population du Sud, explique le chercheur à Orient XXI, comme celui qui a appelé à une intervention étrangère au mépris de la souveraineté du pays."

    Les houthistes, rebelles "chiites" à l'assaut du pays sunnite

    Le mouvement rebelle houthiste prend racine dans la communauté "zaydite", une branche du chiisme, présente dans le nord, qui représente un tiers de la population du pays. "Cette communauté a constitué pendant plus de mille ans l'aristocratie religieuse et politique régnante du Yémen", rappelle François Burgat. Le mouvement, à ses débuts, dénonçait la marginalisation des zaydites par l'ancien président Ali Abdallah Saleh et lui reprochait de se soumettre aux exigences sécuritaires imposées par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre. De violents affrontements l'ont opposé au pouvoir de Saleh, de 2004 à 2010.


    Baptisé Ansarullah ("les partisans de Dieu"), la milice est dirigée par Abdel Malek al-Houthi, frère du fondateur ayant donné son nom au mouvement, Hussein Badr Eddine al-Houthi.
    Dans un brusque renversement d'alliance les houthistes se sont, ces derniers mois, associés aux partisans de l'ex-président Saleh pour affronter la coalition au pouvoir depuis le soulèvement de 2011.

    A partir de l'été 2014, la milice houthiste gagne du terrain dans le nord, entre dans Sanaa -avec la connivence de l'armée, toujours sous influence de l'ancien président Saleh- avant d'étendre son influence vers l'ouest et le centre du Yémen. En février, elle prend le palais présidentiel, dissout le Parlement et installe de nouvelles instances dirigeantes.
    Ansarullah est soupçonné d'être soutenu par l'Iran.

    Ali Abdallah Saleh, l'ex président "charmeur de serpents"

    Manoeuvrier hors pair, Ali Abdallah Saleh, au pouvoir pendant 33 ans, vantait sa capacité à "danser avec les têtes de serpent". Il a survécu à la reprise de la guerre avec le sud en 1994, imposé son pouvoir aux confédérations tribales et obtenu la protection de Washington.

    Chassé du pouvoir par le soulèvement populaire du printemps 2011 dans le cadre d'un accord parrainé par l'Arabie saoudite, il continue de bénéficier de l'allégeance d'une part significative de l'armée et de l'administration. Après 2012, Saleh a refusé de s'exiler et est resté à la tête de son parti, le Congrès populaire général (CPG), auquel appartient aussi son successeur.

    Epargné afin de faciliter le processus de transition, il a choisi de s'allier, contre les islamistes d'Al-Islah, avec les houthistes qu'il avait longtemps combattus. "Se souvenant qu'il est lui-même issu d'une tribu zaydite, il a mobilisé, pour se venger, l'arme de la division sectaire", rappelle François Burgat. Pour autant, cette alliance est "difficilement pérenne entre deux anciens ennemis engagés dans des stratégies différentes", avertit Laurent Bonnefoy. Prêt à un nouveau retournement, Ali Abdallah Saleh a d'ailleurs appelé, vendredi -sans être entendu, à ce stade- à un cessez-le-feu, et proposé de tenir aux Emirats arabes unis un dialogue entre les protagonistes yéménites.

    Al-Islah, la branche yéménite des Frères musulmans

    Fondé en 1990, au lendemain de l'unité du Nord et du Sud, le parti Al-Islah s'appuie sur trois piliers: des élites tribales conservatrices, des réseaux d'hommes d'affaires et une branche idéologique rattachée aux Frères musulmans. Par le passé, Al-Islah a participé à des gouvernements de coalition, une pratique du pouvoir rare chez les partis frères dans le monde arabe.

    Passé à l'opposition à partir des années 2000, le mouvement dispose de solides "ressources électorales et financières mais aussi de capitaux dans les secteurs caritatif, éducatif", selon Laurent Bonnefoy. Ces ressources lui ont permis de jouer un rôle important lors du soulèvement de la "jeunesse révolutionnaire" en 2011, même s'il n'en n'était pas à l'origine. La figure la plus en vue du mouvement est Tawakkol Karman, prix Nobel de la Paix 2011. Al-Islah est associé au gouvernement installé après la chute de Saleh en novembre 2011 dans le cadre d'une coalition, mais sans être en première ligne.
    Face à l'avancée houthiste, Al-Islah a constitué un "Bloc de salut national" avec d'autres composantes yéménites: le parti nassérien (panarabe), Al-Rashad (salafiste) et des groupes membres du Mouvement sudiste, qui plaide pour l'autonomie de l'ex-Yémen du Sud.

    Al-Qaïda et l'EI en embuscade

    Le groupe Etat islamique a fait une entrée fracassante au Yémen en revendiquant des attaques suicide à Sanaa qui ont fait 142 morts le 20 mars dans des mosquées fréquentées par des fidèles zaydites. L'EI est ainsi intervenu sur le terrain occupé par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
    Aqpa est né de la fusion, en 2009, des branches saoudienne et yéménite du réseau sunnite. Fortement présent dans le sud et le sud-est du Yémen, Aqpa multiplie les enlèvements et les attentats contre l'armée. Pôle d'attraction de djihadistes étrangers, Aqpa a revendiqué plusieurs attentats anti-occidentaux dans le monde dont celui du 7 janvier à Paris contre la rédaction de Charlie Hebdo.

    Les Etats-Unis mènent depuis plusieurs années, avec l'appui des autorités de Sanaa, une lutte contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique, principalement au moyen de drones. Plusieurs dirigeants d'Aqpa ont été tués par ces engins qui ont aussi fait de nombreuses victimes collatérales et dressé les populations locales contre les Etats-Unis et le pouvoir central de Sanaa.
    Dernièrement, Al-Qaïda a profité de l'avancée des houthistes pour se poser comme seule force capable de contenir l'avancée "chiite". Si l'intervention militaire des pays du Golfe déclenchée le 19 mars a provisoirement éclipsé Aqpa du devant de la scène, le groupe djihadiste pourrait, comme c'est le cas dans les autres pays de la région, tirer profit du nouveau désordre pour consolider son emprise sur le pays.

    l'express fr
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