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France : quand des flics se lâchent sur un sans-papiers

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  • France : quand des flics se lâchent sur un sans-papiers

    Fin janvier une ONG voit débarquer en centre de rétention un sans-papiers en sale état. Anis T. raconte alors s’être fait tabasser par la police, insulter et asperger de spray désinfectant.

    Centre de rétention du Mesnil-Amelot (77) – « Quand il est entré, j’ai tout de suite vu les marques sur son visage », rembobine Nicolas Braun de la Cimade (link is external). Le 23 janvier, Anis T., sans-pap’ placé en rétention administrative, débarque dans le bureau occupé par l’ONG dans ce centre fermé. Un large bandage blanc barre son front. Nicolas note plusieurs hématomes sur son visage. « Sur les tempes et les pommettes », détaille-t-il à StreetPress :

    « Il avait aussi des grosses plaques rouges sur presque tout le visage. »

    A Nicolas, Anis T. 26 ans, fait le récit de son calvaire. Le 22 janvier aux alentours d’une heure du mat’, le jeune maghrébin est interpellé dans le 93 en compagnie de trois autres personnes. « Une intervention musclée », selon les quatre interpellés. Tous sans-papiers, ils sont menottés et embarqués. Direction le commissariat, où ils sont placés en garde-à-vue.

    Aspergé avec un spray désinfectant

    C’est dans les locaux de la police que tout aurait dérapé. A Nicolas Braun, Anis raconte avoir été isolé dans une pièce. Comme la procédure le stipule, on lui retire les menottes. Une dizaine de fonctionnaires entourent le sans-papier. Pendant la fouille, qu’Anis décrit comme brutale, il s’agite. L’un des policiers, sans aucune forme d’explication préalable, l’aurait alors aspergé avec un spray désinfectant. Une procédure assez courante, explique Nicolas Braun :

    « C’est souvent quelque chose qui met en panique les migrants interpellés. Ils reçoivent un produit sur le visage, sans comprendre ce que c’est ni pourquoi. Ils ont l’impression de se faire gazer. »

    Ce serait ce produit qui aurait déclenché une forte réaction allergique et causé ces nombreuses marques rouges sur le visage d’Anis. Le sans-papiers est effrayé et il tente de protester. Difficile de reconstituer le déroulé exact et chronologique des faits, comme l’explique Nicolas :

    « Dans mon bureau, Anis était encore très effrayé et il ne s’exprimait pas parfaitement. »

    Mais malgré les mots hésitants, Nicolas Braun comprend que le sans-papiers a subi un véritable déferlement de violence. Entre les quatre murs de la cellule de fouille, un policier lui aurait balancé deux coups de poings, tandis qu’un autre le jette au sol. Alors qu’il est à terre, des agents le rouent de coups de pieds dans les jambes et sur la tête. Anis hurle à l’aide.
    « Toi t’es arabe, t’es de la ***** »

    Ses amis entendent ses cris et les bruits de ce qui ressemble beaucoup à une ratonnade. En réaction un policier ferme brusquement la porte jusque-là laissée entre-ouverte. Anis est à nouveau menotté dans le dos puis plaqué contre un mur. Il reçoit plusieurs coups de poings supplémentaires.

    Dans la mêlée, en plus des coups, les noms d’oiseaux pleuvent. Nicolas, toujours mesuré dans le récit qu’il fait à StreetPress, évoque plutôt « des propos à caractère raciste ». Et d’énumérer les insultes rapportées par la victime et confirmées par les témoins auditifs qu’il a également vu passer dans son bureau :

    « Toi t’es arabe, t’es de la *****. – Ta mère. – Fils de **** ! »

    Est-ce qu’Anis s’est débattu trop brutalement, déclenchant ainsi les coups des fonctionnaires ? Pour Nicolas Braun, ça ne changerait pas grand-chose à l’affaire :

    « Comment autant de policiers peuvent justifier un tel passage à tabac sur quelqu’un d’1m72, environ 65 kg et quasiment tout le temps menotté. Les policiers doivent toujours apporter une réponse proportionnée. »

    Une enquête est en cours

    Quand son calvaire s’arrête, Anis est jeté en cellule pour le reste de la nuit. Impossible de dormir, tant les douleurs sont vives, raconte-t-il à la Cimade. Au vu de son état, des policiers décident tout de même de l’emmener à l’unité médico-légale de l’hôpital Jean-Verdier de Bondy. Le certificat médical établi par le médecin énumère les différentes lésions et conclut que ses blessures entraînent une incapacité totale de travail de dix jours.

    Le 23 janvier 2015 à 14h, soit plus de 35 heures après son interpellation Anis est amené au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot. Dès son arrivée, une photo de son visage tuméfié est prise. Et c’est là qu’il rencontre la Cimade. Face à la gravité de son cas, l’ONG décide de saisir les services du Défenseur des droits. Contacté par StreetPress, l’organisme confirme qu’une enquête est en cours.

    5 jours plus tard Anis passe devant le juge des libertés. Ce dernier constate de très nombreuses erreurs et manquements dans la procédure. Il décide en conséquence de la remise en liberté d’Anis.

    (Le prénom a été modifié)

    Street Press
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Bien réfléchir avant de passer la Méditerranée, l'eldorado français n'est pas aussi rose que beaucoup le croit. Ce calvaire est vécut par beaucoup de sans papiers mais peu osent le raconter.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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