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Mustapha Chérif, ma rencontre avec le pape Benoît XVI

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  • Mustapha Chérif, ma rencontre avec le pape Benoît XVI

    L'ancien ministre et islamologue algérien Mustapha Cherif raconte sa rencontre avec le pape Benoît XVI.
    ________________________
    Ma rencontre avec le pape Benoît XVI

    El-Watan
    26/11/2006
    Propos recueillis par
    Omar Berbiche

    Premier penseur musulman à être reçu au Vatican, l’ancien ministre et islamologue M. Mustapha Chérif nous livre, dans cet entretien, ses impressions sur sa rencontre, il y a quelques jours, avec le pape Benoît XVI.

    Vous avez été reçu il y a quelques jours, à votre demande, par le pape Benoît XVI. Comment l'idée d'une telle entrevue vous est-elle venue et quelles en sont les motivations ?

    J’ai pris cette initiative, il y a plus de six mois. J'ai écrit au pape Benoît XVI pour lui demander de le rencontrer, inquiet du risque de recul, lorsqu'il a décidé au printemps dernier de rattacher le conseil pontifical interreligieux à celui de la culture.

    Jusqu'à maintenant chacun de ces organes de dialogue était une institution à part entière. J’ai exprimé l’idée claire qu’avant d'être une culture, l'Islam est une religion, c'est le troisième rameau du monothéisme. Ensuite, comme tous les croyants, mais aussi tous les citoyens du monde soucieux d’objectivité, j'ai été choqué par son discours de Ratisbonne du 12 septembre. A la suite des regrets qu'il a exprimés, je lui ai renouvelé ma demande d’audience. Le Coran ne dit-il pas «Dialogue avec eux de la meilleure façon» ?

    Dans le contexte international confus, il s'agissait de présenter le vrai visage de l’Islam, de tenter de mettre fin aux amalgames et aux préjugés et de ne
    pas donner l'occasion aux extrémistes de tous bords d'exploiter la situation préjudiciable pour tous.

    Le pape connaît-il bien l’Islam ? Avez-vous le sentiment en vous entretenant avec le souverain pontife qu'il a une grande maîtrise de la question?

    Non. J’ai constaté que le pape, qui veut comprendre, il m’a écouté avec attention et bienveillance, n’est pas un spécialiste de l’Islam. De plus, il n’a pas assez connu de musulmans ni connu de près les sociétés musulmanes. D’où l’importance pour lui, à mon avis, de la rencontre et du dialogue avec les musulmans ; pas seulement s’informer à partir de sources chrétiennes, de textes coupés parfois des réalités du dedans ou carrément tendancieux.

    Le pape Jean-Paul II s'est beaucoup investi dans le dialogue des civilisations. Son successeur donne l'impression , de l’avis de nombreux observateurs, qu'il revient sur les engagements de son prédécesseur. Est-ce également votre avis ?

    Il est trop tôt pour se prononcer. Il nous faut rester, en même temps ouverts au dialogue et vigilants. Mais si le style évidemment semble nettement changer, sur le fond, pour ce pape, qui est un grand théologien, s’il veut donner une autre orientation, et à ce sujet rien n’est sûr, il lui sera difficile de remettre en cause les principes de l’Eglise, fixés depuis près de 50 ans lors du concile du Vatican II.

    Principes fondés sur une stratégie réaliste et positive du dialogue et du rapprochement. Cela dépend aussi de notre volonté et de notre capacité à
    expliquer et à convaincre que l’intérêt commun est de dialoguer dans le respect mutuel et de faire face ensemble aux défis communs, et non point à
    être concurrents. D’où ma démarche. Car d’autres forces, préoccupées
    par la vitalité de l’Islam, opposées au vivre ensemble, à la paix et à la justice, propagent des idées funestes pour diviser les peuples et faire diversion
    aux problèmes politiques du monde.

    Un islamologue algérien reçu par le pape, y at- il un message à retenir de votre démarche, d'abord dans le cadre global du dialogue entre les civilisations et, d'une manière plus particulière, pour enraciner, dans notre société, les valeurs de tolérance entre les religions que nous avons perdues avec les agressions qu'a connues l'Algérie et son peuple au cours de ces dernières années ?

    Tout à fait. En tant que penseur algérien, homme de conviction, attaché à la coexistence pacifique et à la manifestation de la vérité par le savoir, il est
    naturel que je tente de témoigner et de défendre notre juste cause déformée par des étrangers et certains des nôtres. C’est une question de conscience. Le message est pluriel. Les voix du silence, majoritaires, le peuple profond et l’Islam de toujours, auxquels je me rattache, sont non seulement au-dessus de tout, mais s’inscrivent dans l’ouverture au monde.
    Les quinze sombres dernières années ne peuvent pas changer quinze siècles d’histoire de notre civilisation.

    En franchissant la porte du Vatican, qu'avezvous ressenti à ce moment précis ?

    Emu d’être le premier penseur musulman à être reçu au Vatican, pour marquer notre attachement à l’amitié et expliquer les nobles valeurs révélées et universelles que nous a léguées le Sceau des Prophètes. En même temps, conscient du caractère exceptionnel de la rencontre et soucieux de parler au nom des musulmans sincères, je ressentais la lourde responsabilité. Mais porté par la sérénité, je savais que c’était comme un signe qui me dépasse, signe adressé au monde entier qui rappelle que le musulman est un être de civilisation.

    Avez-vous discuté de l'Algérie avec le pape?

    Oui, je lui ai parlé de l’Algérie, avec fierté. En lui disant que le peuple algérien, depuis toujours, notamment depuis l’épopée de l’Emir Abdelkader à celle du Premier Novembre, par exemple, n’a jamais confondu entre les forces coloniales et la religion chrétienne. Pour illustrer mon propos, je lui ai offert une copie de la lettre manuscrite de l’Emir Abdelkader (adressée à l’évêque d’Alger à l’époque qui le remerciait d’avoir sauvé la vie de milliers de chrétiens en Orient) dans laquelle il explique qu’il a agi au nom de sa foi de musulman
    et au nom des principes de l’humanité. J’ai précisé que, plus que jamais, l’Algérie, pays riche de son histoire, aujourd’hui est attachée au dialogue
    des civilisations, en sachant qu’il n’y a pas de paix sans justice.


    La presse internationale s’est faite un large écho de votre rencontre avec le pape. Comment appréciez-vous cela ?

    C’est un acquis. Le monde est en crise, angoissé, le désordre mondial a atteint un seuil préoccupant. La méconnaissance, la désinformation, le retour de la haine raciale et religieuse, la loi du plus fort, les marchands du temple, la mondialisation de l’insécurité, le recul du droit ; dérives que la propagande du choc des civilisations alimente ; tout cela mène vers des impasses.

    Ma rencontre avec le pape donne de l’espérance et démontre que le dialogue est possible. Nombre d’observateurs ont dit que ce n’est pas étonnant
    que ce soit un Algérien qui ait pris cette initiative inédite. Je compte écrire un ouvrage pour raconter, en détails, pourquoi, comment et dans quelle vision du monde ma démarche a pu se faire. Relater et expliquer le sens et le contenu de ce dialogue, incontournable, afin de tenter de desserrer l’étau dans lequel on veut enfermer les peuples et contribuer à maintenir l’horizon ouvert.
    Dernière modification par shadok, 26 novembre 2006, 20h21.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    deja posté

    http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=34672

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