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Téhéran à la reconquête de son empire

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  • Téhéran à la reconquête de son empire

    L’accord sur son programme nucléaire redonne à l’Iran une forte influence politique, religieuse et culturelle sur une large partie du Moyen-Orient, de Bagdad à Sanaa.

    L’avancée iranienne d’un bout à l’autre du Proche et Moyen-Orient, le chef druze libanais Walid Joumblatt l’appelle «la revanche de Cyrus le Grand». La comparaison n’est pas fortuite. Cyrus, roi des Perses et des Mèdes, s’était emparé de l’incomparable Babylone, en 539 avant Jésus-Christ, et de la Mésopotamie, fondant ainsi le premier empire à vocation universelle de l’histoire

    Aujourd’hui, dans la perception de bien des dirigeants arabes, l’impression est d’assister au retour des Perses au premier rang de la scène orientale. «Cyrus le Grand et ses légions avancent en Mésopotamie, contrôlent la Syrie, sont bien retranchés au Liban, envahissent le Yémen et sont prêts à bloquer le détroit d’Ormuz», écrivait dernièrement le leader druze dans une correspondance. «Et les soldats de dieu sont aux portes d’Israël», ajoutait-il, faisant référence à la volonté des combattants chiites libanais de conquérir la partie syrienne du plateau du Golan.

    Aussi le programme nucléaire iranien est-il suivi avec la plus grande attention par le monde arabe, au point de provoquer un certain nombre de bouleversements stratégiques, dont une alliance de facto entre l’Arabie Saoudite, les Etats arabes du golfe Persique et Israël. L’arrivée de Téhéran au seuil de l’arme nucléaire, parce qu’elle renforcerait la puissance iranienne déjà considérée comme alarmante, serait donc considérée par ces pays comme un désastre absolu.

    Gloire. C’est sous le président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani que la République islamique s’est réconciliée avec le passé impérial de l’Iran. Avant lui, Ali Khamenei, qui fut président avant d’être Guide suprême, considérait certes Persépolis comme une merveille de l’humanité mais aussi comme le symbole de l’impérialisme perse, sa face noire, ce qu’il appelait «la cruelle grandeur» de ses empereurs. Avec Rafsandjani, la perception change. En avril 1991, il est le premier dignitaire religieux issu de la révolution islamique à se rendre à Persépolis. Il dira alors : «Au milieu de ces ruines plusieurs fois millénaires, j’ai ressenti combien la dignité de la nation était fondamentale et qu’elle devait être renforcée. Notre peuple doit savoir qu’il n’est pas sans histoire.» Ce ne sont plus les mots d’un religieux, mais ceux d’un homme d’Etat cherchant à faire revivre la gloire de la Perse antique, comme le chah avant lui. Cyrus, Darius, Xerxès réintègrent l’histoire nationale.

    Mais l’histoire de l’antique Perse ne s’est pas déroulée que sur l’actuel territoire iranien. Elle doit aussi beaucoup à l’Irak voisin, qui était englobé dans l’empire sassanide. Aussi, lorsque l’Etat islamique a détruit les sites de Mossoul, les Iraniens au fait de leur histoire ont dû songer à la prise de Ctésiphon (aujourd’hui à 60 km de Bagdad), la superbe capitale d’été des Sassanides, par les armées musulmanes envoyées d’Arabie par le calife Omar en 637. Selon les historiens, l’incendie perpétré par les troupes musulmanes des immenses bibliothèques en araméen et contenant tout le savoir de l’empire perse a duré sans discontinuer plus de six semaines, jour et nuit.

    Cette tragédie culturelle résonne - à l’heure où l’offensive des milices chiites et de l’armée irakienne pour reprendre Tikrit à l’Etat islamique se poursuit, avec le général iranien Kacem Soleimani pour diriger la bataille - dans les récentes déclarations d’Ali Younsi, ancien ministre iranien des Renseignements et conseiller du président, Hassan Rohani : «Nous défendrons tous les peuples de la région car nous les considérons comme faisant partie de l’Iran ; nous ferons face à l’extrémisme islamiste, aux takfiris, aux athées, aux néo-Ottomans, aux wahhabites, aux Occidentaux et aux sionistes.»

    Faisant référence précisément à l’empire sassanide, il ajoutait, cité par le site Al-Khaleej Online, à l’occasion d’un forum sur l’identité iranienne : «L’Iran est devenu un empire, comme il l’a toujours été au cours de l’histoire. Bagdad est sa capitale actuelle et elle représente, comme par le passé, le centre de notre civilisation, de notre culture et de notre identité.» Même si les autorités ont ensuite estimé que ses propos avaient été «déformés», ils n’ont pas été vraiment démentis.

    «Adjoint». Aujourd’hui, Téhéran est donc au centre du jeu dans quatre pays arabes. En Irak, son engagement à la fois direct - à Tikrit essentiellement - et indirect - en favorisant l’émergence de dizaines de milices chiites - a peut-être dissuadé l’Etat islamique d’attaquer Bagdad. En Syrie - où les milices du Hezbollah et des officiers iraniens empêchent l’effondrement du régime de Bachar al-Assad -, un officier des gardiens de la révolution, le général Hossein Hamedani, a déclaré en mai, sur le site de l’agence Fars, que «Bachar al-Assad fait la guerre en Syrie comme notre adjoint». Une façon de laisser entendre que ce sont les Iraniens qui décident des opérations. L’Iran est par ailleurs présent au Liban, où ce même Hezbollah paralyse actuellement le jeu politique, empêchant les élections parlementaires et la nomination d’un gouvernement…

    Au Yémen, qui fit autrefois partie de l’empire perse, l’intervention iranienne directe est moins flagrante. Un débat a cependant lieu au sein de la direction des gardiens de la révolution. La tendance dite «principaliste» (les oussoulgaran) souhaite affronter directement les Saoudiens, estimant qu’il ne faut pas manquer cette occasion historique de les battre, alors que les autres tendances se montrent beaucoup plus circonspectes. Ainsi, de Bagdad à Sanaa, une large partie du Moyen-Orient vit aujourd’hui à l’heure iranienne.

    Atout. Même s’il le combat avec détermination en Irak, en Syrie et au Yémen à travers les milices houthis, la déferlante de l’Etat islamique se sera révélée in fine un atout dans le jeu iranien. A cause de sa barbarie et de son entreprise de déstabilisation de la région, l’organisation jihadiste est devenue l’ennemi numéro 1 des Etats-Unis, remplaçant le régime islamique dans ce rôle. Profite aussi à Téhéran la méfiance que Washington éprouve désormais envers son partenaire saoudien, dont il ne peut plus ignorer que l’idéologie officielle, le wahhabisme, a eu une influence accablante sur la montée en puissance des groupes islamistes les plus radicaux à travers tout le monde musulman.

    Mais restent quelques ombres au tableau : un mois après le début de l’offensive, Tikrit est toujours tenu par l’Etat islamique. En Syrie, l’allié Bachar al-Assad continue à perdre du terrain avec son importante défaite samedi, à Idlib. Et Riyad a réussi à fédérer une large partie du monde sunnite, dont le Pakistan - ce dont les Américains étaient incapables -, pour intervenir au Yémen et, d’une façon plus générale, contrer ce que Walid Joumblatt appelle désormais «la Perse islamique»

    Libération fr

  • #2
    nous ferons face à l’extrémisme islamiste, aux takfiris, aux athées, aux néo-Ottomans, aux wahhabites, aux Occidentaux et aux sionistes.»
    je crois qu'ils énumérent la l'ordre des priorités ......

    Ce qui conforte ma vision D'une grande fitna à venir et qui pourrait s'étaler sur des siècles ...... Seul bémol ; le temps qu'il arrivent à vaincre les extrémistes islamistes ; les takfiris ; les athées; les néo ottomans et les wahabbites. ..... ils seront trop fatigués ; et les occidentaux et les sionistes viendrons les cueillir comme un fruit ..... trop mÛre. .....
    " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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