- Depuis la dernière élection présidentielle, un certain nombre de cadres algériens, qui font de belles carrières à l’étranger dans divers domaines, ont tenté de faire des propositions de sortie de crise en présentant leur candidature. Quelle leçon tirez-vous de cette expérience, de cette brève intrusion dans la sphère politique ?
Une élection présidentielle est une étape singulière dans la vie politique d’un pays. Celle de 2014 revêt encore plus d’acuité pour l’Algérie en ce qu’elle était porteuse d’espoir de changement. Un changement fécond qui prend ses racines dans l’urgence d’une prise de conscience à la fois des nombreux problèmes de développement de notre société, de leur complexité et de l’opportunité pour faire valoir une vision hardie, novatrice et réaliste pour les résoudre.
C’était là le sens de ma candidature et de mon engagement pour mon pays. Je suis allé à la rencontre de mes compatriotes. J’ai écouté, débattu et proposé des solutions sur les court, moyen et long termes. J’ai découvert, à tous les niveaux de l’échelle sociale, une réelle maturité politique et une compréhension fine des difficultés qui entravent le développement du pays. Leur accueil chaleureux, alors que j’étais un candidat indépendant, inconnu du grand public, démontre que les Algérien(ne)s sont avides de nouveauté. S’il n’y avait qu’une seule leçon à retenir de cette formidable expérience, je dirais que le peuple algérien a un amour sacré pour son pays, de l’intelligence et une énergie insoupçonnée. Il peut faire des miracles.
- La pratique politique exige de la présence, de la militance au quotidien, de la participation aux débats qui agitent la société pour convaincre les Algériens. Vous vous êtes retiré. Est-ce un choix ou la scène politique nationale ne vous laisse pas assez d’espace parce qu’elle est verrouillée ?
Je n’abonderais pas dans ce sens. Concernant la militance, il vous souvient sûrement que l’une des promesses d’Octobre 1988 fut justement l’éclosion de ces fameux débats de société afin d’instaurer une culture de la pluralité des pensées politiques. Or est-on bien sûr que cet objectif n’a pas été dévoyé par l’illusion d’une démocratie plurielle aujourd’hui inscrite à l’intérieur d’un concept inventé de toutes pièces, qui est celui des «alliances présidentielles», qui sert en réalité d’adjuvant à une pensée unique, voire à un pouvoir unique ?
J’observe que ce n’est pas tant les débats de société qui font florès. Le citoyen lambda sait que la société politique, ankylosée dans ses certitudes et ses errements, et la société civile, sans véritable levier, évoluent chacune de son côté avec presque aucun point de convergence. Ceci est révélateur d’une pratique politique partisane qui évolue dans un scénario au fil de l’eau, car la réécriture permanente des règles du jeu lui échappe. Par conséquent, toute militance ne peut produire que les effets de son propre mouvement, sans réel impact sur les grandes décisions qui entravent la résolution de l’équation de développement de l’Algérie.
Quant à mon «retrait», je puis vous assurer du contraire. J’ai intentionnellement pris du recul pour analyser objectivement les mesures qu’allait prendre le Président réélu. Je pense qu’une période de latence d’un an était nécessaire avant de construire une posture politique. Il faut un minimum de pragmatisme, de maîtrise du temps et des impatiences avant de pouvoir sérieusement élaborer un discours «opposé». C’est pour cela, et vous me donnez l’occasion de l’annoncer, que je suis en passe de finaliser le dossier de création d’un parti politique, qui sera un creuset pour toutes les énergies, toutes les idées et fera œuvre de pédagogie politique.
- La chute des prix du pétrole et l’amenuisement des ressources énergétiques conventionnelles dans notre pays posent deux problématiques. La première concerne l’échec du pouvoir à sortir de la dépendance de la rente pétrolière, et la deuxième, l’engagement de procéder à l’exploitation du gaz de schiste. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Voyez-vous, je ne suis pas sûr qu’il y ait eu une réelle volonté politique de sortir notre pays de sa dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière. Je ne crois pas avoir jamais entendu un engagement dans ce sens. J’insiste sur la volonté politique, car c’est elle qui détermine la vision de ce que l’on veut que l’Algérie dans le moyen et le long termes. Développer une économie productive, diversifiée et compétitive est une tâche complexe qui nécessite des expériences et des compétences sophistiquées.
Elle impose de la rigueur, de la cohérence et la capacité d’articuler les uns avec les autres l’architecture politique du pays, la justice, le système éducatif, l’enseignement supérieur, le social, la santé et le culturel. C’est la résultante de cette interdépendance entre différents secteurs mutuellement exclusifs mais complémentaires qui permet d’aboutir à l’épanouissement du citoyen et, par-delà, à sa propension à innover, à produire, à créer de la richesse sous toutes ses formes. Les enjeux du XXIe siècle imposent de disposer de ces leviers afin de pouvoir défendre nos intérêts dans un monde incertain, ambigu et dangereux. Tous les pays qui ont réussi à construire une économie diversifiée ont suivi ce cheminement.
- Qu’est-ce qui a empêché l’Algérie d’y parvenir alors qu’elle dispose d’excellents atouts ? Pourquoi notre pays, qui a recouvré son indépendance après des siècles d’occupations successives, qui ne jouit de sa pleine liberté que depuis un peu plus d’un demi-siècle, n’a pas retenu les leçons de sa propre histoire ?
Ces questions restent en suspens. En fait, ce que l’opinion algérienne retient, intuitivement ou analytiquement, c’est que sans doute grisés par les milliards de dollars qui venaient remplir les caisses de l’Etat, les responsables du pays ont fait le choix de l’immédiateté au détriment du long terme, de la facilité au lieu de la complexité. L’embellie financière – due à un baril dont le prix est volatil et sur lequel l’Algérie, acteur mineur dans les hydrocarbures, n’a aucun pouvoir d’influence – semble avoir été utilisée comme un levier tactique pour se frayer des marges de manœuvre sur le double plan international et national.
Pour le premier, il suffit de constater que la plupart des plans quinquennaux qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars ont le plus souvent bénéficié à des entreprises françaises, italiennes, chinoises, pour ne citer que nos plus importants partenaires commerciaux. Le problème est que notre pays n’a pas su (ou voulu) tirer profit de ces contrats massifs pour négocier des transferts de technologie profitables à la diversification de l’économie algérienne. Et cela, à un moment où nombre de ces entreprises étaient asphyxiées par une double crise économique et financière.
Cela est-il symptomatique de notre laxisme, de notre incapacité à traiter des dossiers complexes, ou était-ce le prix à payer pour redevenir «visible» dans la géopolitique mondiale ? De ce fait, notre vulnérabilité s’est accrue. Nous avons créé une dépendance vis-à-vis de ces fournisseurs étrangers, et a fortiori de leurs pays, plus que nous ne l’avons jamais fait. Il y a urgence à inverser le rapport de forces avec ces fournisseurs et leurs périphéries (importateurs, lobbyistes, etc.), quitte à avancer contre les flots.
Plus nous tarderons à le faire et plus nous arriverons à une situation où la prédominance de ces entreprises dans les domaines économique et financier influera jusqu’à nos choix politiques. Faut-il rappeler qu’une clause des accords Tafta – qui deviendra sûrement une norme à l’OMC – donne aux entreprises le pouvoir de poursuivre en justice les Etats qui s’opposent à leurs stratégies dans les pays où elles s’implantent ?
Pour le second, il est clair que le levier financier a permis, d’une part, de distribuer la rente afin de gérer les contradictions socioéconomiques apparues dans le pays et, d’autre part, de favoriser le tout-import extrêmement lucratif. La culture entrepreneuriale et l’innovation étaient ainsi mises en berne, créant une situation difficilement réversible pour l’économie productive algérienne. Mais aujourd’hui que le prix du baril a chuté de plus de 50%, ce levier qu’est la rente pétrolière sera de moins en moins efficace.
- Quel levier alternatif alors pour l’actuel et pour le futur président de la République ?
Le scénario du pire est la tentation d’une fuite en avant. Et c’est ce qui expliquerait la précipitation et l’irréductibilité du gouvernement à investir dans le gaz de schiste. L’exploitation du gaz de schiste suscite, à juste raison, la polémique, car ses impacts néfastes ne sont pas près d’être solutionnés. En sus, il convient de se questionner sur la rentabilité de cette option.
Le succès de la production du gaz de schiste aux USA s’explique par les centaines de milliards de dollars qui ont été instantanément investis dans le forage d’innombrables puits. Avec un baril supérieur à 100 dollars, ces puits étaient rentables. Mais cette rentabilité devient douteuse sur le long terme, car la production d’un puits décline à plus de 60% en moins de 12 mois après une première exploitation (et de quelques points de pourcentage seulement pour les puits conventionnels).
Pour la maintenir à un niveau élevé, il faut donc sans cesse creuser de nouveaux puits. Cela peut avoir un sens financier lorsque le baril conventionnel est supérieur à 75-80 dollars, mais pas lorsqu’il est inférieur. C’est ce qui explique que Chevron se soit retiré de Pologne, un pays supposé prometteur pour le gaz de schiste. Alors, pourquoi cette détermination du gouvernement algérien à aller dans cette voie, alors que nombre de pays hésitent à le faire, même si pour les USA et l’Europe l’intérêt se pose plus en termes de géo-économie (autonomie vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et de la Russie) ?
Nul doute que la culture politique de la génération pré-indépendance, comme la qualifiait le président Bouteflika à Sétif, éprouve du mal à s’adapter à la disparition ou à l’affaiblissement de ce levier de pouvoir qu’est la distribution de la rente pétrolière. Sans la rente, les données de la configuration politique du pays changent du tout au tout.
Donc, autant remplacer une rente déclinante par une autre, prometteuse. Ce en quoi elle fait erreur, car le nouveau paradigme qui s’imposera de facto à notre pays, sous peine de disparaître, s’appelle «compter sur soi», «innovation» et «travail productif». Les habitants d’In Salah l’ont exprimé à leur manière et leur mouvement de contestation, qui a trouvé un écho admiratif dans le New York Times, n’est pas équivoque.
Une élection présidentielle est une étape singulière dans la vie politique d’un pays. Celle de 2014 revêt encore plus d’acuité pour l’Algérie en ce qu’elle était porteuse d’espoir de changement. Un changement fécond qui prend ses racines dans l’urgence d’une prise de conscience à la fois des nombreux problèmes de développement de notre société, de leur complexité et de l’opportunité pour faire valoir une vision hardie, novatrice et réaliste pour les résoudre.
C’était là le sens de ma candidature et de mon engagement pour mon pays. Je suis allé à la rencontre de mes compatriotes. J’ai écouté, débattu et proposé des solutions sur les court, moyen et long termes. J’ai découvert, à tous les niveaux de l’échelle sociale, une réelle maturité politique et une compréhension fine des difficultés qui entravent le développement du pays. Leur accueil chaleureux, alors que j’étais un candidat indépendant, inconnu du grand public, démontre que les Algérien(ne)s sont avides de nouveauté. S’il n’y avait qu’une seule leçon à retenir de cette formidable expérience, je dirais que le peuple algérien a un amour sacré pour son pays, de l’intelligence et une énergie insoupçonnée. Il peut faire des miracles.
- La pratique politique exige de la présence, de la militance au quotidien, de la participation aux débats qui agitent la société pour convaincre les Algériens. Vous vous êtes retiré. Est-ce un choix ou la scène politique nationale ne vous laisse pas assez d’espace parce qu’elle est verrouillée ?
Je n’abonderais pas dans ce sens. Concernant la militance, il vous souvient sûrement que l’une des promesses d’Octobre 1988 fut justement l’éclosion de ces fameux débats de société afin d’instaurer une culture de la pluralité des pensées politiques. Or est-on bien sûr que cet objectif n’a pas été dévoyé par l’illusion d’une démocratie plurielle aujourd’hui inscrite à l’intérieur d’un concept inventé de toutes pièces, qui est celui des «alliances présidentielles», qui sert en réalité d’adjuvant à une pensée unique, voire à un pouvoir unique ?
J’observe que ce n’est pas tant les débats de société qui font florès. Le citoyen lambda sait que la société politique, ankylosée dans ses certitudes et ses errements, et la société civile, sans véritable levier, évoluent chacune de son côté avec presque aucun point de convergence. Ceci est révélateur d’une pratique politique partisane qui évolue dans un scénario au fil de l’eau, car la réécriture permanente des règles du jeu lui échappe. Par conséquent, toute militance ne peut produire que les effets de son propre mouvement, sans réel impact sur les grandes décisions qui entravent la résolution de l’équation de développement de l’Algérie.
Quant à mon «retrait», je puis vous assurer du contraire. J’ai intentionnellement pris du recul pour analyser objectivement les mesures qu’allait prendre le Président réélu. Je pense qu’une période de latence d’un an était nécessaire avant de construire une posture politique. Il faut un minimum de pragmatisme, de maîtrise du temps et des impatiences avant de pouvoir sérieusement élaborer un discours «opposé». C’est pour cela, et vous me donnez l’occasion de l’annoncer, que je suis en passe de finaliser le dossier de création d’un parti politique, qui sera un creuset pour toutes les énergies, toutes les idées et fera œuvre de pédagogie politique.
- La chute des prix du pétrole et l’amenuisement des ressources énergétiques conventionnelles dans notre pays posent deux problématiques. La première concerne l’échec du pouvoir à sortir de la dépendance de la rente pétrolière, et la deuxième, l’engagement de procéder à l’exploitation du gaz de schiste. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Voyez-vous, je ne suis pas sûr qu’il y ait eu une réelle volonté politique de sortir notre pays de sa dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière. Je ne crois pas avoir jamais entendu un engagement dans ce sens. J’insiste sur la volonté politique, car c’est elle qui détermine la vision de ce que l’on veut que l’Algérie dans le moyen et le long termes. Développer une économie productive, diversifiée et compétitive est une tâche complexe qui nécessite des expériences et des compétences sophistiquées.
Elle impose de la rigueur, de la cohérence et la capacité d’articuler les uns avec les autres l’architecture politique du pays, la justice, le système éducatif, l’enseignement supérieur, le social, la santé et le culturel. C’est la résultante de cette interdépendance entre différents secteurs mutuellement exclusifs mais complémentaires qui permet d’aboutir à l’épanouissement du citoyen et, par-delà, à sa propension à innover, à produire, à créer de la richesse sous toutes ses formes. Les enjeux du XXIe siècle imposent de disposer de ces leviers afin de pouvoir défendre nos intérêts dans un monde incertain, ambigu et dangereux. Tous les pays qui ont réussi à construire une économie diversifiée ont suivi ce cheminement.
- Qu’est-ce qui a empêché l’Algérie d’y parvenir alors qu’elle dispose d’excellents atouts ? Pourquoi notre pays, qui a recouvré son indépendance après des siècles d’occupations successives, qui ne jouit de sa pleine liberté que depuis un peu plus d’un demi-siècle, n’a pas retenu les leçons de sa propre histoire ?
Ces questions restent en suspens. En fait, ce que l’opinion algérienne retient, intuitivement ou analytiquement, c’est que sans doute grisés par les milliards de dollars qui venaient remplir les caisses de l’Etat, les responsables du pays ont fait le choix de l’immédiateté au détriment du long terme, de la facilité au lieu de la complexité. L’embellie financière – due à un baril dont le prix est volatil et sur lequel l’Algérie, acteur mineur dans les hydrocarbures, n’a aucun pouvoir d’influence – semble avoir été utilisée comme un levier tactique pour se frayer des marges de manœuvre sur le double plan international et national.
Pour le premier, il suffit de constater que la plupart des plans quinquennaux qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars ont le plus souvent bénéficié à des entreprises françaises, italiennes, chinoises, pour ne citer que nos plus importants partenaires commerciaux. Le problème est que notre pays n’a pas su (ou voulu) tirer profit de ces contrats massifs pour négocier des transferts de technologie profitables à la diversification de l’économie algérienne. Et cela, à un moment où nombre de ces entreprises étaient asphyxiées par une double crise économique et financière.
Cela est-il symptomatique de notre laxisme, de notre incapacité à traiter des dossiers complexes, ou était-ce le prix à payer pour redevenir «visible» dans la géopolitique mondiale ? De ce fait, notre vulnérabilité s’est accrue. Nous avons créé une dépendance vis-à-vis de ces fournisseurs étrangers, et a fortiori de leurs pays, plus que nous ne l’avons jamais fait. Il y a urgence à inverser le rapport de forces avec ces fournisseurs et leurs périphéries (importateurs, lobbyistes, etc.), quitte à avancer contre les flots.
Plus nous tarderons à le faire et plus nous arriverons à une situation où la prédominance de ces entreprises dans les domaines économique et financier influera jusqu’à nos choix politiques. Faut-il rappeler qu’une clause des accords Tafta – qui deviendra sûrement une norme à l’OMC – donne aux entreprises le pouvoir de poursuivre en justice les Etats qui s’opposent à leurs stratégies dans les pays où elles s’implantent ?
Pour le second, il est clair que le levier financier a permis, d’une part, de distribuer la rente afin de gérer les contradictions socioéconomiques apparues dans le pays et, d’autre part, de favoriser le tout-import extrêmement lucratif. La culture entrepreneuriale et l’innovation étaient ainsi mises en berne, créant une situation difficilement réversible pour l’économie productive algérienne. Mais aujourd’hui que le prix du baril a chuté de plus de 50%, ce levier qu’est la rente pétrolière sera de moins en moins efficace.
- Quel levier alternatif alors pour l’actuel et pour le futur président de la République ?
Le scénario du pire est la tentation d’une fuite en avant. Et c’est ce qui expliquerait la précipitation et l’irréductibilité du gouvernement à investir dans le gaz de schiste. L’exploitation du gaz de schiste suscite, à juste raison, la polémique, car ses impacts néfastes ne sont pas près d’être solutionnés. En sus, il convient de se questionner sur la rentabilité de cette option.
Le succès de la production du gaz de schiste aux USA s’explique par les centaines de milliards de dollars qui ont été instantanément investis dans le forage d’innombrables puits. Avec un baril supérieur à 100 dollars, ces puits étaient rentables. Mais cette rentabilité devient douteuse sur le long terme, car la production d’un puits décline à plus de 60% en moins de 12 mois après une première exploitation (et de quelques points de pourcentage seulement pour les puits conventionnels).
Pour la maintenir à un niveau élevé, il faut donc sans cesse creuser de nouveaux puits. Cela peut avoir un sens financier lorsque le baril conventionnel est supérieur à 75-80 dollars, mais pas lorsqu’il est inférieur. C’est ce qui explique que Chevron se soit retiré de Pologne, un pays supposé prometteur pour le gaz de schiste. Alors, pourquoi cette détermination du gouvernement algérien à aller dans cette voie, alors que nombre de pays hésitent à le faire, même si pour les USA et l’Europe l’intérêt se pose plus en termes de géo-économie (autonomie vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et de la Russie) ?
Nul doute que la culture politique de la génération pré-indépendance, comme la qualifiait le président Bouteflika à Sétif, éprouve du mal à s’adapter à la disparition ou à l’affaiblissement de ce levier de pouvoir qu’est la distribution de la rente pétrolière. Sans la rente, les données de la configuration politique du pays changent du tout au tout.
Donc, autant remplacer une rente déclinante par une autre, prometteuse. Ce en quoi elle fait erreur, car le nouveau paradigme qui s’imposera de facto à notre pays, sous peine de disparaître, s’appelle «compter sur soi», «innovation» et «travail productif». Les habitants d’In Salah l’ont exprimé à leur manière et leur mouvement de contestation, qui a trouvé un écho admiratif dans le New York Times, n’est pas équivoque.
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