L’Algérie veut développer le nucléaire civil pour la production de l’électricité. "Nous avons des gisements d’uranium"L’annonce a été faite hier à Oran par le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, lors de la deuxième journée de la Semaine de l’énergie.
A long terme, nous projetons de produire de l’électricité à partir du nucléaire», a précisé Khelil. Le ministre a assuré que ce projet sera réalisé en partenariat avec des groupes étrangers. Sans doute pour rassurer les autres pays sur les intentions algériennes dans le nucléaire, au moment où le dossier du nucléaire iranien focalise les regards de la communauté internationale. Le ministre de l’Energie et des Mines a également rassuré que le partenariat avec les étrangers est une option stratégique de la politique nationale de développement. Un autre message pour les compagnies pétrolières étrangères qui s’inquiètent des réformes algériennes dans le domaine des hydrocarbures. En plus de la nouvelle taxe sur les superprofits, les majors pétroliers attendent en effet la publication des détails de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et les amendements apportés par l’ordonnance présidentielle de juillet dernier. Dans les coulisses de la Semaine de l’énergie, les majors pétroliers tentent aussi de rassurer sur leur présence en Algérie. Le cas d’Anadarko revient souvent dans les discussions. En fait, la compagnie pétrolière américaine serait la plus touchée par l’introduction de la nouvelle loi sur les superprofits pétroliers. Tout dépend de la nature des contrats passés entre Sonatrach et ses partenaires. Tout comme le gouvernement algérien, les compagnies étrangères veulent également rassurer sur leur avenir en Algérie, un pays convoité par les grands consommateurs d’énergie. «Maintenant, ce sont les pays consommateurs qui courent derrière nous pour signer des contrats dans le gaz et le pétrole. Nous sommes en position de force et nous négocions en conséquence», confie un responsable de Sonatrach.
Le commissaire européen à l’Energie Andris Piebalgs a évoqué l’intérêt de l’Union européenne (UE) pour l’Algérie, comme partenaire stratégique et fiable dans le gaz. L’Europe soutient la construction du gazoduc transsaharien entre l’Algérie et le Nigeria. L’Italie, la France et la Russie auraient déjà manifesté leur intérêt pour participer financièrement à la réalisation de ce gazoduc qui fournira entre 20 et 30 milliards de gaz par an à l’Europe à l’horizon 2015. «L’UE va augmenter de 50% ses approvisionnements de gaz à partir de l’Algérie d’ici à 2010. Nous voulons établir un partenariat énergétique fort avec l’Algérie, non seulement dans les énergies fossiles, mais dans les nouvelles énergies. Il est nécessaire d’investir dans ce pays pour développer la production, la commercialisation et trouver de nouvelles énergies». Le commissaire européen à l’Energie a assuré les Algériens de l’intérêt de l’UE pour le câble électrique sous-marin entre l’Algérie et l’Espagne. L’Algérie va aussi construire deux autres câbles électriques avec les gazoducs Medgaz et Gasli et distribuer du gaz directement en Europe.
La Sonatrach ne veut pas se contenter du simple rôle d’exportateur de pétrole et de gaz. Dans sa stratégie de développement à l’international, la compagnie nationale des hydrocarbures veut aussi commercialiser du gaz en Europe et développer l’aval pétrolier et gazier. La Sonatrach encourage la création de pôles industriels dans l’aval pétrolier et le vice-président Aval se félicite de l’intérêt du privé algérien à investir dans l’aval pétrolier et gazier. L’objectif est double. Doter le pays d’une industrie pétrochimique performante et ne pas dépendre totalement des exportations de gaz et de pétrole brut. «Au lieu d’exporter du gaz, on cherche aussi à exporter des produits extraits du gaz. Nous avons lancé beaucoup de projets dans l’aval. De grandes compagnies mondiales s’intéressent à ces projets», explique Abdelhafid Feghouli, vice-président Aval de Sonatrach. Parmi les projets lancés, la réalisation d’une raffinerie à Tiaret qui va servir de moteur de développement des Hauts Plateaux, un méga train de GNL d’une capacité de 4,5 millions de tonnes par an à Skikda, la modernisation en cours des raffineries existantes, une raffinerie de condensat de 5 millions de tonnes à Skikda, un complexe de cracking de méthane à Arzew.
«Nous avons quatre raffineries de pétrole qui produisent 21 millions de tonnes par an. Nous voulons augmenter cette capacité de 20% d’ici à 2010», souligne le Dr Feghouli. Le vice-président Aval a évoqué l’ouverture du capital de l’ENIP et assuré que dans la pétrochimie, le marché algérien est libre. «Dans la pétrochimie, notre marché est libre. Nos projets dans l’aval ne se feront pas au détriment de nos exportations et des livraisons au marché local. La quantité de gaz nécessaire à nos projets dans l’aval représente 5 milliards de m3 par an, ce qui n’est pas énorme», assure M. Feghouli. Il ajoute: «Dans le raffinage, la loi est claire. Sonatrach est obligée de prendre une participation d’au moins 51% dans tout projet. En plus aucune compagnie ne peut nous concurrencer sur notre propre terrain».
- Le Quotidien d'Oran
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