L'Arabie Saoudite risque l’enlisement au Yémen. Mais elle y paie aussi le prix de sa politique passée et de son refus des dynamiques du “printemps arabe”, martèle Chafiq Al-Ghabra sur la chaîne qatarie Al-Jazira.
“Je suis inquiet pour l’Arabie Saoudite”, déclare Chafiq Al-Ghabra, professeur en sciences politiques et analyste politique koweïtien. “Certains voudraient bien la pousser à se lancer dans une intervention terrestre au Yémen, mais ce serait un piège”, met-il en garde dans une des émissions phares de la chaîne qatarie Al-Jazira.
Mais le fait de souligner son attachement à ce “grand pays dont les Arabes ont besoin pour régler leurs problèmes régionaux” ne l’empêche pas de distiller, pendant près d’une heure, des critiques acerbes.
“L’Arabie Saoudite agit aujourd’hui dans le cadre des erreurs du passé”, assène-t-il. Avant de s’interroger : “Que faisons-nous avec le peuple yéménite qui s’était mobilisé [au cours du “printemps arabe”] avec la jeunesse qui était descendue dans la rue [pour demander un changement de régime] ? On n’a pas donné de place à cette jeunesse. Comment lui redonner une perspective pour éviter qu’elle n’adhère à Al-Qaida ou à Daech [ou organisation Etat islamique] d’un côté, aux milices [chiites] houthistes de l’autre ?”
Créer les conditions de guerres civiles
Et d’enchaîner : “Je suis convaincu que la contre-révolution a contribué à la dégradation de la situation au Yémen, de même que l’ostracisme à l’égard des Frères musulmans ces dernières années.” Tout téléspectateur arabe aura compris que la dénonciation de la “contre-révolution” est une critique directe de l’attitude de Riyad à l’égard des pays du “printemps arabe”.
Il finit par une diatribe que même le présentateur, pourtant visiblement d’'accord sur le fond, a du mal à arrêter : “Mon espoir est que des Etats arabes qui ne se sont pas encore effondrés, et notamment l'Arabie Saoudite, réfléchissent à la manière d’intégrer [toutes les forces politiques] et de se réconcilier avec le “printemps arabe”, avec les principes de liberté et ceux des droits de l'homme, afin de construire des Etats modernes.”
Car, conclut-il, “nos Etats qui reposent sur la seule force et qui marginalisent systématiquement leurs adversaires ne cessent de créer les conditions de guerres civiles telles que nous en vivons aujourd’hui. Et de prêter le flanc à toutes les interventions étrangères, qu’elles soient iraniennes, turques, britanniques ou américaines.”
courrier international
“Je suis inquiet pour l’Arabie Saoudite”, déclare Chafiq Al-Ghabra, professeur en sciences politiques et analyste politique koweïtien. “Certains voudraient bien la pousser à se lancer dans une intervention terrestre au Yémen, mais ce serait un piège”, met-il en garde dans une des émissions phares de la chaîne qatarie Al-Jazira.
Mais le fait de souligner son attachement à ce “grand pays dont les Arabes ont besoin pour régler leurs problèmes régionaux” ne l’empêche pas de distiller, pendant près d’une heure, des critiques acerbes.
“L’Arabie Saoudite agit aujourd’hui dans le cadre des erreurs du passé”, assène-t-il. Avant de s’interroger : “Que faisons-nous avec le peuple yéménite qui s’était mobilisé [au cours du “printemps arabe”] avec la jeunesse qui était descendue dans la rue [pour demander un changement de régime] ? On n’a pas donné de place à cette jeunesse. Comment lui redonner une perspective pour éviter qu’elle n’adhère à Al-Qaida ou à Daech [ou organisation Etat islamique] d’un côté, aux milices [chiites] houthistes de l’autre ?”
Créer les conditions de guerres civiles
Et d’enchaîner : “Je suis convaincu que la contre-révolution a contribué à la dégradation de la situation au Yémen, de même que l’ostracisme à l’égard des Frères musulmans ces dernières années.” Tout téléspectateur arabe aura compris que la dénonciation de la “contre-révolution” est une critique directe de l’attitude de Riyad à l’égard des pays du “printemps arabe”.
Il finit par une diatribe que même le présentateur, pourtant visiblement d’'accord sur le fond, a du mal à arrêter : “Mon espoir est que des Etats arabes qui ne se sont pas encore effondrés, et notamment l'Arabie Saoudite, réfléchissent à la manière d’intégrer [toutes les forces politiques] et de se réconcilier avec le “printemps arabe”, avec les principes de liberté et ceux des droits de l'homme, afin de construire des Etats modernes.”
Car, conclut-il, “nos Etats qui reposent sur la seule force et qui marginalisent systématiquement leurs adversaires ne cessent de créer les conditions de guerres civiles telles que nous en vivons aujourd’hui. Et de prêter le flanc à toutes les interventions étrangères, qu’elles soient iraniennes, turques, britanniques ou américaines.”
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