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Inflation : une situation américaine énigmatique

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  • Inflation : une situation américaine énigmatique

    Malgré le retour de la croissance et des faibles taux directeurs, l’inflation aux États-Unis reste extrêmement faible. Comment expliquer une telle situation ?

    Contrairement à la France, les États-Unis ont retrouvé une croissance de plus de 2% depuis 3 ans, tandis que le chômage est passé de 10% en 2010 à seulement 5,5% en 2015, soit le taux de chômage considéré comme correspondant au « plein emploi ». Mais un problème subsiste : l’inflation, tombée à -02% en janvier, ou 1,3% en moyenne annuelle si l’on exclut le prix de l’énergie et de la nourriture. Les États-Unis se trouvent donc dans une situation curieuse où malgré la croissance et des taux bas, l’inflation ne repart pas.

    Cette faible inflation est un problème dans la mesure où elle prive les États-Unis de toute politique économique monétaire. Une manière de relancer la croissance est en effet de diminuer le taux d’intérêt nominal, celui-ci étant la somme du taux d’intérêt réel et de l’inflation.1 La croissance paraissant encore fragile, la Fed garde pour l’instant des taux d’intérêt proches de zéro, mais les économistes s’en inquiètent, craignant que la prochaine récession vienne surprendre les États-Unis dans cette situation.

    Pour certains journalistes économiques2, la faible inflation actuelle pourrait refléter la chute du coût des matières premières ou une capacité affaiblie des travailleurs à gagner de meilleurs salaires. Mais à ces deux hypothèses, on pourrait en ajouter au moins une autre : la faiblesse du nombre d’entrepreneurs. On constate en effet depuis 2008 une baisse substantielle et durable du nombre d’entrepreneurs et donc d’entreprises employeuses créées chaque année aux États-Unis. Alors que depuis 1984, elles oscillent en moyenne autour de 500.000 créées par an, elles oscillent depuis 20093 autour de 400.000 seulement, soit une baisse d’environ 20%.

    Les différentes études économiques disponibles affirment qu’à court terme, l’impact de ce plus faible entrepreneuriat est faible en termes d’emplois et que la reprise économique a permis de recréer ceux perdus pendant la crise4. Néanmoins, à plus long terme, on peut s’interroger sur l’impact d’un entrepreneuriat languissant sur la croissance. Ainsi que le rappellent des économistes de la Banque Fédérale de Chicago5 : « Des mesures soigneuses révèlent que la plupart des gains de productivité dans une économie surviennent lorsque les vieilles entreprises sont remplacées par de nouvelles ». Or, c’est bien la productivité qui permet la croissance, et l’on considère traditionnellement qu’une forte croissance s’accompagne d’inflation…

    D’après ces mêmes économistes6 « les raisons derrière le déclin du nombre d’entreprises nouvelles restent largement inconnues », ils se contentent ainsi d’avancer des hypothèses : resserrement du crédit, baisse de la demande de biens et services marchands, plus faibles prévisions de croissance, environnement fiscal et règlementaire incertain. Mais on pourrait sans doute y ajouter le socialisme qui sévit de plus en plus aux États-Unis : à titre d’exemple la bureaucratisation des États-Unis qui coûte 1.800 milliards de dollars par an, l’Obamacare qui alourdit les charges des entreprises, ou encore la lente émergence d’une mentalité anti-riche.

    Certains chiffres pourraient par ailleurs suggérer que cette mentalité a fini par décourager les plus jeunes, comme si le discours ambiant les faisait douter de l’opportunité d’entreprendre. On constate en effet que c’est pour eux que l’entrepreneuriat diminue le plus depuis 2010. Les chiffres de la Kauffman Foundation attestent une diminution du taux d’entrepreneuriat de plus du tiers chez les 20-34 ans.





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