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Les pratiques du DRS au cœur des plaidoiries

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  • Les pratiques du DRS au cœur des plaidoiries

    Arrestation, détention arbitraire, humiliation, mauvais traitements…Durant toute la journée de ce dimanche 19 avril, le DRS et ses méthodes de travail ont été au cœur du procès de l’autoroute Est-Ouest. De l’arrestation du principal accusé Chani Madjdoub à l’aéroport international d’Alger jusqu’à sa présentation devant le Procureur de la République et le juge d’instruction, les avocats de la défense ont brossé un tableau sombre des pratiques de la police judiciaire du DRS.

    Détenu dans une caserne…

    « Chani Madjdoub a disparu le 16 septembre. Comment est-il réapparu entre les mains de la police judiciaire (du DRS) le 28 septembre ? », se demande Me Belarif. « Il était dans les casernes parce qu’ils (le DRS) n’ont pas de commissariats », enchaîne Me Sidhoum qui ajoute : « probablement à Ben Aknoun ». Le président du tribunal le rappelle à l’ordre : « ce sont des institutions officielles respectables ». L’avocat défie alors le Procureur de lui « citer un article qui permet de détenir des gens dans un endroit inconnu ! ».

    Certificat médical avec l’entête du DRS

    Les deux avocats de M. Chani relèvent ensuite plusieurs anomalies dans le rapport de la police judiciaire du DRS. Il s’agit notamment de l’absence d’une convocation de leur client, d’un mandat d’arrêt datant du 16 septembre 2009, de documents prouvant que leur client a été présenté devant le Procureur 48 heures après son arrestation. Me Sidhoum parle d’un certificat médical avec entête du DRS. « On ne sait même pas s’il a été signé par un généraliste ou un vétérinaire », ironise-il.

    Les deux avocats de Chani poursuivent leurs plaidoiries en évoquant la violence dont a fait objet leur client, l’interdiction qui lui a été faite « de se laver » et de « dormir ». Ils décrivent la présentation de leur client devant le juge d’instruction à 3h30 du matin le 6 octobre 2009. « La police judiciaire (du DRS) est partie dans un sens que rien ne peut expliquer sauf la volonté d’humiliation et de destruction de Chani Madjdoub », affirme Me Belarif qui parle de nombreux et différents « dépassements ».

    « Ici, on plaide en arabe ! »

    Le tour de l’avocat français de Chani Madjdoub arrive au milieu de matinée. Me William Bourdon précise d’emblée : « Je ne parle pas l’arabe ». Le juge lui répond illico presto. « On plaide en arabe, c’est une question de souveraineté. Pourquoi ce qui est valable en France ne le serait pas en Algérie », lance-t-il avant d’accepter qu’il ne se fasse accompagner par l’un des traducteurs sollicités par la Cour d’Alger. Me Bourdon commence alors à évoquer des « aveux extorqués » lors des interrogatoires.

    Des plaintes au niveau des instances internationales

    William Bourdon informe le juge du dépôt de plaintes au niveau de trois « autorités ». « Il s’agit du haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU, du groupe de travail sur la détention arbitraire et de la justice luxembourgeoise », dit-il. L’avocat français rappelle que le juge d’instruction luxembourgeois avait envoyé une commission rogatoire en Algérie pour enquêter sur cette question et qu’il n’y a toujours pas eu de réponse.

    Le rappel à l’ordre du bâtonnier

    Après une pause d’une heure et demie, l’avocat luxembourgeois de Chani prend le relais. Au milieu de son intervention, Me Pfinning est interrompu par le bâtonnier d’Alger. « On vous a accordé l’autorisation de plaider et c’est une faveur puisqu’il n’y a pas d’accord bilatéral avec le Luxembourg », lance-t-il. « On n’a de leçons à recevoir de quiconque ! Ici, ce n’est pas le Luxembourg, ni la France », prévient-il. Me Sellini accuse ces avocats de vouloir faire une tribune des droits de l’homme avant de menacer : « je peux vous retirer l’autorisation ».

    « On l’a déshabillé et pissé de dessus ! »

    L’avocat luxembourgeois poursuit tout de même sa plaidoirie. « On l’a mis à nu et lui a pissé dessus. Il a perdu onze kilos en vingt jours (de garde à vue) », argumente-t-il. Philip Pfinning assure que la juge en charge du dossier était « très motivée » et que « des mandats d’arrêt pourraient être délivrés ».

    Demande rejetée par le tribunal

    Les avocats demandent ensuite l’annulation du rapport de la police judiciaire du DRS. Dans la matinée, les quatre avocats de Chani Madjdoub avait d’abord demandé la convocation de nouveaux témoins dont Abdelkader Mani, Abdelhalim Touil, Mohamed Chernane (officiers de la police judiciaire militaire) et Kamel Ghezali (juge d’instruction). Une demande rejetée par le tribunal.

    « Ils défoncent des portes ouvertes »

    « Vous vous retirez avant d’obtenir la réponse à vos requêtes ? Vous abandonnez votre client, vous assumerez votre responsabilité ! », lance le juge après l’annonce de la déconstitution des avocats. Khaled Berghel, un autre avocat estime que « ce n’est pas la première affaire qui vise les institutions algériennes ». « Cette tribune ne sera pas une tribune des droits de l’homme », lâche-t-il.

    Procès renvoyé à dimanche prochain

    Me Khaled Bourayou (constitué pour un autre prévenu) intervient et demande le renvoi du procès au moins pour dix jours. « Il a perdu l’espoir, il est devenu comme un cadavre ! Je vous supplie M. le président de lui donner un délai », plaide l’avocat. Après des délibérations de plus de 30 minutes, le président du tribunal a finalement décidé de renvoyer le procès à dimanche prochain.


    TSA
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