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«Nous sommes prêts à aider l’Algérie à réussir sa transition»

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  • «Nous sommes prêts à aider l’Algérie à réussir sa transition»

    Rencontré à l’issue d’une visite qu’il a effectuée cette semaine à Alger, le ministre de l’Agriculture de Pologne, Marek Sawicki, nous livre, dans cette interview, les secrets de la réussite de la transition polonaise. Du moins agricole. Mais aussi les facteurs qui ont contribué à son autosuffisance alimentaire. Marek Sawicki nous parle aussi des termes de la coopération algéro-polonaise au niveau agricole et les ambitions des deux partenaires en la matière.

    - Comment analysez-vous la coopération économique entre l’Algérie et la Pologne dans le domaine de l’agriculture ?

    Durant ces trois dernières années, l’Algérie est devenue le troisième partenaire de la Pologne dans le domaine de l’agriculture, hors Union européenne. Les échanges commerciaux entre nos deux pays, dans le domaine agricole, culminaient à fin 2014 au-dessus de 210 millions d’euros.

    Nous avons pratiquement triplé la valeur des échanges comparativement à l’année 2013. Il faut reconnaître tout de même que l’année 2013 a été moins bonne que la précédente. Nous espérons faire un bond en avant à l’avenir et accroître davantage le volume de nos échanges. La Pologne est le cinquième producteur de produits agricoles au sein de l’Union européenne, bien que nous soyons leaders sur plusieurs niches de produits, dont les pommes, les légumes, la volaille et les champignons.

    Ce qui caractérise notre production c’est qu’elle est soutenue essentiellement par de petites entreprises familiales. La transformation se fait, cependant, au niveau de nos entreprises les plus investies et performantes de l’agroalimentaire. Durant les dix dernières années, la Pologne a investi l’équivalent de 50 milliards d’euros dans le secteur agricole. Aujourd’hui, nous sommes en train de cueillir les fruits de cet investissement, tant sur les plans quantitatif que qualitatif.

    - Outre les échanges commerciaux entre les deux pays, y a-t-il d’autres aspects de ce partenariat que vous comptez développer avec vos homologues algériens ?

    Au-delà des échanges entre nos deux pays, nous pouvons travailler avec nos partenaires algérien sur des projets d’investissement et le transfert de l’expertise et du savoir-faire dans le domaine scientifique, technologique et de conseil. Nous nous sommes mis d’accord avec les responsables algériens sur la nécessité de constituer un groupe de travail qui se chargera des projets dans le domaine génétique, la semence, le conseil dans le secteur de la transformation des produits agricoles.

    La Pologne est disposée à équiper les industriels algériens en chaînes technologiques de transformation, de stockage et de froid. Nous savons que le potentiel algérien est important au niveau de la production, mais il faut investir davantage pour une utilisation maximale de ce potentiel afin que le pays puisse atteindre l’autosuffisance. Il y a onze ans, la Pologne était encore déficitaire en production agricole, mais nous avons réussi à augmenter notre production de 40%.

    Nous avons réussi la transition en peu de temps et nous sommes prêts à aider l’Algérie à faire le même chemin. Des producteurs polonais sont présents à la Foire d’Alger des industries agroalimentaires, disposés à accompagner les opérateurs algériens en conseil et en équipement agricole. Je dois vous dire que la Pologne est l’un des leaders européens en production agricole et en industrie agroalimentaire.

    - Quels étaient les facteurs-clés de réussite de votre transition et autosuffisance alimentaire ?

    Je viens de vous parler de cette enveloppe de 50 milliards d’euros injectée dans le développement de l’agriculture en Pologne. Une proportion de 60% de ces montants a été investie dans la modernisation des exploitations agricoles, 25% dans les industries de transformation et 15% dans le développement des infrastructures rurales.

    La campagne polonaise est devenue tellement attrayante qu’en 2009, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons vu un inversement de la tendance en ce qui concerne l’exode des populations. Pour la première fois, en 2009, il y avait plus de personnes qui quittaient la ville pour s’installer en campagne que ceux qui partaient des campagnes pour s’installer dans les grandes villes.

    L’autre élément qui a été déterminant dans la réussite de cette transition est que les agriculteurs polonais s’organisent de plus en plus pour travailler en coopérative. Nous avons aujourd’hui des groupements et des organisations professionnelles qui se sont créés, ce qui a permis l’accélération du processus et l’augmentation des indicateurs de production. Dès le début de la transition, nous avons placé très haut les normes qualitatives de production, ce qui a permis aux produits polonais de se placer aisément partout dans le monde.

    - Quels sont les principaux indicateurs de performance de l’agriculture polonaise, la croissance, la contribution au PIB, la valeur des exportations… ?

    Comme je vous l’ai dis, en un laps de temps de dix années, nous avons enregistré une croissance de 40% de notre production agricole. Nous avons adhéré à l’Union européenne en même temps que dix autres pays et au bout de cette décennie d’expérience européenne la production au niveau de ces dix autres pays a baissé de 10%.

    En ce qui concerné la contribution du secteur agricole polonais au produit intérieur brut (PIB), les produits non transformés représentent une part de 3,5% dans le PIB, mais si l’on additionne à ce taux la contribution des industries agroalimentaires et des services à l’agriculture, la contribution au PIB avoisine alors les 7%. La Pologne a exporté en 2014 pour l’équivalent de 21,3 milliards d’euros de produits agricoles avec une balance positive de 6,6 milliards d’euros.

    - Appréhendez-vous que les Etats-Unis et l’Union européenne aboutissent à la conclusion d’un accord de libre-échange ? Et quel a été l’impact de l’embargo russe sur l’agriculture polonaise ?

    Nous regardons avec une certaine inquiétude l’évolution des discussions sur un accord de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique. Pour l’instant, il n’y a aucun impact sur la production agricole polonaise, étant donné que les pourparlers n’ont pas encore abouti.

    Pendant les six dernières années, la croissance des exportations des produits agricoles polonais se maintenait à une moyenne de 10%. Après la mise en place, en 2014, de l’embargo russe, nous avons maintenu la dynamique des exportations à seulement 5%. Mais, paradoxalement, l’embargo nous a permis de développer de nouveaux partenariats aussi bien au niveau de l’Union européenne qu’au-delà de cet espace commun. D’ailleurs, l’embargo russe a fait que nous avons aujourd’hui des relations beaucoup plus étroites avec l’Algérie.

    Ali Titouche
    El Watan




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