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Révolution : Ghar Ouchetouh (Batna), l’histoire oubliée d’une innommable atrocité

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  • Révolution : Ghar Ouchetouh (Batna), l’histoire oubliée d’une innommable atrocité

    Ghar Ouchetouh, une grotte enfoncée dans un flanc abrupt d’un détour des gorges de Taghit, dans l’actuelle commune de Taxlent (Batna), est un haut lieu de la résistance du peuple algérien durant la Révolution de Novembre. Il y a 53 ans, 118 civils dont une femme, des vieillards et des enfants y furent atrocement massacrés par l’armée coloniale française avec un acharnement inhumain. Au cours de cette exaction peu connue, l’armée d’occupation usa de bombes dégageant des produits chimiques dont les effets pathogènes sont encore endurés à ce jour par les rescapés.

    Messaoud Mezghich qui avait consenti, avec d’autres, à sortir de la grotte, fut transformé en bombe-humaine qui se déchiqueta lorsque le pauvre hère fut réintroduit dans l’excavation au motif perfide d’offrir ‘’l’Amane’’ aux siens. La puissante déflagration fut entendue sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. « Ce fut comme un grand coup de tonnerre que nous avons perçu ce jour-là du côté de Guenifa, près de Boutaleb (Sétif) », se souvient le moudjahid Belgacem Bouzid, originaire de la région de Taxlent. Ce n’est qu’après trois jours, ajoute-t-il, que « nous reçûmes l’information que le « arch de Ouled Fatma de Terchiouine avait été décimé ».
    Dernière modification par Bourguignon89, 28 avril 2015, 21h25.

  • #2
    Le visage hideux de la France, en ce temps-là

    Pour cet ancien combattant, cet acte constitue, même en temps de guerre, un « crime odieux et sauvage » qui « révèle au grand jour toute la hideur du visage de la France, en ce temps-là ». Le Dr. Youcef Menasria, président de l’Union nationale des historiens algériens, considère qu’à Ghar Ouchetouh, l’armée régulière française s’était rendue coupable d’un « acte génocidaire injustifiable perpétré de sang froid contre un groupe de personnes non combattantes parmi lesquelles des enfants et des vieillards ». Loin de constituer un acte isolé, cet épisode tragique s’inscrit en droite ligne de la sinistre doctrine militaire de l’armée d’occupation désignant sous les euphémismes de « pacification » et « guerre non conventionnelle » les répressions sanguinaires, terrorisantes et systématiques de populations civiles rétives, estime de son côté l’universitaire Salah Ben Ameur.

    L’Histoire oubliée du massacre collectif raconté par un rescapé

    Dimanche 22 mars 1959. Une vaste opération de ratissage est engagée par l’armée française dans la partie Sud-ouest du massif des Aurès. Craignant des représailles des forces d’occupation pour avoir ouvert grand les bras aux moudjahidine de l’Armée de libération nationale, la population masculine de la vallée de Terchiouine fuit bourgs et maisons et se réfugie dans la profonde cavité de Ghar Ouchetouch, dans le canyon de Taghit, au pied du mont Refaâ qui s’élève à plus de 2.178 mètres d’altitude. Salah Foudhil, alors âgé de 21 ans, qui habitait le hameau des Ouled Lehoual en faisait partie.

    Il est l’un des rares survivants pouvant encore témoigner de ce drame douloureux. « On pensait que cette grotte qui nous avait dissimulé aux unités des zouaves lors de la révolte des Aurès de septembre 1916 contre la conscription obligatoire était toujours un abri sûr », raconte cet homme brun au visage parcheminé mais le maintien alerte en dépit du poids de ses 74 ans. Un peu moins de deux cents personnes s’étaient réfugiées dans cette grotte qui présente deux cavités apparentes et une troisième plus vaste « invisible » pour un étranger mais accessible en rampant deux à trois mètres au travers une petite galerie, souligne Salah. « C’était une journée du mois sacré de Ramadhan, nous jeûnions depuis plus d’une semaine », ajoute-t-il avant d’évoquer l’évènement.

    En début d’après midi, deux soldats apparemment à la traîne des compagnies ratissant la région pointent à l’entrée la grotte. Fort probablement, ils n’ont rien vu, croit Salah, mais Fellah Hamlaoui, seul homme armé d’un fusil de chasse, tira et blessant l’un d’eux. C’est le début de l’horreur.

    Des morts entassés les uns sur les autres

    Il y eut d’abord, peu après, des tirs nourris contre la grotte pendant que le soldat blessé était traîné à l’extérieur de la grotte. Des grenades dégageant des gaz furent ensuite lancées dans la grotte. Les plus âgés conseillèrent aussitôt aux plus jeunes de boire leur urine et d’en mouiller des vêtements pour recouvrir leurs visages.

    Suffoquant, 33 personnes parmi les réfugiés de la grotte se résignèrent à sortir. Un seul homme, Ali Ouchetouh, fils de Aïssa fut exécuté tandis que Messaoud Mezghich, lui, fut torturé avant que les artificiers n’attachent sur son dos une caisse d’explosifs. Les officiers français lui demandèrent perfidement de retourner dans la grotte et d’offrir ‘’l’Amane’’ (mettre en confiance) à ceux qui s’y réfugient pour qu’ils sortent. Une fois à l’intérieur, l’on accourut pour tenter de détacher la caisse mais elle explosa avant même que l’on parvint à lui. Salah ne retient de la détonation que le souvenir d’une boule de feu et d’une déflagration assourdissante, puis il perdit connaissance. Ce n’est qu’au lendemain qu’il se réveilla.

    Les morts étaient entassés les uns sur les autres. Les soldats français pénètrent dans la grotte et font sortir les quelques survivants. Certains se cachent sous les morts pour ne pas sortir mais ils subissent le même sort. Découvrant après interrogatoire des personnes arrêtées que la grotte abritait un couturier, Mohamed Lemhel, originaire de Merouana, qui confectionnait des tenues militaires pour les djounoud et les officiers de l’ALN, les militaires français décidèrent de détruire la grotte en la faisant sauter avec 6,5 quintaux d’explosifs.

    Les artificiers mirent plus de trois heures, selon Salah Foudhil, pour installer la puissante charge explosive qu’ils firent exploser en fin d’après-midi avant de partir.
    Dernière modification par Bourguignon89, 28 avril 2015, 21h26.

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    • #3
      Des stigmates indélébiles

      Toutes les tribus de la région accoururent vers Ghar Ouchetouh et durent creuser durant de longues heures pour sortir les victimes du dessous des décombres afin de les enterrer près de Ghar Ouchetouh dans des fosses communes de trois à sept personnes, raconte encore Salah qui affirme que tous les rescapés exposés aux gaz chimiques étaient restés alités plus de trois mois sans recevoir de soins, hormis d’inopérants remèdes de « grand-mère ». Salah perdit dans la grotte son père Mohamed, alors âgé alors de 61 ans et ses deux frères aînés, Omar 26 ans et Lakhdar 24 ans ainsi que 12 cousins des Ouled Lehoual.

      Aujourd’hui, Salah Foudhil n’arrive pas à parler à haute voix à cause des gaz inhalés dans la grotte. Des éruptions cutanées douloureuses, « inexpliquées » par les médecins, parsèment ses membres inférieurs, confient quelques uns parmi ses voisins. Bouzid Moussa, un autre rescapé de la grotte résidant au village de Tinibaouine est atteint de difficultés respiratoires qui le condamnent à se cloîtrer à l’intérieur de sa demeure pendant les journées chaudes de l’été. Une insuffisance respiratoire analogue touche aussi un troisième rescapé, Omar Rabhi dont le fils, Ali, président-adjoint de l’APC de Taxlent, assure que cette maladie n’est nullement, de l’avis des médecins consultés, un asthme.

      Aucune enquête n’a été toutefois menée pour déterminer l’ampleur du mal causé aux rescapés par les gaz chimiques utilisés par l’armée française dans ce massacre collectif impuni.

      Un haut lieu de la mémoire en instance de classification

      En 1963, les restes des victimes de ce massacre collectif sont déplacés vers un cimetière des chouhada au lieudit Laksar près du village Tinibaouine. Leur souvenir est à tout jamais conservé dans la mémoire collective des gens de cette région des Aurès. Il est célébré dans la poésie populaire chantée par les Rehaba dont les paroles qui évoquent Lghar ouchetouch yeguine myate theroh (la grotte de Ouchetouch qui engloutit cent âmes). Une stèle commémorative sur laquelle figurent les noms des victimes a été érigée en 1988 sur la falaise surplombant la grotte. Dix ans auparavant, en 1978, le corps « bien conservé » de la seule femme qui se trouvait dans la grotte Zohra Frik est dégagé des décombres.

      Selon Salah Foudhil, cette femme, infirmière dans les maquis, avait fui avec les hommes car elle était blessée à la suite d’un bombardement. Les corps de deux autres victimes du massacre, Abderrahmane Ferroudj Ben Mohamed et Slimane Abassi Ben Ahmed se trouvent toujours enfouis dans les tréfonds de la grotte sous une immense pierre, affirme encore le même témoin. La grotte de Ghar Ouchetouh, en dépit de sa haute symbolique dans la mémoire nationale du combat libérateur, n’a pas fait objet d’une classification. Les habitants d’Ouled Lehoual regrettent aussi l’oubli qui frappe la vallée de Terchiouine où le réseau d’électrification rurale s’arrête à quelques encablures des localités meurtries de Refaâ, de Beridès, d’El Harri et d’Ouled Abed.
      Dernière modification par Bourguignon89, 28 avril 2015, 21h22.

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      • #4
        Allah yerham chouhada allah yerham chouhada allah yerham chouhada !!!! voilà ce qu'on a fait du pays qu'ils ont libérés .. ils n'avaient ni commodités , ni instruction pour la plupart , mais ils avaient des ******** .
        Dernière modification par Bourguignon89, 28 avril 2015, 21h59.

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        • #5
          gualek ce qui est fait est fait le passé faut l'oublier pourtant l'histoire c'est un eternel recommencement ..ils disent aussi que ceux qui ne l'on pas compris son condamnes a la revivre encore et encore .. merci pour ces passages ..

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