Spécialiste de la période médiévale maghrébine, Mohamed Kably est considéré comme un des meilleurs historiens de sa génération. À la tête de l’Institut Royal de la Recherche sur l’Histoire du Maroc depuis 2005, il nous livre sa vision sur la recherche dans un domaine qui attise les passions identitaires et politiques.
Pour commencer, pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours ?
Je suis né dans la ville de Casablanca où j’ai également fait mes études par la suite. Au lendemain de l’Indépendance, j’ai fait un passage par le célèbre Collège Moulay Youssef avant de rejoindre le principal établissement français de la capitale, le lycée Gouraud (actuel lycée Hassan II, ndlr). Mes études supérieures se sont passées à Bordeaux, puis à Paris où je commence à m’intéresser fortement à l’histoire et la civilisation musulmanes. Une période dont je profite pour côtoyer d’éminents professeurs tels que Claude Cahen, Robert Brunschvig, Émile Laoust, René Le Merle ainsi que toute une pléiade d’historiens et d’islamologues réputés. À mon retour au Maroc, j’intègre la Faculté des Lettres de l’Université Mohammed V de Rabat où j’exerce comme assistant, comme maître de conférences par la suite, puis comme professeur d’université avant de me voir proposer le poste de doyen en 1975. Après consultation des collègues, je décide d’accepter le poste que j’assume jusqu’en 1978. Une fois déchargé du décanat, je demande à être détaché à l’IURS (Institut Universitaire de Recherche Scientifique, ndlr), pour me consacrer à mes travaux de recherche, ce qui fut pris en considération par le Ministère qui m’autorisa aussitôt à rejoindre l’Institut en question. C’est donc dans ce contexte que j’ai pu terminer ma thèse (Société, pouvoir et religion au Maroc à la fin du Moyen-âge, ndlr). La phase suivante allait comporter des missions académiques ponctuées de publications diverses. Il s’agit notamment d’un séjour à l’Université de Bordeaux, d’un autre à Harvard Universty, de la présidence de l’Université de Tétouan, de celle de l’Université de Fès et, à présent, de la direction de l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc (IRRHM).
Pourquoi avoir fait le choix de l’Histoire ?
Pour une génération formée sous le Protectorat comme la mienne, la question de l’identité comptait parmi les préoccupations essentielles. Inutile d’évoquer le terme « nationalisme », puisque nous étions tous plus ou moins de cœur, ne serait-ce que par solidarité affective, avec nos aînés des organisations revendiquant l’Indépendance. Personnellement en tout cas, j’avais besoin de me connaître, de me définir culturellement par-dessus tout. Étant donné notre situation de quasi-aliénés à la culture française, laquelle était très fortement représentée dans les programmes, s’approprier intellectuellement une identité différentielle devait être également le moyen d’instaurer une forme de résistance. Au-delà de ce contexte, je crois pouvoir ramener mon intérêt pour l’Histoire au rôle joué par certains de mes professeurs du secondaire, en terminale surtout et en propédeutique.
En 1978, vous fondez avec d’autres chercheurs l’Association Marocaine pour la Recherche Historique. Pourquoi et comment ?
En cette période, les départements d’Histoire étaient encadrés notamment par des enseignants venus du Moyen-Orient, surtout d’Égypte et de Syrie, mais aussi de nationaux formés soit en France, soit parfois en Grande-Bretagne. De ce fait, l’approche historique au Maroc était investie par une pluralité de méthodes plus ou moins inconciliables. D’où le sentiment que l’on avait alors d’essayer d’y mettre de l’ordre. Le regretté Mohamed Zniber, Brahim Boutaleb, Halima Ferhat et moi-même avons donc décidé de fonder une association à cette fin. Nous voulions en effet créer ce que l’on peut appeler « une école d’historiens marocains ». L’objectif était simple : il fallait instaurer des repères en se mettant d’accord sur des règles de travail engageant les membres de cette école. Et l’on sait qu’une telle action pouvait aller très loin, sous d’autres cieux, et pousser les animateurs, vu son impact, à la rédaction d’un manifeste, à la création d’une revue ou même à l’institution d’une structure de formation appropriée. Pour nous, le diplôme paraissait insuffisant. Nous préférions miser sur la qualité des travaux proposés au préalable au Bureau. Ce souci de la qualité a été renforcé par l’obligation d’un parrainage exprimé par deux membres de ce Bureau ou à défaut, par deux chercheurs confirmés. À l’issue de cette première phase expérimentale, il a été finalement jugé qu’une stratégie moins exigeante serait plus opportune et qu’il fallait ouvrir l’Association davantage. La qualité viendrait donc, selon cette option, avec le nombre.
En instaurant une « école historique marocaine », n’aviez-vous pas également l’intention de vous démarquer d’un traitement de l’Histoire trop favorable au nationalisme historique ?
Il ne faut pas confondre nos motivations en vue d’une association et la nature des travaux bannis ou qui y ont été par contre engagés. Notre principale motivation découlait en fait de la trop grande hétérogénéité remarquée au niveau de la formation des étudiants. Cette réalité constituait le réel soubassement. Cela étant, lorsque je pris la direction de cette même association à la suite de feu Mohamed Zniber, ce ne fut que pour des raisons académiques. Pour moi, il fallait d’abord tenir compte de la réalité existante. Car, il est indéniable que des personnes pratiquaient une sorte d’approche laudative, laquelle tendait à promouvoir, plus ou moins en filigrane, l’idéologie nationaliste. Ces collègues avaient évidemment la charge de former des étudiants. Il était donc urgent pour notre Association d’imposer une certaine discipline. Nous n’admettions pas que nos futurs historiens puissent un jour prétendre que notre civilisation est unique et qu’elle ne doit strictement rien à aucune autre. Dans un sens plus large, le nationalisme comme idéologie historique consistait alors – et consiste toujours – en un ethnocentrisme excessif. Un chercheur sérieux ne peut en aucune manière adopter ce type d’approche dans ses travaux.
Ne trouvez-vous pas que le moment est à nouveau venu de réviser notre façon d’aborder l’histoire du Maroc ?
C’est toujours le bon moment. Vous savez, la recherche en Histoire est un mouvement continu. Personnellement, je suis constamment en train de réviser mes anciens travaux et il m’arrive d’être en désaccord, à un moment précis, avec certaines de mes hypothèses de la veille. D’ailleurs, le dernier ouvrage de synthèse que nous avons produit à l’IRRHM constitue, pour une bonne part, une véritable remise en question de bien des aspects figés ou occultés de l’histoire de ce pays. Cependant, tout travail, y compris celui-là, nécessite d’être revisité au bout d’un certain temps. Respecter cette règle me paraît être une précaution salutaire tout en étant, bien entendu, une évidence.
Dans le traitement de l’histoire du Maroc, existe-t-il une période qui mérite d’être revisitée un peu plus que d’autres ?
Chaque période à ses spécificités. Mais, je pense que l’étude du temps présent nécessite une attention particulière. Nous avons récemment organisé un colloque avec pour thème « le Maroc et le temps présent » où il est clairement apparu que bien des questions demeurent en suspens. La nouveauté pour nous aura consisté néanmoins en l’association d’acteurs politiques, à côté d’un certain nombre d’historiens chevronnés, au sein de la rencontre. Puisque le but consistait à amener acteurs et chercheurs à dialoguer pour mieux débattre de cette même problématique. Les historiens avaient au préalable dressé une grille de questions destinées aux invités militants ayant vécu et participé à tels événement ou série d’événements particuliers. Les réponses livrées par ces témoins de qualité durent permettre aux historiens d’accéder à des éléments de réponse que l’on a consignés par la suite dans les Actes de cette manifestation passionnante. Ceci dit, l’on note que cette période est la plus investie par les travaux de nos chercheurs tout en étant paradoxalement celle qui nécessite le plus de révisions.
Les historiens marocains se trouvent souvent enfermés dans la recherche thématique et ne parviennent pas à s’affranchir des travaux effectués par les fondateurs, comme Abdallah Laroui et vous-même, pourquoi ?
La jeune génération a en effet besoin de faire son parricide. Je pense que la difficulté de l’innovation dans la recherche est liée, en partie, à la multiplicité non coordonnée des universités, ou plutôt des départements d’Histoire qui y sont affiliés. Lorsque j’étais doyen de la Faculté des Lettres, j’avais reçu de la part du ministère des directives pour sélectionner les meilleurs étudiants en fin de cycle, dans différentes disciplines, pour les envoyer aussitôt, sous contrat, à l’étranger pour parfaire leur formation. Cette politique pratiquée au cours des deux années universitaires 1975-76 et 1976-77 avait permis l’envoi, dans différents pays d’Europe et aux États-Unis, d’une centaine de lauréats. L’idée était d’anticiper l’ouverture des futures universités dans le but de préparer leurs propres cadres. Nous avions choisi d’octroyer à ces jeunes une formation ailleurs qu’au Maroc pour mieux enrichir leur personnalité de chercheurs et consolider leurs compétences. Au cours de l’année 1978, à la suite d’un changement ministériel intervenu en octobre 1977, l’on a dû, sans crier gare, bousculer l’ensemble de ce projet. Le nouveau ministre crut devoir résilier au plus tôt les contrats engagés pour la formation de cette élite estudiantine. Pour des raisons sans doute ponctuelles, la nouvelle administration avait dû estimer que de futurs enseignants n’avaient point à être envoyés à l’étranger, qu’une telle entreprise constituait un risque aux ramifications incontrôlables et qu’il valait peut-être mieux y mettre un terme. Le résultat de ce retournement de situation aura été l’instauration d’une formation locale d’à peine 18 mois. Ainsi, les éléments destinés à encadrer les nouvelles universités ne sont pas suffisamment outillés, sachant qu’ils avaient à parfaire leur propre formation tout en assumant la tâche de former à leur tour les générations suivantes. Il s’ensuit que les nouvelles universités ont dû naître avec un tel handicap, ce qui explique, du moins en partie, les carences que vous signaliez vous-même au niveau de la recherche.
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Pour commencer, pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours ?
Je suis né dans la ville de Casablanca où j’ai également fait mes études par la suite. Au lendemain de l’Indépendance, j’ai fait un passage par le célèbre Collège Moulay Youssef avant de rejoindre le principal établissement français de la capitale, le lycée Gouraud (actuel lycée Hassan II, ndlr). Mes études supérieures se sont passées à Bordeaux, puis à Paris où je commence à m’intéresser fortement à l’histoire et la civilisation musulmanes. Une période dont je profite pour côtoyer d’éminents professeurs tels que Claude Cahen, Robert Brunschvig, Émile Laoust, René Le Merle ainsi que toute une pléiade d’historiens et d’islamologues réputés. À mon retour au Maroc, j’intègre la Faculté des Lettres de l’Université Mohammed V de Rabat où j’exerce comme assistant, comme maître de conférences par la suite, puis comme professeur d’université avant de me voir proposer le poste de doyen en 1975. Après consultation des collègues, je décide d’accepter le poste que j’assume jusqu’en 1978. Une fois déchargé du décanat, je demande à être détaché à l’IURS (Institut Universitaire de Recherche Scientifique, ndlr), pour me consacrer à mes travaux de recherche, ce qui fut pris en considération par le Ministère qui m’autorisa aussitôt à rejoindre l’Institut en question. C’est donc dans ce contexte que j’ai pu terminer ma thèse (Société, pouvoir et religion au Maroc à la fin du Moyen-âge, ndlr). La phase suivante allait comporter des missions académiques ponctuées de publications diverses. Il s’agit notamment d’un séjour à l’Université de Bordeaux, d’un autre à Harvard Universty, de la présidence de l’Université de Tétouan, de celle de l’Université de Fès et, à présent, de la direction de l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc (IRRHM).
Pourquoi avoir fait le choix de l’Histoire ?
Pour une génération formée sous le Protectorat comme la mienne, la question de l’identité comptait parmi les préoccupations essentielles. Inutile d’évoquer le terme « nationalisme », puisque nous étions tous plus ou moins de cœur, ne serait-ce que par solidarité affective, avec nos aînés des organisations revendiquant l’Indépendance. Personnellement en tout cas, j’avais besoin de me connaître, de me définir culturellement par-dessus tout. Étant donné notre situation de quasi-aliénés à la culture française, laquelle était très fortement représentée dans les programmes, s’approprier intellectuellement une identité différentielle devait être également le moyen d’instaurer une forme de résistance. Au-delà de ce contexte, je crois pouvoir ramener mon intérêt pour l’Histoire au rôle joué par certains de mes professeurs du secondaire, en terminale surtout et en propédeutique.
En 1978, vous fondez avec d’autres chercheurs l’Association Marocaine pour la Recherche Historique. Pourquoi et comment ?
En cette période, les départements d’Histoire étaient encadrés notamment par des enseignants venus du Moyen-Orient, surtout d’Égypte et de Syrie, mais aussi de nationaux formés soit en France, soit parfois en Grande-Bretagne. De ce fait, l’approche historique au Maroc était investie par une pluralité de méthodes plus ou moins inconciliables. D’où le sentiment que l’on avait alors d’essayer d’y mettre de l’ordre. Le regretté Mohamed Zniber, Brahim Boutaleb, Halima Ferhat et moi-même avons donc décidé de fonder une association à cette fin. Nous voulions en effet créer ce que l’on peut appeler « une école d’historiens marocains ». L’objectif était simple : il fallait instaurer des repères en se mettant d’accord sur des règles de travail engageant les membres de cette école. Et l’on sait qu’une telle action pouvait aller très loin, sous d’autres cieux, et pousser les animateurs, vu son impact, à la rédaction d’un manifeste, à la création d’une revue ou même à l’institution d’une structure de formation appropriée. Pour nous, le diplôme paraissait insuffisant. Nous préférions miser sur la qualité des travaux proposés au préalable au Bureau. Ce souci de la qualité a été renforcé par l’obligation d’un parrainage exprimé par deux membres de ce Bureau ou à défaut, par deux chercheurs confirmés. À l’issue de cette première phase expérimentale, il a été finalement jugé qu’une stratégie moins exigeante serait plus opportune et qu’il fallait ouvrir l’Association davantage. La qualité viendrait donc, selon cette option, avec le nombre.
En instaurant une « école historique marocaine », n’aviez-vous pas également l’intention de vous démarquer d’un traitement de l’Histoire trop favorable au nationalisme historique ?
Il ne faut pas confondre nos motivations en vue d’une association et la nature des travaux bannis ou qui y ont été par contre engagés. Notre principale motivation découlait en fait de la trop grande hétérogénéité remarquée au niveau de la formation des étudiants. Cette réalité constituait le réel soubassement. Cela étant, lorsque je pris la direction de cette même association à la suite de feu Mohamed Zniber, ce ne fut que pour des raisons académiques. Pour moi, il fallait d’abord tenir compte de la réalité existante. Car, il est indéniable que des personnes pratiquaient une sorte d’approche laudative, laquelle tendait à promouvoir, plus ou moins en filigrane, l’idéologie nationaliste. Ces collègues avaient évidemment la charge de former des étudiants. Il était donc urgent pour notre Association d’imposer une certaine discipline. Nous n’admettions pas que nos futurs historiens puissent un jour prétendre que notre civilisation est unique et qu’elle ne doit strictement rien à aucune autre. Dans un sens plus large, le nationalisme comme idéologie historique consistait alors – et consiste toujours – en un ethnocentrisme excessif. Un chercheur sérieux ne peut en aucune manière adopter ce type d’approche dans ses travaux.
Ne trouvez-vous pas que le moment est à nouveau venu de réviser notre façon d’aborder l’histoire du Maroc ?
C’est toujours le bon moment. Vous savez, la recherche en Histoire est un mouvement continu. Personnellement, je suis constamment en train de réviser mes anciens travaux et il m’arrive d’être en désaccord, à un moment précis, avec certaines de mes hypothèses de la veille. D’ailleurs, le dernier ouvrage de synthèse que nous avons produit à l’IRRHM constitue, pour une bonne part, une véritable remise en question de bien des aspects figés ou occultés de l’histoire de ce pays. Cependant, tout travail, y compris celui-là, nécessite d’être revisité au bout d’un certain temps. Respecter cette règle me paraît être une précaution salutaire tout en étant, bien entendu, une évidence.
Dans le traitement de l’histoire du Maroc, existe-t-il une période qui mérite d’être revisitée un peu plus que d’autres ?
Chaque période à ses spécificités. Mais, je pense que l’étude du temps présent nécessite une attention particulière. Nous avons récemment organisé un colloque avec pour thème « le Maroc et le temps présent » où il est clairement apparu que bien des questions demeurent en suspens. La nouveauté pour nous aura consisté néanmoins en l’association d’acteurs politiques, à côté d’un certain nombre d’historiens chevronnés, au sein de la rencontre. Puisque le but consistait à amener acteurs et chercheurs à dialoguer pour mieux débattre de cette même problématique. Les historiens avaient au préalable dressé une grille de questions destinées aux invités militants ayant vécu et participé à tels événement ou série d’événements particuliers. Les réponses livrées par ces témoins de qualité durent permettre aux historiens d’accéder à des éléments de réponse que l’on a consignés par la suite dans les Actes de cette manifestation passionnante. Ceci dit, l’on note que cette période est la plus investie par les travaux de nos chercheurs tout en étant paradoxalement celle qui nécessite le plus de révisions.
Les historiens marocains se trouvent souvent enfermés dans la recherche thématique et ne parviennent pas à s’affranchir des travaux effectués par les fondateurs, comme Abdallah Laroui et vous-même, pourquoi ?
La jeune génération a en effet besoin de faire son parricide. Je pense que la difficulté de l’innovation dans la recherche est liée, en partie, à la multiplicité non coordonnée des universités, ou plutôt des départements d’Histoire qui y sont affiliés. Lorsque j’étais doyen de la Faculté des Lettres, j’avais reçu de la part du ministère des directives pour sélectionner les meilleurs étudiants en fin de cycle, dans différentes disciplines, pour les envoyer aussitôt, sous contrat, à l’étranger pour parfaire leur formation. Cette politique pratiquée au cours des deux années universitaires 1975-76 et 1976-77 avait permis l’envoi, dans différents pays d’Europe et aux États-Unis, d’une centaine de lauréats. L’idée était d’anticiper l’ouverture des futures universités dans le but de préparer leurs propres cadres. Nous avions choisi d’octroyer à ces jeunes une formation ailleurs qu’au Maroc pour mieux enrichir leur personnalité de chercheurs et consolider leurs compétences. Au cours de l’année 1978, à la suite d’un changement ministériel intervenu en octobre 1977, l’on a dû, sans crier gare, bousculer l’ensemble de ce projet. Le nouveau ministre crut devoir résilier au plus tôt les contrats engagés pour la formation de cette élite estudiantine. Pour des raisons sans doute ponctuelles, la nouvelle administration avait dû estimer que de futurs enseignants n’avaient point à être envoyés à l’étranger, qu’une telle entreprise constituait un risque aux ramifications incontrôlables et qu’il valait peut-être mieux y mettre un terme. Le résultat de ce retournement de situation aura été l’instauration d’une formation locale d’à peine 18 mois. Ainsi, les éléments destinés à encadrer les nouvelles universités ne sont pas suffisamment outillés, sachant qu’ils avaient à parfaire leur propre formation tout en assumant la tâche de former à leur tour les générations suivantes. Il s’ensuit que les nouvelles universités ont dû naître avec un tel handicap, ce qui explique, du moins en partie, les carences que vous signaliez vous-même au niveau de la recherche.
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