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Trafic de migrants : "Des passeurs de clandestins nous expliquent leur business sans scrupules" (France 24)
Les réseaux sociaux sont devenus le nouveau terrain de démarchage des passeurs. Ces trafiquants n’hésitent plus à poster des annonces sur Facebook, avec leurs coordonnées, promettant qu’avec eux la traversée vers l’Europe se fera dans la sécurité et le confort... Pour en savoir plus, nous nous sommes fait passer pour des candidats à l’exil et avons pris contact avec des passeurs.
Certains sont installés à Mersin et Izmir, deux villes de la côte Turque, et ont principalement pour clients des Syriens qui fuient la guerre. De nombreux migrants transitent également par la Libye, profitant du vide sécuritaire qui y règne et l’absence de surveillance des frontières. Ils tentent, depuis le nord de ce pays, de rallier l’Italie, notamment l’ile de Lampedusa, porte d’entrée vers l’Europe.
Sur Facebook, les passeurs ne reculent devant rien pour appâter les migrants, leur faisant miroiter un voyage tout confort en yacht, (lien disponible sur le site de France 24)
Un journaliste des Observateurs a pris contact avec deux passeurs qui faisaient la promotion de leurs services sur le réseau social. Il leur a expliqué qu’il souhaitait se renseigner pour faire venir un ami syrien et sa famille en Europe. L'un des passeurs à qui il a parlé, un Libyen, serait basé à Tripoli, l'autre affirme être à Izmir, au sud de la Turquie. (la conversation est disponible sur le site de France 24)
Notre conversation avec Ahmad (pseudonyme), un passeur égyptien.
(Disponible sur le site de France 24)
Depuis le début de l’année 2015, plus de 1 750 migrants ont péri en Méditerranée, soit plus de 30 fois plus que durant la même période de 2014, a indiqué l'Organisation internationale des migrations (OIM). Le 21 avril dernier, un naufrage au large des côtes libyennes a fait 800 morts, la "pire hécatombe jamais vue en Méditerranée", a déploré l’OIM.
Billet rédigé avec la collaboration de Djamel Belayachi (@DjamelBelayachi), journaliste à France 24.
Source
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Certains sont installés à Mersin et Izmir, deux villes de la côte Turque, et ont principalement pour clients des Syriens qui fuient la guerre. De nombreux migrants transitent également par la Libye, profitant du vide sécuritaire qui y règne et l’absence de surveillance des frontières. Ils tentent, depuis le nord de ce pays, de rallier l’Italie, notamment l’ile de Lampedusa, porte d’entrée vers l’Europe.
Sur Facebook, les passeurs ne reculent devant rien pour appâter les migrants, leur faisant miroiter un voyage tout confort en yacht, (lien disponible sur le site de France 24)
Un journaliste des Observateurs a pris contact avec deux passeurs qui faisaient la promotion de leurs services sur le réseau social. Il leur a expliqué qu’il souhaitait se renseigner pour faire venir un ami syrien et sa famille en Europe. L'un des passeurs à qui il a parlé, un Libyen, serait basé à Tripoli, l'autre affirme être à Izmir, au sud de la Turquie. (la conversation est disponible sur le site de France 24)
Extraits de cette conversation :
Je suis prêt à faire une offre pour votre ami. Normalement, je prends moitié prix, 500 dollars, pour les enfants de moins de 10 ans. Mais je suis prêt à faire un effort. Pour l’enfant ce sera gratuit. Quant aux parents, ils devront pays 1 000 dollars chacun.
Nous prendrons le départ à partir de la ville de Zouara près de frontière avec la Tunisie [environ 120 kilomètres à l’ouest de Tripoli, NDLR]. C’est le point le plus proche de Lampedusa. Le voyage est très court, il ne dure que 8 heures.
Il faut que votre ami parte vite car la situation en Libye est très tendue. Mais à Zouara en tout cas, tout est calme, nous sommes loin des combats.
"Les navigateurs seront équipés d’un téléphone satellitaire Thuraya, d’un GPS et d’une boussole"
Toutes nos barques sont neuves. La barque fait 26 mètres. Elle peut accueillir jusqu’à 500 personnes en fait mais nous nous contentons de prendre 300 passagers. Il y aura un navigateur avec eux dans la barque, un Tunisien, un Marocain ou Libyen. Ils seront équipés d’un téléphone satellitaire Thuraya, d’un GPS et d’une boussole.
Par contre, je vous mentirais si je vous disais qu’il peut partir dès demain. Ils devront attendre qu’il fasse beau pour prendre le départ. Si votre ami n’a pas où se loger à Zouara, nous pouvons évidemment l’héberger et le nourrir gratuitement jusqu’au jour du départ. Nous logeons déjà plusieurs familles là-bas.
Je lui donnerai les coordonnées d’un taxi de confiance qui le prendra de Tripoli et déposera à l’entrée de Zouara. Mon frère l’attendra là-bas et le conduira au lieu de résidence.
S’il le bateau est intercepté par les gardes-côtes à Lampedusa, il sera accueilli dans un camp où on lui fera des vaccins. Les autorités vérifieront ensuite s’il n’est pas lié à des affaires de terrorisme, puis lui délivreront un document qui lui permettra de se balader partout en Italie et même de quitter ce pays pour un autre pays européen. Et ils lui donneront aussi une autorisation de travail s’il a envie de travailler là-bas.
"Si quelqu’un ose lever la main sur lui ou sa famille, je me charge personnellement de la lui couper"
C’est vrai qu’on entend souvent des histoires de passeurs qui maltraitent et frappent des voyageurs, mais rassurez votre ami. Dites-lui que si quelqu’un ose lever la main sur lui ou sa famille, je me charge personnellement de la lui couper.
Nous n’avons pas de gilet de sauvetage pour les voyageurs. Mais si votre ami le souhaite il peut en acheter. Ce n’est pas du tout cher ici, 30 euros.
"Qu’il prenne juste un peu de miel, des dates, du jus de fruits, de l’eau"
Il ne devra pas voyager chargé car de toute façon, le voyage ne dure pas longtemps. Il pourra par exemple prendre avec lui un peu de miel, des dates, du jus de fruits, de l’eau.
En ce qui concerne le paiement, il peut me régler dès qu’il arrive à Zouara ou bien au moment de monter dans la barque si ça le rassure. Il n y a aucun problème, nous sommes très bien organisés.
En ce moment, je suis à Tripoli parce que j’ai justement quelques clients syriens à voir. Alors dites-lui de m’appeler pour qu’on puisse se rencontrer et discuter de tous les détails.
Je suis prêt à faire une offre pour votre ami. Normalement, je prends moitié prix, 500 dollars, pour les enfants de moins de 10 ans. Mais je suis prêt à faire un effort. Pour l’enfant ce sera gratuit. Quant aux parents, ils devront pays 1 000 dollars chacun.
Nous prendrons le départ à partir de la ville de Zouara près de frontière avec la Tunisie [environ 120 kilomètres à l’ouest de Tripoli, NDLR]. C’est le point le plus proche de Lampedusa. Le voyage est très court, il ne dure que 8 heures.
Il faut que votre ami parte vite car la situation en Libye est très tendue. Mais à Zouara en tout cas, tout est calme, nous sommes loin des combats.
"Les navigateurs seront équipés d’un téléphone satellitaire Thuraya, d’un GPS et d’une boussole"
Toutes nos barques sont neuves. La barque fait 26 mètres. Elle peut accueillir jusqu’à 500 personnes en fait mais nous nous contentons de prendre 300 passagers. Il y aura un navigateur avec eux dans la barque, un Tunisien, un Marocain ou Libyen. Ils seront équipés d’un téléphone satellitaire Thuraya, d’un GPS et d’une boussole.
Par contre, je vous mentirais si je vous disais qu’il peut partir dès demain. Ils devront attendre qu’il fasse beau pour prendre le départ. Si votre ami n’a pas où se loger à Zouara, nous pouvons évidemment l’héberger et le nourrir gratuitement jusqu’au jour du départ. Nous logeons déjà plusieurs familles là-bas.
Je lui donnerai les coordonnées d’un taxi de confiance qui le prendra de Tripoli et déposera à l’entrée de Zouara. Mon frère l’attendra là-bas et le conduira au lieu de résidence.
S’il le bateau est intercepté par les gardes-côtes à Lampedusa, il sera accueilli dans un camp où on lui fera des vaccins. Les autorités vérifieront ensuite s’il n’est pas lié à des affaires de terrorisme, puis lui délivreront un document qui lui permettra de se balader partout en Italie et même de quitter ce pays pour un autre pays européen. Et ils lui donneront aussi une autorisation de travail s’il a envie de travailler là-bas.
"Si quelqu’un ose lever la main sur lui ou sa famille, je me charge personnellement de la lui couper"
C’est vrai qu’on entend souvent des histoires de passeurs qui maltraitent et frappent des voyageurs, mais rassurez votre ami. Dites-lui que si quelqu’un ose lever la main sur lui ou sa famille, je me charge personnellement de la lui couper.
Nous n’avons pas de gilet de sauvetage pour les voyageurs. Mais si votre ami le souhaite il peut en acheter. Ce n’est pas du tout cher ici, 30 euros.
"Qu’il prenne juste un peu de miel, des dates, du jus de fruits, de l’eau"
Il ne devra pas voyager chargé car de toute façon, le voyage ne dure pas longtemps. Il pourra par exemple prendre avec lui un peu de miel, des dates, du jus de fruits, de l’eau.
En ce qui concerne le paiement, il peut me régler dès qu’il arrive à Zouara ou bien au moment de monter dans la barque si ça le rassure. Il n y a aucun problème, nous sommes très bien organisés.
En ce moment, je suis à Tripoli parce que j’ai justement quelques clients syriens à voir. Alors dites-lui de m’appeler pour qu’on puisse se rencontrer et discuter de tous les détails.
(Disponible sur le site de France 24)
Extraits de cette conversation :
Pour l’instant, nous n’avons pas de voyage prévu pour l’Italie. On peut en revanche emmener votre ami et sa famille en Grèce et, à partir de là, vers le pays qu’il souhaite : l’Italie, la France, la Grande-Bretagne.
La traversée de la Turquie vers la Grèce coute 1 200 dollars par personne. Et depuis la Grèce vers n’importe quel pays européen par route, 3 000 euros chacun et 1 500 euros pour l’enfant.
"Nous pouvons lui procurer des faux passeports"
S’il souhaite voyager vers n’importe quel pays européen par avion, nous pouvons lui procurer des faux passeports. Dans ce cas, c’est 4 000 euros chacun. Et pour l’enfant, on fait toujours moitié prix.
Pour nous payer, le moyen le plus simple serait qu’il dépose la somme dans un bureau de transfert d’argent à Izmir avec un code. Et il me communiquera ce code pour que je puisse récupérer l’argent une fois qu’il atteindra sa destination. Il y a plein de bureaux de ce type à Izmir, il n’à qu’à se renseigner et il trouvera facilement. [Sur Facebook, des réfugiés syriens ont dénoncé plusieurs gérants de bureaux de ce type qu’ils accusent d’être des escrocs de mèche avec les passeurs, NDLR].
"En une semaine, il sera chez vous en France"
Nous organisons des voyages tous les jours. En une semaine, il sera chez vous en France. Le voyage par mer d’Izmir jusqu’aux côtes grecques ne dure qu’une quarantaine de minutes. Il n’y a donc aucun danger. Sauf imprévu.
"Si votre ami se fait arrêter en Grèce, aucun souci"
Le point de rencontre est situé dans la banlieue d’Izmir. Je lui dirai où exactement une fois qu’il aura pris contact avec moi. L’embarcation fait 9 mètres de longueur, elle est confortable et accueille 25 personnes.
Si votre ami se fait arrêter en Grèce, aucun souci. Il sera retenu un jour dans un camp par les autorités puis libéré dès le lendemain. Et il pourra bénéficier d’une carte de résidence dans six mois.
Si par exemple votre ami veut venir jusqu’en France par la route, nous pouvons lui arranger ça. Nous avons des voitures. Il traversera en voiture la Macédoine, la Serbie, la Hongrie puis entrera en Autriche. Il n’y a pas de problème en ce qui concerne les contrôles aux frontières. Nous avons les moyens de gérer ça. Une fois qu’il arrivera en Autriche, il pourra prendre un taxi jusqu’en France s’il veut, parce qu’il sera déjà dans l’espace Schengen et il n’y aura pas de contrôles aux frontières.
Pour l’instant, nous n’avons pas de voyage prévu pour l’Italie. On peut en revanche emmener votre ami et sa famille en Grèce et, à partir de là, vers le pays qu’il souhaite : l’Italie, la France, la Grande-Bretagne.
La traversée de la Turquie vers la Grèce coute 1 200 dollars par personne. Et depuis la Grèce vers n’importe quel pays européen par route, 3 000 euros chacun et 1 500 euros pour l’enfant.
"Nous pouvons lui procurer des faux passeports"
S’il souhaite voyager vers n’importe quel pays européen par avion, nous pouvons lui procurer des faux passeports. Dans ce cas, c’est 4 000 euros chacun. Et pour l’enfant, on fait toujours moitié prix.
Pour nous payer, le moyen le plus simple serait qu’il dépose la somme dans un bureau de transfert d’argent à Izmir avec un code. Et il me communiquera ce code pour que je puisse récupérer l’argent une fois qu’il atteindra sa destination. Il y a plein de bureaux de ce type à Izmir, il n’à qu’à se renseigner et il trouvera facilement. [Sur Facebook, des réfugiés syriens ont dénoncé plusieurs gérants de bureaux de ce type qu’ils accusent d’être des escrocs de mèche avec les passeurs, NDLR].
"En une semaine, il sera chez vous en France"
Nous organisons des voyages tous les jours. En une semaine, il sera chez vous en France. Le voyage par mer d’Izmir jusqu’aux côtes grecques ne dure qu’une quarantaine de minutes. Il n’y a donc aucun danger. Sauf imprévu.
"Si votre ami se fait arrêter en Grèce, aucun souci"
Le point de rencontre est situé dans la banlieue d’Izmir. Je lui dirai où exactement une fois qu’il aura pris contact avec moi. L’embarcation fait 9 mètres de longueur, elle est confortable et accueille 25 personnes.
Si votre ami se fait arrêter en Grèce, aucun souci. Il sera retenu un jour dans un camp par les autorités puis libéré dès le lendemain. Et il pourra bénéficier d’une carte de résidence dans six mois.
Si par exemple votre ami veut venir jusqu’en France par la route, nous pouvons lui arranger ça. Nous avons des voitures. Il traversera en voiture la Macédoine, la Serbie, la Hongrie puis entrera en Autriche. Il n’y a pas de problème en ce qui concerne les contrôles aux frontières. Nous avons les moyens de gérer ça. Une fois qu’il arrivera en Autriche, il pourra prendre un taxi jusqu’en France s’il veut, parce qu’il sera déjà dans l’espace Schengen et il n’y aura pas de contrôles aux frontières.
Depuis le début de l’année 2015, plus de 1 750 migrants ont péri en Méditerranée, soit plus de 30 fois plus que durant la même période de 2014, a indiqué l'Organisation internationale des migrations (OIM). Le 21 avril dernier, un naufrage au large des côtes libyennes a fait 800 morts, la "pire hécatombe jamais vue en Méditerranée", a déploré l’OIM.
Billet rédigé avec la collaboration de Djamel Belayachi (@DjamelBelayachi), journaliste à France 24.
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